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A8 TFSIe : L’Audi, taille patron

Les grands de ce monde aiment les grosses voitures confortables, et dans cette catégorie très sélective, l’A8 tient son rang depuis le milieu des années 90. Aujourd’hui, la 4ème génération s’offre un restylage, accompagné par l’introduction d’une version hybride rechargeable qui fera, chez nous, l’essentiel des ventes…

Par Jack Seller, photos DR

En bref

Quatrième génération d’Audi A8
Premier restylage
Version hybride rechargeable 60 TFSIe inédite
Puissance cumulée de 462 ch
Prix (à partir de) : 116 500 €

Difficile de rester en haut de l’affiche, surtout lorsque l’on a pour ambition de tutoyer les sommets. A ce niveau d’excellence, où le client est particulièrement exigeant, l’innovation reste bien souvent la clé du succès… après l’image de marque, critère prépondérant. A ce petit jeu, la Mercedes Classe S, star incontestée du segment, domine de la tête et des épaules depuis plus de 50 ans. Les miettes de ce juteux gâteau se partagent avec la Porsche Panamera qui, bien que relativement jeune, ne fait pas du tout de la figuration. Enfin, loin derrière se placent la BMW Série 7 et… l’Audi A8. Voulue par Ferdinand Piëch, pour rivaliser directement avec BMW et Mercedes, la première A8 a été lancée en 1994 en présentant d’emblée quelques spécificités techniques qui ont fait date.

Outre la transmission intégrale quattro, une innovation restée longtemps sans concurrence signée Audi, le constructeur a aussi spécialement mis au point une structure intégralement en aluminium (Audi Space Frame), naturellement plus légère et rigide que l’acier utilisé par la concurrence. Et vous savez quoi ? Ainsi nantie, l’A8 est devenue la référence de la catégorie, au moins au chapitre des qualités dynamiques. Pour la première fois, la place la plus enviable à bord d’une limousine n’était plus aux places arrière, mais à l’avant… et de préférence derrière le volant ! Mais après 588 000 unités vendues dans le monde, sur quatre générations et un restylage plus tard, ce postulat tient-il toujours ? Direction la région de Madrid, pour tester la nouvelle A8 60 TFSIe et juger sur pièce.

Panzer ouaté

Apparue en 2017, cette 4ème génération reste, comme ses aînées, un must de technologie, au point de représenter, comme à chaque fois, la vitrine du savoir-faire du constructeur. Inutile de faire la liste de l’équipement proposé : tout y est ! Suspension pneumatique adaptative, vision nocturne avec la détection de piétons, phares laser, affichage tête haute, roues arrière directrices et autres raffinements dont 40 aides à la conduite confèrent à l’A8 un niveau de sécurité et de toucher de route extraordinaire. Un dynamisme bienvenu qui contraste cependant avec l’aspect massif des lignes, la dernière A8 tenant plus du « panzer » que de la berline fuselée. Première voiture signée Marc Lichte, en charge du design Audi, cette A8 n’est pas, d’après moi, un modèle d’élégance. La faute à ses proportions tout d’abord, avec un porte-à-faux avant trop prononcé, et une certaine lourdeur dans les traits. Et puis, sans doute pour plaire à la clientèle chinoise, qui absorbe 16 000 exemplaires sur les 23 700 produits chaque année (dont une inédite version Horch ultra-luxueuse !), la voiture s’est empâtée, en se bardant de joncs chromés. Pour son premier restylage, l’ensemble ne gagne pas en légèreté, bien au contraire.

La calandre singleframe reçoit des motifs chromés en forme de « L », et profite de l’adoption de nouveaux phares (avec signatures lumineuses inédite) et des boucliers modifiés. Dans la foulée, Audi a ajouté des jantes redessinées et un « bleu firmament » au nuancier. A l’intérieur, la qualité de la finition laisse toujours aussi admiratif. Pour un peu, une A4 passerait presque pour une voiture low-cost tant la qualité des matériaux est ici poussée à un niveau d’exigence rarement vu, et plus encore sur le modèle en question,  passé dans les ateliers « d’Audi exclusive », le département chargé du sur-mesure. Les modifications restent ici limitées à l’intégration de nouveaux écrans à l’arrière, avec une tablette fixée dans l’accoudoir central pour commander les sièges. Des spots de lecture Matrix LED font aussi leur apparition. Bien sûr, avec une longueur respectable de 5m20, deux grands adultes y trouveront aisément leurs aises. Et pour ceux qui ont l’habitude de ne voyager qu’en première, jambes étendues, il existe la variante allongée « L », qui gagne encore 13 cm en empattement, au niveau des places arrière. Mais c’est sous le capot que réside ‘LA’ grande nouveauté.

Le meilleur des deux mondes

Bien sûr, pour contenter les gros rouleurs Audi propose toujours une A8 50 TDI de 286 ch, sobre et performante, ainsi qu’une fabuleuse S8, à même de satisfaire les plus sportifs avec son gros V8 de 570 ch. Le problème est, qu’en France, l’une et l’autre sont frappées d’écotaxes dissuasives, allant respectivement de 8000 € minimum à… 40 000 € ! D’où la pertinence de l’introduction de cette version 60 TFSIe. Pour la première fois, l’A8 découvre la technologie hybride rechargeable, et se trouve en conséquence exonérée de malus (et de TVS) grâce à l’apport d’un moteur électrique de 90 kW, alimenté par une batterie de 14,4 kWh logée sous le coffre (390 litres). Avec ce seul équipage, le vaisseau A8 peut couvrir 59 km (cycle WLTP) en mode 100% électrique « EV », dans la limite de 135 km/h. Ca, c’est sur le papier. Dans la vraie vie, tablez plutôt sur à peine 50 km, ce qui reste malgré tout honorable. Car ceux qui ont la chance de disposer d’une place de parking réservée avec une prise pour recharger durant la journée peuvent envisager de rouler sans consommer une goutte de carburant.

Pour tous les autres, sachez que ce moteur électrique épaule un bon vieux bloc thermique, un noble V6 3.0 TFSI de 340 ch. Ainsi nantie, c’est assez pour assurer une réelle tranquillité d’esprit sur les trajets longues distances, avec près de 600 km d’autonomie. Avec à la clé de belles accélérations, assez pour garder le sourire, grâce à une écurie conséquente de 462 ch en puissance cumulée ! Et c’est vrai que lorsque le pied droit entre en contact avec l’épaisse moquette ouaté du plancher, les 700 Nm de couple parlent et ça pousse de façon très convaincante (0 à 100 km/h en 4,2 sec), la vitesse maximale restant bridée à 250 km/h chrono. Forcément, en roulant comme un sauvageon du bitume, la consommation grimpe en flèche, mais n’excède rarement les 13 l/100 km. Il en va de même en mode « charge », où l’on force le moteur thermique à fonctionner en permanence, comme un générateur pour recharger la batterie en roulant, ce qui demande une centaine de kilomètres. Mis à part ces cas de conduite exceptionnels, cette A8 survoltée offre bien le meilleur des 2 mondes, en ne consommant pas, en moyenne, plus de 8,5 l/100 km, en la laissant tout gérer d’elle-même en mode « Auto Hybrid », et en roulant juste normalement. Vu son poids et son gabarit, voilà sans doute sa meilleure performance !

L’avis d’Avus

Passage obligé pour survivre en France, l’hybridation rechargeable est ici un modèle du genre, en combinant une relative sobriété tout en préservant le plaisir de conduite, sans nuire à ses qualités dynamiques, ni au confort, vraiment exceptionnels. Il est juste dommage que son prix de départ fixé à 116 500 €, hors option (et elles demeurent nombreuses !), soit si dissuasif, surtout face à une excellente version 50 TDI, encore plus frugale, affichée de surcroît juste sous le seuil psychologique des 100 000 €. Mais au jeu des bonus-malus, cette différence s’annule vite en faveur de cette version 60 TFSIe. Et avouez que repartir aujourd’hui en France, au volant d’un monstre de plus de 460 ch sans payer le moindre malus, voilà un doux plaisir qui milite définitivement en faveur de cette version hybride-rechargeable inédite !

On aime

Qualité de fabrication exceptionnelle
Performances élevées
Consommation moyenne maîtrisée
Dotation de série pléthorique
Possibilité de personnalisation

On aime moins

Style un peu lourd
Prix dissuasif !
Encombrement en ville
Options chères et nombreuses

 

Caractéristiques techniques : Audi A8 60 TFSIe

Moteur : 6 cylindres en V, 2995 cm3, turbo + moteur électrique
Puissance (ch à tr/mn) : 340 et 500 Nm + 142 ch et 350 Nm (462 ch en cumulé à 3500 tr/mn)
Couple (Nm à tr/mn) : 700 Nm en cumulé
Transmission : intégrale, quattro
Boîte : BVA Tiptronic à 8 rapports
Freins : 4 disques ventilés
Pneumatiques : 255/45 R 19
L x l x h (m) : 5,19 x 1,94 x 1,47
Coffre (mini/maxi, litres) : 390
Réservoir (litres) : 65
Poids à vide (kg) : à partir de 2310
Conso mixte (l/100 km) : 2,6
Rejet de CO2 (g/km) : 58
0 à 100 km/h (sec) : 4,2
Vitesse maxi (km/h) : 250

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