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Audi S6 Berline TDI

« Fiché S »

Un « fiché S » est généralement défavorablement connu des autorités, notamment à cause de son caractère belliqueux et imprévisible qui peut porter atteinte à la sécurité des biens et des personnes. Une définition qui sied bien à cette A6 « fichée S », dotée d’une inquiétante double-personnalité !

Par Jack Seller, photos Thomas Riaud

En bref
Nouvelle Audi S6
Disponible en berline et en break
Première S6 diesel
Moteur V6 3.0 TDI 349 ch, 700 Nm
Prix (à partir de) : 84 280 €

s6 en marche
Assez discrète sur la forme, cette S6 peine à se différencier d’une A6 haut de gamme dotée de la finition S line. En revanche, sur la route, c’est une autre histoire !

Sur la petite route qui serpente au fond des sublimes Gorges du Tarn, à l’ombre d’une falaise abrupte, le bruit du moteur résonne contre la roche. Ses râles et borborygmes évoquent, à coup sûr, celui d’un bon gros V8 américain. Logique, nous sommes dans la nouvelle S6, version sportive de la berline fétiche d’Audi, et la génération précédente avait déjà droit, après tout, à un suave V8 TFSI de 450 ch. Sauf qu’entre-temps, malus écologique, chasse au CO2 et fiscalité autant stupide que punitive sont passés par là, signe que nous avons hélas changé d’époque ! Faut-il le regretter ?

« A la vue de cette S4 TDI, j’en vois déjà certains se boucher le nez et crier au scandale »

Dans un sens, oui, l’époque en question, abreuvée au « fake news », et aux dictats des réseaux sociaux étant devenue folle et en déclin total à bien des égards. Vous en doutez ? Pourtant, certains « indices » qui jalonnent notre quotidien ne trompent pas. Par exemple, on peut s’étonner qu’un événement de la portée de l’Eurovision soit organisé en… Israël, et que le meilleur ambassadeur sélectionné pour représenter la France soit un… trans-maghrébin totalement inconnu. Là, avouez qu’il y a du niveau !

S6
Après le SQ5, abreuvé au gasoil, Audi poursuit sa logique de « dieselisation à tendance sportive » des gros modèles. Place désormais à cette inédite S6 TDI, déclinée aussi en break…

Et que penser que certains (les fans de cet « artiste » en question sans doute !), qui se voient déjà en haut de l’affiche en briguant la Mairie de Paris, envisagent de transformer le périphérique en piste cyclable géante, tandis que d’autres khmers verts, avancent même l’idée d’interdire la publicité pour les automobiles (NDLR : authentique !), comme s’il s’agissait de drogues ou d’armes. Avouez qu’il y a moins de 10 ans encore, ces faits abracadabrantesques, symptomatiques de l’idiocratie ambiante, tenaient tous plus du poisson d’Avril que de la réalité. Comme le fait tout autant improbable qu’Audi choisisse, par exemple, de remplacer son extraordinaire V8 essence par un plus modeste et roturier… V6 diesel ! Mais, stop, pas de conclusions hâtives. J’en vois déjà certains se boucher le nez et crier au scandale. Car le V6 3.0 TDI en question n’est pas n’importe quel moteur. Il est le fruit de plus de 2 décennies d’efforts et d’expérience et ce, pour rester toujours au top !

S6 Berline
Pour des raisons économiques que nous comprenons, Audi, très pragmatique, commercialise chez nous une S6 TDI. Les gros rouleurs y trouveront leur compte, car l’autonomie y gagne et le malus chute à 3 756 € grâce à des émissions de CO2 limitées à 171 g/km !

Apparu en 2004, il forçait déjà le respect du haut de ses 225 ch et 450 Nm. Aujourd’hui, sur les récents modèles « 40 TDI », il affiche crânement 286 ch (et 620 Nm), soit une augmentation de près de 37% en puissance. Il est vrai que l’épopée d’Audi au plus haut niveau en Endurance, avec cette même base de moteur, a permis au constructeur de poursuivre son développement, en engageant un dérivé de 3.7 litres de 2011 à 2013, et même un 4.0 litres en 2014, tous victorieux au Mans. Des victoires qui sont couronnées d’un réel succès commercial, puisque rien que sur l’année 2018, qui fut pourtant ombrageuse pour Audi, ce moteur présent sur 8 modèles s’est écoulé à plus de 2100 exemplaires, au point de représenter 6% des ventes ! Avec cette nouvelle A6 aux accents sportifs, disponible pour la première fois en version « S », Audi franchi une nouvelle étape et prouve au passage que, non, le diesel n’est pas mort. J’aurais même tendance à dire, en restant purement factuel, qu’il a encore un bel avenir sur les grandes routières du calibre de cette A6.

Gros calibre

Du haut de ses 4m93 de long, la nouvelle A6 apparue l’année dernière, encore plus sculpturale avec ses ailes rebondies, se classe en effet sans complexe parmi les grandes routières premium, de la veine de la Mercedes Classe E ou de la BMW Série 5, ses éternelles rivales. Mais en étrennant ce fantastique moteur boosté à 349 ch (comme la dernière A7 Sportback, voir notre essai dans Avus n°52), délivrant pas moins de 700 Nm de couple, elle change de dimension et prend une longueur d’avance en boxant dans la catégorie « super-diesel », ne serait-ce que grâce à son autonomie record annoncée à 1400 km avec un seul plein (conso mixte de 5,2 l/100 km).

Face arrière

Car au-delà même de cet incroyable moteur, ce qui est déjà beaucoup, vu ses nombreuses particularités (système d’injection directe avec buses à 8 trous, turbo poussé à 2,4 bar, pistons en aluminium…), on retrouve sur cette S6 un réseau de bord de 48V permettant d’alimenter, notamment, un compresseur électrique. Ce dernier, qui s’actionne dès 1000 tr/mn en à peine 250 millisecondes (en tournant à 70 000 tr/mn !), supprime toute latence au démarrage, permettant à cette A6 de claquer des temps canon, dignes d’une bonne GT. Car avec 5 secondes pour passer de 0 à 100 km/h, et 250 km/h chrono en vitesse de pointe (autolimitée), on évolue bien dans la catégorie des sportives, et non dans celle des taxis

Pour ne rien gâcher, cette A6 est associée, en série ou en option, avec le meilleur des technologies Audi. C’est notamment le cas de la transmission intégrale quattro de type Torsen ou de la boîte Tiptronic à 8 rapports, douce et réactive, mais aussi de la suspension pneumatique permettant de rouler sur « coussin d’huile », mais aussi des roues arrière directrices ou encore du différentiel « sport », autorisant une conduite hyper-dynamique. Notre modèle d’essai, déjà très bien équipé (roues directrices, suspension pilotée), n’avait pas tous ces raffinements, mais il nous a déjà permis de rouler très, très fort sur les sublimes routes des environs. Voies rectilignes zébrant les causses de l’Aubrac, routes tortueuses des gorges et défilés, départementales sinueuses des Cévennes et autres réjouissances nous ont permis de jauger à sa juste valeur cette fabuleuse machine à bouffer du kilomètre.

Phare arrière du S6 Berline

Dévoreuse d’asphalte

Approcher cette nouvelle S6 n’a franchement rien d’intimidant, tant elle reste pour le moins discrète sur la forme. Certes, il y a bien ces roues de 20 pouces (21’’ en option), mais surtout ce kit carrosserie évocateur, composé de jupes profilées, de boucliers évasés et la présence bien visible des incontournables coques de rétroviseurs en aluminium brossé. Et pour répliquer à la proue, agrémentée d’une calandre singleframe spécifique, l’arrière répond en exhibant 4 sorties d’échappement. Des échappements dotés de clapets actifs, mis au point par des ingénieurs acousticiens pour restituer un son vraiment flatteur, signe que rien n’a été laissé au hasard dans cette Audi. D’ailleurs, le non-initié va écarquiller les yeux en s’installant à bord de cette ultime génération, en découvrant un cockpit high-tech bardé de divers écrans tactiles de contrôle, les classiques boutons physiques appartenant au passé. Sauf sur le volant multifonctions, à la prise en main idéale, et cela tombe bien dans la mesure où, avec un tel engin, les virages arrivent vite. Très vite même, ce qui permet de vérifier dans le vif du sujet deux ou trois petites choses…

interieur s6
L’intérieur fait montre d’un très haut niveau technologique, et la finition est juste irréprochable. Dommage en revanche que la sportivité ne soit pas plus poussée…

Primo, malgré sa taille et sa masse respectable approchant les 2 tonnes, cette S6 paraît plus compacte et légère qu’elle ne l’est, en virant quasiment à plat. Elle semble même repousser les lois de la physique en virevoltant avec allégresse de virage en virage. Bien que ventousée au sol grâce au travail efficace de la transmission intégrale, cette imposante berline peut, dans certaines situations extrêmes, envoyer 70% du couple vers les roues avant ou, a contrario, jusqu’à 85% vers les roues arrière. Traduction, tout en étant très sûre, cette S6 reste malgré tout agile et dynamique à vive allure dans le sinueux.

Deuxio, même en arsouillant sur une petite route comme probablement personne n’osera jamais le faire, les freins acier de cette grosse berline ne prennent pas feu. Ils demeurent toujours à la hauteur, rendant superflue l’option « carbone-céramique » qui coûte un bras.

Enfin, tertio, le tout est procuré dans un niveau de confort absolu, à tel point que l’on a presque l’agréable sensation d’évoluer dans une limousine A8. Notre Audi pullman sait pourtant garder les pieds sur terre, sa consommation moyenne approchant, « dans la vraie vie » en conduite (très) rapide, les 10 l/100 km. Avec un moteur essence de puissance comparable, on aurait consommé près de 16 l/100 km ! Une vraie puissance économique cette S6 !

boite auto

L’avis d’Avus

Mais au fait, mérite-t-elle vraiment le label « S » cette A6 ? La question est plus philosophique que technique, car objectivement, cette Audi sûre et efficace est une formidable machine à aligner du kilomètre à très haute vitesse, le tout dans un niveau de confort exceptionnel. Au-delà de ces évidences, l’appellation « S6 » nous apparaît ici quelque peu usurpée, car outre une sportivité en retrait par rapport au modèle sortant, elle peine à se distinguer d’une variante 40 TDI. D’ailleurs, les asiatiques, américains (ou suisses !), qui ont la chance de ne pas être fiscalement punis comme nous, auront droit à cette même S6… mais dotée cette fois du volcanique V6 2.9 biturbo essence de 450 ch déjà en service sur les RS4-RS5 ! En fait, le seul réel avantage de notre S6 TDI est d’abord la diminution sensible de la consommation (et donc du malus), autorisant un très large rayon d’action sans ravitailler…

Moteur

Fiche Technique

On aimeOn aime moins
Agrément moteur-boîteFausse sportive
Technologie embarquée de haut niveauTarif élevé
Confort-finition au topOptions chères et nombreuses
Rapport consommation-performances
Autonomie
  • Moteur : 6 cylindres en V turbo diesel, 2967 cm3
  • Puissance maxi (ch à tr/mn) : 349 à 3850
  • Couple maxi (Nm à tr/mn) : 700 à 2500
  • Transmission : Integrale, boîte Tiptronic à 8 rapports
  • Freins : Disques ventilés, étriers à 4 pistons (AV et AR)
  • Dimensions L x l x h (m) : 4,92/1,89/1,47
  • Poids (kg) : 1850 environ
  • Volume du coffre (litres) : 565 – 1680
  • Pneus AV/AR : 255/40 R 20
  • Vitesse maxi (km/h) : 250
  • 0 à 100 km/h (sec) : 5,1
  • Émissions CO2 (g/km) : 171

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