Audi SQ8 : Gros bras
Arrivé à mi-carrière, le frère technique des Porsche Cayenne, Lamborghini Urus et Bentley Bentayga s’offre un restylage. Une remise à niveau mise en valeur à travers cette nouvelle version de pointe SQ8, parfaite pour jouer aux « gros bras »…
Texte et photos Thomas Riaud
En bref
Modèle de SUV-coupé lancé en 2018
Restylage de mi-carrière
Version SQ8 avec V8 4.0 biturbo de 507 ch
Prix : 135 000 € (à partir de), hors malus de 60 000 €
C’est un fait, les SUV ont la cote et, plus étonnant encore, ces singuliers dérivés « coupés », qui gagnent en esthétique ce qu’ils sacrifient en aspects pratiques. En France, le nivellement par le bas en matière d’automobile (mais pas que !) fonctionne à plein, si bien que c’est le Renault Arkana qui séduit massivement les amateurs du genre. Chez Audi, l’équivalent en termes de gabarit serait le compact Q3 Sportback, mais contrairement à nos pauvres constructeurs tricolores, prisonniers d’un système franco-français punitif, la marque aux Anneaux, libérée de ces contraintes, sait au contraire voir haut. Beaucoup plus haut ! Ainsi, un cran au-dessus du Q5 Sportback intermédiaire prend place, depuis 2018, le beau Q8. Attention, on parle ici du modèle thermique, qui n’a rien à voir (à part le nom !), avec son alter-ego 100% électrique baptisé Q8 e-tron. Dommage qu’Audi n’ait pas profité de ce restylage pour le renommer « Q9 » par exemple, histoire de bien les différencier.
› C’est par petites touches qu’Audi fait évoluer son Q8. Dommage que la marque ne profite pas de ce restylage pour le rebaptiser « Q9 » afin de bien le différencier dur Q8 e-tron 100% électrique.
En tant que véritable ambassadeur de la marque sur le marché des SUV hauts de gamme, l’imposant Q8 (4m99 de long) bénéficie d’une carrosserie vraiment spécifique et ne se contente pas d’adopter, comme certains de ses concurrents, un simple toit « fast-back ». On aime – ou pas – mais le Q8 n’a rien d’un Q7 grossièrement modifié en coupé. Pour sa remise à jour, les designers se sont évertués à effectuer des modifications pour le moins prudentes. Les clients du Q8 « phase 1 » ne seront pas dépaysés, et l’introduction de cette mouture revue et corrigée ne va pas donner un « coup de vieux » à leur monture. En effet, le style évolue à la marge, en se contentant d’adopter une nouvelle signature lumineuse (projecteurs Matrix LED), l’arrière donnant carrément le choix entre 4 affichages différenciés, à paramétrer selon ses envies. Une friandise technologique qui ne sert à pas grand-chose, si ce n’est à flatter l’ego des propriétaires.
Jeu des 7 erreurs
Une fois n’est pas coutume mais c’est par le haut qu’Audi présente sur Q8 restylé, à travers la déclinaison SQ8, promise à rester confidentielle chez nous. Celle-ci se caractérise par une calandre single frame « virilisée » dotée de motifs octogonaux, mais aussi par la présence de grandes prises d’air verticales intégrées dans le bouclier, tandis que 4 sorties d’échappement viennent agrémenter l’arrière. Les plus observateurs remarqueront la présence de jupes latérales modifiées, mais aussi l’adoption de jantes de 21 pouces au dessin inédit, livrées de série. Les plus fortunés pourront opter, comme sur notre modèle d’essai, pour des jantes optionnelles de 23 pouces qui ajoutent encore à la démesure de l’engin. Autant de « signes extérieurs de vitesse » justifiés dans la mesure où ce gros bébé de plus de 2,2 tonnes donne dans le sérieux sous le capot. Depuis son introduction voilà 6 ans, il y a eu un gros nettoyage dans la salle des machines, Audi ayant supprimé les classiques blocs essence et diesel. Enfin, pas tous, car ce SQ8 dispose carrément d’un gros V8 4.0 biturbo (TFSI) chipé à sa grande sœur la RS6, mais dégonflé de 630 à 507 ch pour respecter une certaine hiérarchie. En clair, nous voilà donc en présence d’un chef d’œuvre mécanique, mais hélas condamné à court terme pour sauver la banquise et les ours polaires. Vu le prix de l’engin – et sa relative confidentialité à travers le monde – je ne suis pas sûr que l’arrêt de ce genre de moteur va changer quoi que ce soit !
› Outre les optiques, qui adoptent une nouvelle signature lumineuse, la calandre reçoit de nouveaux motifs, tandis que le bouclier gagne en agressivité.
Si les évolutions se font discrètes à l’extérieur, elles demeurent encore plus tenues à l’intérieur, au point que l’on a le sentiment de participer au « jeu des 7 erreurs ». C’est donc par petites touches que l’habitacle évolue, en recevant un système d’infodivertissement remis à jour avec la possibilité de télécharger de nouvelles applications comme Spotify. On notera également une instrumentation de bord légèrement revue et corrigée. Pas de quoi dépayser les habitués (dont nous commençons à faire partie !), et il est clair que ce SUV demeure toujours aussi agréable à prendre en main. Et à vivre, son empattement géant de 3 m lui conférant une excellente habitabilité, tant devant qu’aux places arrière (sans oublier le coffre de 605 dm3). Mais même si chacun trouvera aisément ses aises à bord, la place la plus enviable se trouve bien derrière le volant. L’expression « mise à feu » prend tout son sens au démarrage, le V8 étant du genre bavard, laissant échapper de divines vocalises à l’échappement. Y a pas à dire, on n’a pas fait mieux qu’un bon gros V8 pour vous mettre la banane ! Généreux en décibels, ce moteur l’est tout autant en bonne volonté, en dispensant un couple très généreux dès les plus bas-régimes. Avec 770 Nm de couple, ce SUV pour le moins énervé ne manque de rien, les mises en orbite étant du genre violentes, avec seulement 4,1 sec pour passer de 0 à 100 km/h, la vitesse maxi restant bêtement limitée électriquement à 250 km/h.
› L’intérieur demeure toujours « un must » tant en technologies embarquées qu’en matière de finition.
Puissance maîtrisée
Faut-il le préciser ? Tout cet afflux de puissance est remarquablement bien géré, la boite automatique séquentielle à 8 rapports ayant tout d’une « boite à rythme » pour passer à la volée chaque vitesse, tandis que la transmission intégrale quattro répartit parfaitement le couple sur chacune des roues. Ajoutez à toute cette armada des roues arrière directrices pour gagner en agilité ainsi qu’une suspension adaptative à stabilisation active autant efficace que confortable (à hauteur variable), et vous avez là tous les ingrédients pour faire de ce SQ8 une incroyable machine à voyager vite. Et loin. Car contrairement à son homologue électrique, ravitailler se fait en moins de 10 minutes pour remplir le grand réservoir de 85 litres. Forcément, vu l’écurie disponible, il est quasi-impossible de descendre sous les 10 l/100 km, mais brûler du carburant reste (presque !) ici un vrai plaisir tant l’agrément de conduite dispensé est élevé.
› Avec plus de 500 ch sous le capot, le SQ8 distille un agrément de conduite rare, et ses performances dignes d’une bonne GT.
Mais c’est aussi de nuit que s’apprécie ce Q8 aux mœurs sportives. Si, à l’arrêt, les changements esthétiques sont paradoxalement plus perceptibles grâce aux signatures des nouveaux feux, on a vraiment été séduit par l’efficacité des projecteurs. Outre un faisceau très puissant, permettant de voir clair très loin, ces phares « intelligents » savent moduler l’éclairage dès qu’ils perçoivent un autre usager afin de ne pas l’éblouir. En clair, vous pouvez rester plein phare sans gêner personne ! C’est diablement efficace, et cela apporte un vrai plus tant en terme de confort que de sécurité. Evidemment, ce super SUV dopé aux anabolisants s’attire les foudres du malus maximum en écopant de 60 000 € de pénalité ! Sachez qu’un plus fréquentable Q8 hybride rechargeable TFSIe de 462 ch, exempté de cette punition fiscale abusive, va bientôt venir en renfort mais aussi, pour les plus exigeants (et fortunés !), une plus méchante variante RS Q8 dépassant les 600 ch.
› Malgré sa taille et son poids, ce SQ8 sait se montrer agile et accrocheur dans les virages.
L’avis d’Avus
Certes, on peut reprocher le poids élevé et le gabarit XXL de ce SUV, des éléments préjudiciables en conduite sportive sur une petite route, ou tout simplement lorsque vient le moment de se garer en centre-ville. Mais ce serait lui faire un mauvais procès, car ce Q8 survitaminé présente en contrepartie un habitacle vaste et très bien équipé, mais aussi un moteur fabuleux, propre à satisfaire les amateurs de sensations fortes. Mais l’écueil le plus regrettable reste l’addition finale, qui dépasse chez nous les… 200 000 € avec le malus ! Du coup, pour ceux qui ont les moyens, autant attendre l’incroyable déclinaison RS Q8, qui en offrira encore davantage… mais sans faire augmenter le malus.
« S’il est quasi-impossible de descendre sous les 10 l/100 km, brûler du carburant reste ici un vrai plaisir tant l’agrément de conduite dispensé est élevé»
On aime:
• Ligne typée bien spécifique
• Moteur incroyable
• Habitacle vaste et valorisant
• Performances de haut vol
On aime moins:
• Poids élevé
• Gabarit en ville
• Malus assassin !
Fiche technique Audi SQ8 2024:
Moteur : 8 cylindres en V, 3996 cm3, biturbo, inj. directe, réseau de bord 48V
Puissance (ch à tr/mn) : 507 à 5500
Couple (Nm à tr/mn) : 770 de 2300 à 4500
Transmission : aux 4 roues (quattro)
Boîte : automatique à 8 rapports
Freins : 4 disques ventilés percés
Pneumatiques : 285/45 R 21
L x l x h (m) : 5,00 x 2,00 x 1,71
Réservoir (litres) : 85
Poids à vide (kg) : 2315
0 à 100 km/h (sec) : 4,1
Vitesse maxi (km/h) : 250
Rejets de CO2 gr/km : 276