Essais

Audi RS Q3 Sportback, Matière grise

Ca phosphore dur chez Audi ! La preuve, pour soutenir les ventes du récent Q3, ils ont pensé à le transformer en Sportback en l’habillant d’une carrosserie inédite de coupé. Et pour que le ramage soit à la hauteur du plumage, ils ont même pensé à glisser sous le capot l’incroyable 5 cylindres turbo de 400 ch !

Par Jack Seller, photos Joseph Bonabaud

Non content d’afficher une belle habitabilité, presque identique au Q3 normal, cet intérieur high-tech séduit par sa finition sérieuse.

En bref
Version Sportback du Q3
Modèle « RS »
Moteur 5 cylindres 2.5 turbo de 400 ch
Performances : 0 à 100 4,5 sec – 250 km/h
Prix : 70 900 € (à partir de, hors malus de 20 000 €)

A force de voir des SUV partout, les gens commencent (et on les comprend !) à se lasser. D’où l’impérieuse nécessité de se diversifier, tout en proposant des alternatives crédibles. Ainsi, pour préserver un minimum d’aspects pratiques, cela peut passer par un joli break, ou par une berline surbaissée façon A5 ou A7 Sportback. Ou encore, par un « SUV-coupé », vous savez, ces engins improbables qui tentent de conserver les attraits des SUV (garde au sol et position de conduite surélevées, look de baroudeur…), tout en mariant une ligne de sportive au niveau des portes arrière, cela passant par la greffe d’un toit en pente douce. C’est, d’après nous, rarement de bon goût, mais dans le cas du Q3 Sportback, avouons que c’est plutôt réussi. Et en lorgnant du côté de la version RS, les formes naturellement dynamiques de cette version Sportback paraissent sublimées. On retrouve les galbes généreux au niveau des passages de roue, nécessaires pour donner du muscle à la voiture, mais tout l’accastillage est ici spécifique. Cela comprend notamment les boucliers, nettement plus agressifs avec leurs prises d’air majorées. En fait, l’avant semble être devenu une immense entrée d’air, scindée à bon escient par quelques éléments de carrosserie !

Notez l’affichage spécifique du compte-tours, en forme de crosse sur les versions RS.

Quant au bouclier arrière il revient, enfin, aux 2 grosses sorties d’échappement ovales (le premier RS Q3 lancé en 2013 n’en avait qu’une), un élément distinctif de toute Audi RS qui se respecte. Ajoutez à cela un châssis « sport » RS abaissé de 10 mm, mais aussi un becquet arrière surplombant l’étroite vitre arrière et de grosses jantes de 19 pouces (jusqu’à 21 pouces en option à 1200 €), et ce SUV a tout de suite un grand méchant look qui se démarque de ses congénères. Et c’est en le démarrant que notre Q3 se fait RS : quel son d’enfer à l’échappement. A côté, même une RS4 paraît aphone ! Car comme son prédécesseur, ce SUV a droit au fantastique 5 cylindres 2.5 turbo Audi, un bloc qui développe désormais 400 ch et 480 Nm). Pour mémoire, il n’en faisait « que » 340 avant, et il se montrait de surcroît 26 kg plus lourd que l’actuel, signe que les ingénieurs d’Audi sport ne se sont pas endormis sur leurs lauriers ! En fait, en attendant que la RS3 revienne au catalogue, le RS Q3 est le seul, avec l’égoïste TT RS, à disposer de ce joyau mécanique !

A chacun son RS

L’intérieur est, sans surprise, repris au Q3 normal, ce qui est plutôt flatteur, la présentation étant autant originale qu’agréable, sans céder à la mode du tout numérique. Et contrairement à une dernière A1, la finition reste partout de très bonne facture, jusqu’aux contre-portes. Mieux, malgré un toit abaissé, ce SUV reste aussi habitable que le Q3 normal et dispose du même volume de coffre, porté à 530 litres (1525 litres en break). Mieux, la banquette coulissante est aussi du voyage, permettant d’apporter un soupçon bienvenu de modularité. Bien sûr, en tant que dérivé RS, notre modèle bénéficie de quelques spécificités qui lui sont réservées, comme des seuils exclusifs siglés « RS Q3 » (ainsi que les tapis de sol), des sièges sport en cuir alvéolés (option à 1800 €) ou encore un cockpit virtuel repensé, doté d’un affichage repensé, avec une crosse en guise de compte-tours, ou encore un indicateur de « G » pour les accélérations ou passages en courbes. En plus de l’Audi drive select (avec « RS1 » et « RS2 »), il y a même un raccourci « RS Mode » accessible depuis la branche droite du volant sport, habillé bien sûr d’Alcantara (avec pack Design RS facturé 1100 €).

L’arrière de cette version Sportback, particulièrement musclée, revient en plus avec bonheur à la double sortie d’échappement ovale.

Du bout des doigts, chacun peut paramétrer à son goût son RS Q3. On peut ainsi ajuster le moteur, la direction, la réactivité de la boîte, la sonorité du moteur et même l’amortissement si le DDC fait partie des (nombreuses) options cochées (1200 €). Bien sûr, en plus de la boîte S-tronic à 7 rapports, la transmission intégrale quattro est livrée d’office, chose utile pour parvenir à passer sereinement toute la puissance au sol, et celle-ci s’en remet à un système Haldex de dernière génération. Audi cherchant depuis quelque temps maintenant à conserver son efficacité légendaire, mais aussi à augmenter le plaisir de conduite et l’agilité, ce nouvel Haldex précharge les embrayages pilotés pour privilégier le train arrière à la réaccélération. Et sans avoir un train avant débrayable, ce RS Q3 peut néanmoins jouer à la propulsion en envoyant jusqu’à 100% du couple aux seules roues arrière. Bon, bah, y a plus qu’à !

Sport is back !

Au risque de nous répéter, opter pour une Audi équipée du 5 cylindres 2.5 « turbo », c’est choisir l’un des meilleurs moteurs au monde. Promis, on vous dit ça vraiment en toute objectivité tant ce bloc est brillant. En fait, il est tellement enthousiasmant à l’usage, qu’il justifie à lui seul l’achat de cette voiture ! Dès le démarrage, il vous prend aux tripes en émettant une sonorité rauque et profonde, avec un timbre vraiment unique. Et lorsqu’il est chaud, ce moteur de dingue prend les tours comme un enragé, en hurlant sa rage et sa hargne jusqu’à près de 7000 tr/mn, tout en vous bottant copieusement les fesses ! Il a assurément un sale caractère, mais c’est précisément pour ça qu’on l’aime ! Sans ménagement, il catapulte l’équipage en 4,5 sec sur l’exercice du 0 à 100 km/h. Les 250 km/h sont atteints vraiment rapidement, et contre supplément (1800 €), Audi fait sauter cette bête bride pour pointer à… 280 km/h. Oui, vous avez bien lu, cet engin monté sur échasses est capable de filer à près de « Mach 3 » sur autoroute ! Mais le RS Q3 sait aussi faire forte impression sur nos routes secondaires, en envoyant « du lourd » à tous les étages, sans se fatiguer. Il reste ventousé en toutes circonstances à la route, et grâce à son freinage puissant (disques en acier ventilés et perforés de 375 mm à l’avant et 310 mm à l’arrière avec étriers RS à 6 pistons), la voiture donne l’impression de « jeter l’ancre » à chaque franche décélération. Il existe des freins en carbone céramique (à 5950 €), mais franchement, qui va aller sur circuit avec un tel engin ? Le RS Q3 est très bien comme il est.

Derrière la calandre alvéolée se niche une vraie pépite : le fameux 5 cylindres « turbo » Audi, une légende depuis 1980. Il développe ici pas moins de 400 ch !

Voilà pour les points positifs. Mais qu’en est-il du reste ? Bon, faisons tout de suite fi de la consommation, forcément élevée avec un tel engin. Elle peut rester raisonnable en roulant cool (difficile à faire !), et ne pas excéder les 11 l/100 km, mais dès que l’on commence à chatouiller ponctuellement la pédale de droite, le RS Q3 boit facilement 16 l/100 km. Après, pour pinailler, on pourra lui reprocher un amortissement mis à mal sur mauvais revêtement lorsqu’il est équipé, comme notre modèle d’essai, de grosses jantes de 21 pouces. C’est beau pour le look, moins pour le confort. En fait, le plus gros défaut du RS Q3 est d’exister sur le marché français, qui le sanctionne en malus écologique à hauteur de… 20 000 €. Une somme déjà problématique sur une R8 ou une RS6 de 150 000 €, mais qui devient carrément rédhibitoire sur un véhicule d’une catégorie bien inférieure, vendu initialement 70 000 €. Du coup, la goinfrerie fiscale de l’Etat français aura pour seul effet de se priver des ventes potentielles de RS Q3… et donc d’empocher toutes les taxes directes et indirectes qui vont avec. Bravo les gars, voilà un bon calcul !

L’avis d’Avus

Laissons le look de côté : on aime… ou pas. Ce qui est sûr, c’est que ce RS Q3 séduit par ses performances élevées bien sûr, mais aussi et surtout pour le caractère entier de sa mécanique incroyable. Mieux, Sportback ou pas, il offre une rare polyvalence, en étant vraiment adapté aux besoins d’une petite famille. S’il n’est pas responsable de la fiscalité « écologique » française, confiscatoire, on lui reprochera en revanche les options à rallonge, toutes facturées au prix fort. Car au final, ce SUV survitaminé dépasse, une fois qu’il est correctement équipé, facilement les 100 000 €. Déprimant…

Caractéristiques techniques Audi RS Q3 Sportback

  • Moteur : 5 cyl. turbo, 20 soupapes, 2480 cm3
  • Puissance (ch à tr/mn) : 400 à 5850
  • Couple (Nm à tr/mn) : 480 de 1950 à 5850
  • Transmission : sur les 4 roues (quattro type Haldex)
  • Boîte : S tronic à 7 vitesses
  • Freins : 4 disques ventilés
  • Pneumatiques : 255/35 R 21 (AV et AR)
  • L x l x h (en m) : 4,50 x 2,02 x 1,55
  • Poids à vide (kg) : 1775
  • 0 à 100 km/h (sec) : 4,5
  • Vitesse maxi (km/h) : 250
  • Rejets de CO2 (gr/km) : 232

On aime

  • Moteur fabuleux
  • Performances élevées
  • Efficacité
  • Polyvalence à l’usage
  • Présentation flatteuse

On aime moins

  • Options trop nombreuses
  • Fiscalité punitive
  • Piège à permis !

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