Essais

QS5 Sportback : La forme… et le fond !

Audi cède à la mode des SUV-coupés et décline donc, pour la première fois, son Q5 en version Sportback. Fort bien. Mais encore faut-il avoir un moteur en rapport avec cette ligne plus dynamique. Avec le surprenant dérivé SQ5, cela semble être le cas !

Par Thomas Riaud, photos Joseph Bonabaud

En bref
Déclinaison inédite en Sportback du Q5
Version SQ5 avec un V6 3.0 biturbo de 341 ch
Performances : 0 à 100 km/h en 5,1 sec – 250 km/h
Prix : à partir de 82 300 € (hors malus 2021 de 26 247 €)

En commercialisant l’improbable X6, BMW ne pensait sans doute pas, à l’époque, lancer une véritable mode qui serait ensuite copiée par Mercedes, Audi, Tesla et même… Renault ! Pourquoi « improbable » ? Et bien parce que l’on peut logiquement supposer que ceux qui achètent un SUV ont fait le choix de privilégier le volume de chargement et les aspects pratiques, mais aussi certaines capacités de franchissement et un confort moelleux à tous les autres critères, sinon ils seraient allés voir du côté des berlines, des cabriolets ou des coupés sportifs. Mais que penser alors de ce concept de SUV-coupé ? Sur le papier, on nous vend ça comme la formule idéale. Mais dans les faits, ceci semble parfaitement ridicule, car on va alors cumuler les inconvénients d’un SUV qui est par nature lourd, encombrant et haut perché, ce qui dessert logiquement les qualités dynamiques – à ceux propres aux coupés, qui sont par nature plus compacts, étriqués et plus sportifs. Un grand écart impossible que tente pourtant de faire Audi à travers cette inédite déclinaison Sportback qui habille le Q5. Après le dernier Q3, qui s’est converti avec un certain succès à cette formule, c’est donc au Q5 de faire pareil. Mais pas avec le même bonheur. Car si le Q3 Sportback a été pour les circonstances totalement redessiné, au point d’adopter 80% de pièces de tôlerie différentes, Audi y est allé avec beaucoup plus de parcimonie pour son Q5 Sportback. Et donc à l’économie.

Le problème est que cela se voit. Non pas que le Q5 Sportback soit moche, loin de là, mais son dessin semble bien moins heureux et harmonieux que celui de son petit frère. Il faut dire que seule la partie arrière a ici été repensée. Hayon plus incliné, épaulement marqué et feux à OLED à la signature lumineuse inédite (3 différentes sont proposées !) transfigurent ce Q5 si on le regarde de profil ou de trois-quart arrière. Une métamorphose qui plaira… ou pas, et qui sera en tout cas l’élément déclencheur dans l’acte d’achat, au point d’accepter de payer 2700 € de plus qu’un Q5 « normal ». Bien sûr, en tant que SQ5, notre SUV n’a rien de « normal », surtout dans cette sublime livrée « vert tactique » très particulière. Grosses jantes Audi Sport de 20 pouces (21’’ en option), pack esthétique noir, calandre à nid d’abeille et boucliers redessinés lui confèrent une gueule à part. A l’avant, on aperçoit des ouïes latérales inédites, utiles pour faire respirer davantage le moteur, tandis que l’arrière exhibe fièrement, à nouveau, 4 grosses sorties d’échappement chromées. Des sorties… purement factices, les vraies étant inclinées vers le sol, et invisibles à l’œil nu si on ne se penche pas sous la voiture. L’illusion est parfaite : le tout est d’y croire !

La grande illusion

Et lorsque l’on démarre la bête, on y croit ! Rarement un diesel a aussi bien sonné à l’oreille. Car oui, pour ceux qui auraient raté un épisode, après un détour par l’essence, Audi est revenu au diesel pour abaisser sensiblement les rejets de CO2 (215 g/km quand même), et donner une chance au SQ5 en Europe. Mais pour ne pas dégoûter les puristes, le constructeur a recours à un autre subterfuge mis au point par les hommes d’Audi Sport pour nous faire prendre des vessies pour des lanternes… et un mazout pour un gros V8 essence ! La raison tient principalement dans la présence de clapets actifs jouant sur la sonorité, et le résultat est bluffant ! Avant de m’élancer, je prends le temps d’apprécier la présentation intérieure, toujours aussi flatteuse. Et j’apprécie particulièrement le fait qu’Audi ait conservé des boutons physiques en guise de raccourcis, ce qui reste bien plus pratique et intuitif à l’usage que les dernières planches de bord 100% tactiles que l’on peut voir apparaître ici et là. Si le GPS n’est pas toujours simple à lancer, on est revanche conquis par le graphisme qui reprend les vues satellite de Google Earth. Et pour respecter le cahier des charges propre aux Audi siglés « S », on retrouve de nombreux petits éléments qui font la différence, même si tous restent discrets, à l’image du gaufrage estampillé dans les appuie-têtes des sièges sport habillés de cuir, ou des seuils de portes en alu, signés également.

Autre motif de satisfaction, cette version « coupé » a su, contre toute attente, particulièrement bien préserver les aspects pratiques. Le coffre n’est ainsi amputé que de 40 litres, chutant ainsi à 510 litres en tout, ce qui reste très convenable (un Mercedes GLC Coupé doit se contenter de 500 litres, mais le X6 fait mieux, avec 580 litres). Quant aux places arrière, elles ne souffrent aucunement de la chute du pavillon, comme l’atteste la garde au toit, très correcte. Quant à l’espace aux jambes, la banquette étant astucieusement coulissante, il n’y a aucun problème non plus de ce côté-là. En revanche, mieux vaut considérer le SQ5 comme un grand 4 places, l’assise centrale étant raide, étroite et inconfortable, pénalisée qui plus est par la présence du tunnel de servitude. Ben oui, ce n’est pas une électrique et ce SUV est un quattro. Vu la puissance à passer au sol, proche des 350 ch (avec 700 Nm de couple à digérer), c’est souhaitable ! Et si les pourtant très appréciables roues arrière directrices ne sont malheureusement pas disponibles, Audi propose quelques autres options très appréciables, comme la transmission quattro sport (1660 €) qui aide le train arrière à mieux enrouler l’obstacle. Quant à la suspension pneumatique, facturée en sus 1180 €, elle est également à sélectionner tant pour gagner en confort qu’en efficacité, puisqu’elle aide à virer à plat dans les virages, même en étant chargé. Et accessoirement, en mode « off-road », elle permet de gagner quelques précieux centimètres en garde au sol. Il est juste regrettable qu’à ce niveau de prix, supérieur à 80 000 €, Audi n’ait pas pensé à inclure d’office ces équipements incontournables.

Que reste-t-il aux essence ?

Pour tester convenablement ce SQ5, je pars rendre visite à Gilles, un ami qui habite au fin fond de l’Eure-et-Loir, une région bucolique à souhait où l’on trouve des petites routes bien grasses et pas vraiment bien carrossées. Bref, un terrain de jeu idéal pour essayer un SUV, et je prends même le risque d’en confier le volant à Gilles. Je sais par avance que son jugement sera impitoyable, car ce metteur au point « châssis » qui travaille pour une grande marque automobile tricolore, n’aime pas d’une manière générale les autos allemandes, et encore moins les SUV, surtout s’il s’agit de diesels. J’ai donc trouvé un parfait « client » pour réaliser cet essai. La moue boudeuse, Gilles commence à parcourir les premiers mètres, en admettant que non seulement la finition est superbe, mais que le graphisme des compteurs numériques est incroyable de rapidité et de précision. Et à la première ligne droite dégagée, Gilles commence à esquisser un sourire, « ça marche fort ». Ce moteur est plein dès les plus bas-régimes et j’adore sa sonorité. Mais c’est quoi au fait ? Un V6 ou un V8 essence ? ». Quand je lui réponds qu’il s’agit d’un… diesel, comme tous les tracteurs qui sillonnent la Beauce, Gilles tombe du haut de l’armoire ! Il faut dire qu’il ne s’agit pas d’un vulgaire mazout. Le SQ5 renferme un V6 3.0 de 341 ch, avec un réseau de bord 48V alimentant un compresseur électrique qui s’enclenche dès le démarrage, un turbo prenant ensuite le relais. Pour faire simple, quand on met « gaz », ça pousse en continu en permanence (0 à 100 km/h en 5,1 sec), sans temps mort. Et si Gilles n’apprécie pas le feeling quelque peu artificiel de la direction électrique, trop floue à son goût autour du point milieu, il salue en revanche l’excellent comportement de la voiture en virage. « C’est vrai que malgré son poids et sa garde au sol élevée, cette enclume tient très bien la route et sait même se montrer dynamique ! ». Si c’est l’ami Gilles qui le dit, on valide !

L’avis d’Avus

On ajoutera que, non seulement le diesel prend sa revanche sur l’essence et fait ici une démonstration éclatante des progrès accomplis ces dernières années par Audi en la matière, mais il met aussi tout le monde d’accord lorsqu’il s’agit de couvrir de longues distances. Car malgré sa puissance très « suffisante », cet onctueux et mélodieux V6 sait se montrer particulièrement frugal, en se limitant à 8-9 litres en moyenne aux 100,  ce qui reste remarquable. Une belle sobriété qui permet de couvrir, sans sourciller, des étapes de plus de 650 km avec un plein, puis de « recharger » en à peine 5 minutes. Dommage que ce bijou technologique soit durement sanctionné par des technocrates pisse-froids qui n’ont autant de compétence en automobile qu’un politique en honnêteté.

On aime

Agrément moteur-boite
Qualité de construction
Compromis confort-tenue de route
Rapport performances – consommation

On aime moins

Prix et malus décourageants
Trop d’options chères et « obligatoires »
Place centrale arrière étriquée
Style moins convaincant qu’un Q3 Sportback

Caractéristiques techniques : QS5 Sportback

Moteur : 6 cyl. turbo diesel common rail, 1984 cm3 + compresseur électrique
Cylindrée : 2967 cm3
Puissance (ch à tr/mn) : 341 ch à 3800
Couple (Nm à tr/mn) : 700 à 2500
Transmission : aux 4 roues (quattro)
Boîte : Tiptronic à 8 vitesses
Freins : 4 disques ventilés
Pneumatiques (AV/AR) : 255/45 R 20
L x l x h (m) : 4,69 x 1,89 x 1,66
Réservoir (litres) : 70
Poids à vide (kg) : 2090
Coffre (litres) : 510 à 1550
0 à 100 km/h (sec) : 5,1
Vitesse maxi (km/h) : 250
Rejets de CO2 (g/km) : 215

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