Essais

Audi RS4 2020, Retour aux sources

La première RS4 a su rester dans les mémoires avec son puissant et démoniaque V6 suralimenté de 380 ch. La nouvelle RS4 saura elle aussi marquer au fer rouge l’esprit des amateurs, en effectuant un salutaire retour aux sources, sauf que son V6 biturbo développe désormais… 450 ch !

Par Joseph Bonabaud, photos Thomas Riaud

Cette ultime génération de RS4 reste fidèle au concept de base en n’étant proposée qu’en break. Dommage en revanche que ce restylage ne profite guère à la mécanique, inchangée…

En bref
Quatrième Audi RS4, version restylée
Moteur : V6 2.9 biturbo de 450 ch
Performances : 0 à 100 km/h en 4,1 sec – 250 km/h
Prix : 95 500 € (à partir de, hors malus)

Il est fort probable qu’Audi n’imaginait pas, voilà plus de 25 ans, que sa singulière RS2 apparue en 1994 deviendrait, au même titre que la transmission intégrale quattro, une de ses spécialités. Mieux, un must de l’automobile, devenu culte. Et pourtant, ce n’était pas gagné ! Car le break sportif, conjuguant aspects pratiques et très hautes performances, reste toujours aussi séduisant sur le papier… mais aussi improbable de nos jours, tant ce concept marrie des contraires. En tout cas, la clientèle a répondu présent, et après l’éphémère et confidentielle RS2, Audi a eu la sagesse de pérenniser son break survolté en lui donnant une descendance.

A l’instar des autres A4, la RS4 abandonne sa molette rotative, pourtant bien pratique, au profit d’un grand écran tactile. Autre époque, autres mœurs…
Pour gagner en réactivité, la boîte Tiptronic à 8 rapports peut se piloter manuellement, via les petits palets situés derrière le volant, à portée de doigts.

Plusieurs descendances devrait-on dire, au point de former une petite famille. Car outre la lignée des RS6, située encore un cran au-dessus de la RS2 tant en taille, qu’en puissance, Audi a ensuite décliné, depuis 1999, toutes ses A4 Avant en version RS. Et le rythme des lancements ne cesse de s’accélérer ! La dernière génération d’A4 « type B9 » ne fait pas exception, puisqu’elle revêt l’habit de lumière « RS » depuis 3 ans maintenant. Forcément, l’A4 normale ayant bénéficié d’un classique restylage de mi-carrière, c’est au tour de la RS4 de suivre le mouvement. Qu’est-ce que cela change ? Revue de détail…

Mini RS6

Question look, si la phase 1 donnait déjà dans l’agressivité, alors que dire de celle-ci ? De face, elle a de quoi intimider avec sa large calandre Singleframe spécifique alvéolée, entourée par des phares LED matriciels à la signature lumineuse encore plus menaçante (Matrix LED en option). Notons la multiplication d’éléments de design en noir brillant, renforçant l’aspect inquiétant de ce break vraiment très particulier, posé au ras du sol sur de grosses roues de 19 pouces. D’ailleurs, cette sportivité exacerbée transpire sur chaque centimètre carré, sous tous les angles. Le profil étonne avec sa généreuse musculature au-dessus des ailes élargies (+30 mm), et l’arrière détonne avec ses deux énormes sorties d’échappement ovales, encastrées de part et d’autre d’un extracteur d’air fixé dans le prolongement du fond plat.

Si l’aérodynamisme a été autant peaufiné, c’est parce que ce break survolté est capable d’aligner des chronos de dingues, qui n’appartiennent généralement qu’aux sportives pures et dures. En général des modèles compacts et inconfortables limités à 2 petites places, soit tout le contraire de cette petite familiale. Soyons clair : en matière d’habitabilité, l’A4 Avant n’a rien d’un Q7, mais elle offre tout de même 4 vraies places (5 en se serrant à l’arrière !) et un coffre honorable, assez en tout cas pour partir en vacances. Et dans ce domaine, aucune sportive ne peut soutenir la comparaison. C’est dommage pour elles, car sur la route, la surdouée RS4 peut en revanche suivre leur rythme !

Il faut dire que cette Audi très spéciale ne se refuse rien, car en plus d’embarquer la transmission intégrale quattro « magique », permettant de réellement repousser les lois de la physique, elle abrite dans sa salle des machines un concentré d’énergie : un V6 2.9 biturbo autant compact que léger (couplé à une boîte tiptronic à 8 rapports), exactement le même qui anime la RS5. Sur la première mouture, il développait 450 ch, et désormais, il en revendique… 450 également. Là, pour le coup, c’est dommage qu’Audi sport n’ait pas rajouté une petite louche de chevaux à l’occasion de ce restylage, histoire de marquer le coup. Et accessoirement de tenir en respect des rivales germaniques plus ou moins directes (Mercedes C63 AMG, BMW M3…) qui ne se privent pas d’aligner des hordes d’équidés sauvages.

Bon, pour une fois, on ne portera pas plainte, les mises en orbite dispensées étant de nature à faire taire le plus blasé des amateurs de voitures sportives. Avec 600 Nm délivrés sur une plage longue comme le littoral (de 1900 à 5000 tr/mn), il y a de la souplesse et du punch à tous les étages. Pour faire court, sachez que le 0 à 100 km/h est atomisé en seulement 4,1 secondes, la vitesse maximale étant bêtement bridée de série à 250 km/h (280 km/h avec le pack dynamic RS optionnel). Imaginez la tronche du gars qui avionne sur la file de gauche d’une voie rapide au volant de sa sportive rase-bitume quand il se fait ramarrer par le break à papa « chargé ras la gueule », avec les vélos sur la galerie, les mômes à bord et le gros toutou dans le coffre. Tout simplement jouissif !

La RS4 revient au V6 biturbo, comme la B5 de première génération, sauf qu’ici il s’agit d’un 2.9 de 450 ch.

Force d’attraction

Au-delà de ces chiffres, surnaturels pour ce qui est, rappelons-le, un break familial, la RS4 impressionne surtout par la sérénité dont elle fait preuve lors des séquences de « conduite sportive » en abordant du sinueux. Le système quattro permet de la verrouiller au sol, et pour gagner en dynamisme, ce dernier délivre en temps normal 60% sur le seul train arrière. Une valeur pouvant aller jusqu’à 85% en cas de perte d’adhérence, la voiture se comportant alors un peu comme une propulsion, mais en conservant des garde-fous. Et pour optimiser encore ce caractère joueur, le différentiel « quattro sport » optionnel avec réglage RS spécifique est à recommander chaudement. Tout comme l’échappement « sport » proposé également en sus, qui permet au V6 de s’éclaircir la voix !

Et puis il faut saluer l’ergonomie générale, vraiment optimale. Si l’habitacle est un peu triste, à la limite de l’austérité, il séduit par sa finition et son agencement. Désormais, l’écran MMI touch de 10,1 pouces est le centre de commandes du nouveau système d’exploitation. Situé au centre du tableau de bord, et légèrement incliné vers le conducteur, il vient en complément du désormais classique cockpit virtuel, toujours aussi agréable à regarder. Dommage en revanche qu’en sélectionnant l’affichage « RS », spécifique avec son compte-tours en forme de crosse, la jauge à carburant ne soit plus affichée. Vu qu’elle a le gosier en pente, ça sert ! En fait, comptez 9,2 l/100 km selon la police (et 208 g/km de CO2), et le double d’après les manifestants ! Du coup, l’autonomie donnée à 550 km avec le plein est très théorique. Sans doute est-ce réalisable, en se stabilisant à 90 km/h sur un filet de gaz, clim coupée, rétros rabattus et cale en bois coincée sous l’accélérateur. Car en ce qui nous concerne, nous avons dû ravitailler d’urgence au bout de 350 km… en usage routier !

L’avis d’Avus

Pour tous ceux qui ont un ou deux enfants, et qui hésitent entre acheter une sportive et, en plus, une voiture familiale en complément pour tous les jours, voici peut-être la voiture idéale ! Car cette incroyable RS4 sait presque tout faire, en se pliant de bonne grâce à tous vos caprices, que ce soit pour rouler sagement en ville, ou pour aller faire ses courses en famille… ou faire la course en solo sur un circuit ! Dans ce dernier cas, pensez tout de même à cocher l’option « freins en carbone », la RS4 ayant aussi les défauts de ses qualités, sa capacité d’emport, sa finition luxueuse et sa dotation complète ayant un impact direct sur sa masse. Et oui, même en acceptant de dépenser près de 100 000 € dans une voiture, sans compter de nombreuses options à rajouter et un copieux malus, on ne peut pas tout avoir…

Caractéristiques techniques Audi RS4 « B9 » Phase 2

  • Moteur : 6 cyl. en V, 2894 cm3, inj.directe et biturbo
  • Puissance (ch à tr/mn) : 450 à 5700
  • Couple maxi (Nm à tr/mn) : 600 de 1900 à 5000
  • Transmission : intégrale quattro, boîte Tiptronic à 8 rapports
  • Freinage : 4 disques ventilés (carbone-céramique en option)
  • Dimensions L x l x h (m) : 4,78 x 1,86 x 1,40
  • Poids à vide (kg) : 1790
  • Pneus : 265/35 R 19
  • Vitesse maxi (km/h) : 250 (280 en option)
  • 0 à 100 km/h (sec.) : 4,1

On aime

  • V6 brillant et performant
  • Dynamisme de conduite, efficacité
  • Polyvalence générale
  • Qualité de fabrication

On aime moins

  • Sonorité trop timide
  • Place centrale arrière étriquée
  • Poids élevé
  • Tarif et malus décourageants…

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