Essais

Audi Q5 40 TDI, Roule toujours !

On a tendance à l’oublier en ces temps où seuls comptent les véhicules « à pile », mais pour rouler vite, loin et longtemps, on n’a pas fait mieux que le… diesel ! Une évidence que nous avons confrontée à la réalité d’un super-test, en parcourant près de 1500 km à bord du Q5 2.0 TDI…

Par Joseph Bonabaud, photos Jack Seller

En bref

Carrosserie « normale » du Q5, version 40 TDI
Moteur 2.0 TDI 204 ch
Prix (à partir de) : 62.400€

Petit à petit, les SUV remplacent nos traditionnelles berlines, et ce, sur tous les segments ! Un engouement qui ne semble pas s’estomper, mais qui impose à l’usage quelques inévitables surcoûts. Logique, un SUV étant par nature plus lourd et plus haut qu’une berline, ce qui se solde, à motorisation identique, par une inévitable surconsommation. Et cela devient vraiment évident avec la bascule qui s’opère en faveur de l’essence, le gasoil étant depuis le dieselgate de 2015 dans le collimateur de Bruxelles et des lobbys écolos. Et inévitablement voué aux gémonies dans la catégorie des compactes et des citadines. Mais si ce basculement est logique, et même salutaire sur les petites voitures, il n’a aucun sens sur une grosse familiale, et notamment sur un gros SUV.

Et carburer au sans-plomb avec un tel engin pose vite problème ! Ainsi, même en roulant sagement aux allures légales (bon courage !), il est difficile avec un bloc essence de descendre en moyenne sous les 7,5 l/100 km. Et la consommation grimpe inévitablement en flèche, à près de 9 – 10 l/100 km, dès que l’on commence à conduire de façon plus dynamique. A plus de 2 € le litre en ce moment, voilà qui devient décourageant de rouler. Et même rédhibitoire. Sauf, peut-être, en restant fidèle au… diesel ! C’est du moins ce que l’on a voulu vérifier en roulant une semaine à bord d’un Q5 2.0 TDI. Une expérience riche en enseignement qui remet les pendules à l’heure…

Douceur de vivre

Notre monture sera donc un « classique » Q5 40 TDI, comprenez par-là une version « break » (et non Sportback) dotée d’un 4 cylindres 2.0 turbo diesel de 204 ch. Dans cette ultime mouture restylée, toujours aussi sobre et élégante, il bénéficie des dernières technologies à la pointe, dont une micro-hybridation 48V avec un alterno-démarreur. Malgré cette parade, notre Q5 se fait allumer par un malus devenu complètement fou, car il a le malheur d’embarquer la transmission intégrale quattro. En clair, selon nos pouvoirs publics, votre sécurité semble plus pertinente à travers le déploiement de radars en ligne droite, plutôt qu’avec l’usage du quattro dans les virages ou sous la pluie. On vous laisse seuls juges de ce raisonnement « éclairé » ! Pour limiter la casse, il faudra accepter – comme trop souvent en France – un nivellement par le bas, en optant pour la version 2.0 TDI d’entrée de gamme, développant 163 ch… et bien sûr accepter de se priver de transmission quattro. Mais à quoi bon opter pour un SUV, s’il ne dispose par de cet équipement qui offre en plus une vraie capacité d’évasion ? Heureusement, pour aider à faire passer la pilule, notre « gros » Q5 offre une dotation de série complète dans cette livrée S-line à l’apparence sportive (facturée 60 000 €).

Outre l’instrumentation numérique toujours aussi performante (clairement, on n’est pas chez PSA ou Renault !), complétée par une dalle tactile de 10,1 pouces, on compte aussi des sièges sport en cuir ou un hayon électrique. Et ce Q5 sait même se faire de mœurs familiales en disposant d’une banquette arrière coulissante, permettant de moduler la capacité du coffre (550 litres) ou d’optimiser l’espace aux jambes à l’arrière. Mais comme trop souvent chez Audi, il faudra encore et toujours piocher dans le vaste catalogue d’options pour avoir une auto vraiment bien lotie. C’est le cas de notre sublime exemplaire d’essai « vert district » doté du pack esthétique noir, qui embarquait pour plus de… 11 000 € de suppléments ! Pour profiter pleinement de notre Q5, cap est mis sur la Normandie.

Dès les premiers tours de roue en quittant la capitale, et ce, malgré la monte de grosses jantes de 20 pouces, notre monture fait étalage d’une belle douceur de fonctionnement. Et les nombreux « travaux d’Hidalgo » auront permis de nous assurer de la bonne qualité de l’amortissement pneumatique, un équipement très appréciable (permettant aussi de jouer sur la hauteur de caisse), malheureusement facturé plus de 2000 €. Ces nombreuses qualités combinées prennent tout leur sens dès que l’on attaque l’autoroute. Silence de fonctionnement, confort ouaté mais aussi belle accélération pour se relancer après la première barrière de péage (0 à 100 km/h en 7,6 sec), prouvent que les multiples systèmes de dépollution n’ont rien fait perdre en allant à notre SUV, et ce, malgré une masse considérable de 1880 kg.

Débarquer en Normandie

Après m’être délesté de quelques Euros au péage de Mantes-la-Jolie, la vue de l’autonomie restante de 1100 km annoncée par l’ordinateur de bord a de quoi me redonner le sourire en ces temps de crise pétrolière. Sur le moment, je me dis qu’il y a un « loup », et que soit l’ordinateur se montre trop optimiste, soit que le réservoir est peut-être  XXL en tutoyant les 100 litres. Et bien non, même pas, puisqu’il fait 70 litres ! Cet excellent résultat qui laisse rêveur est « juste » le fruit de dizaines d’années d’expérience d’Audi dans le diesel (y compris en compétition !), une copie quasi-parfaite que le constructeur va devoir prochainement jeter à la poubelle parce qu’une bande de cols blancs à l’incompétence notoire en a décidé ainsi à Bruxelles ! Sans être un « pro-diesel » invétéré, je dois avouer que ce serait là un immense gâchis, tant ce moteur sied comme un gant à cette routière au long cours.

Car c’est dans un silence de fonctionnement parfaitement reposant que ce Q5 très bien amorti avale les kilomètres. Et même en tenant un bon 150 km/h sur autoroute, la consommation moyenne reste proche des 7,5 l/100 km. Et réclame bien moins (6,4 l/100 km) si l’on s’en tient aux vitesses légales… parfaitement cohérentes par temps de brouillard ou de verglas, mais trop souvent anormalement bien basses dans tous les autres cas de figure ! Sauf peut-être sur les petites routes étroites du bocage normand, qui serpentent entre les haies délimitant d’immenses propriétés, dont des haras. Les chevaux, c’est vraiment sympa, surtout lorsqu’ils sont « vapeur » et répondent à l’unisson à la moindre flexion de l’orteil sur la pédale de droite !

C’est le cas grâce à la combinaison de la réactivité de la boîte S-tronic à 7 rapports à double-embrayage, mais aussi grâce au couple généreux de 400 Nm disponible dès 1750 tr/mn. Si ce SUV n’a aucune prétention sportive, il distille un vrai plaisir de conduite, bien mis en valeur par une direction précise et directe, permettant de bien sentir où l’on place le train avant, une qualité bien rare sur les SUV, naturellement lourds et dotés d’un centre de gravité haut perché. En s’enfonçant dans les petites rues de Trouville, l’élégant Q5 est parfaitement à sa place, mais il faut garder à l’esprit qu’il demeure assez large (2m14 avec les rétroviseurs), un gabarit qui peut poser problème dans certains parkings étroits. Notre Q5 retrouve des couleurs sur la belle départementale longeant le littoral, en direction d’Arromanches. Très à l’aise sur ce type de route, notre gros SUV enchaîne avec gourmandise les courbes et les virages, en sirotant à peine 7 l/100 km. Passé un moment de recueillement au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, nous mettons le cap sur Caen, puis Bayeux. L’aiguille du réservoir n’indique que la moitié, et l’ordinateur de bord qu’il est encore possible de parcourir plus de 600 km. Avec un SUV essence, il nous faudrait déjà songer à ravitailler : nous pas. Et vous savez quoi ? Arrivé dans la réserve après avoir parcouru quelques 1100 km à bonne allure, « recharger » nous a demandé à peine 10 minutes, arrêt pipi compris, et ce, sans avoir besoin d’une quelconque carte spéciale pour payer. Et si c’était ça le progrès ?

L’avis d’Avus

Il est clair qu’Audi maîtrise parfaitement son sujet, au point de rendre une copie quasi-parfaite. Agréable sur route comme autoroute, bien construit, ergonomique, silencieux, confortable et étonnamment frugal, le Q5 40 TDI de milieu de gamme est un parfait compagnon de route. Car à notre retour à Paris, il restait encore près du quart du plein ! Un vrai chameau cette Audi, qui a une haute idée de son talent, puisqu’il faut débourser minimum 55 100 € en finition Design pour y goûter, et même davantage, en comptant un malus de plus en plus salé… et injuste. Une chose est sûre : bien que pénalisée bêtement par pur dogme par une vignette « Crit’Air 2 », cette version 40 TDI est parfaitement calibrée pour les gros rouleurs, et ce n’est pas demain qu’une électrique en offrira autant. Une évidence qu’il serait bon de rappeler du côté de Bruxelles !

 

On aime

Agrément de conduite
Sobriété -autonomie
Qualité de construction
Confort

On aime moins

Trop d’options facturées au prix fort !
Malus de plus en plus salé
Place centrale arrière étriquée
Quid du diesel en Europe dans quelques années ?

Caractéristiques techniques : Audi Q5 40 TDI 204 ch quattro S line      

Moteur : 4 cyl. turbodiesel à injection directe, 1968 cm3
Puissance (ch à tr/mn) : 204 à 3800
Couple (Nm à tr/mn) : 400 à 1750
Transmission : aux 4 roues (quattro)
Boîte : boîte S-tronic à 7 vitesses
Freins : 4 disques ventilés
Pneumatiques (AV/AR) : 255/45 R 20
L x l x h (m) : 4,68 x 1,89 x 1,66
Réservoir (litres) : 75
Poids à vide (kg) : 1805
Coffre (litres) : 550 à 1550
0 à 100 km/h (sec) : 7,6
Vitesse maxi (km/h) : 222
Rejets de CO2 (g/km) : 139 – 143 selon dotation

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