Essais

Audi Q2 35 TFSI, L’alibi premium

Question : est-il pertinent – et justifié – de dépenser plus de 40 000 € dans un SUV compact ? Cette proposition indécente est faite par l’Audi Q2, qui nous revient restylé. Une auto qui, pour convaincre, met d’abord en avant son image premium, surtout dans cette avantageuse livrée S line…

Texte et photos Thomas Riaud

Cette version 35 TFSI de 150 ch a tendance à saturer le train avant et elle déçoit par sa consommation excessive, supérieure à 8 l/100 km en moyenne.

En bref
Premier restylage du Q2
Version essayée : 35 TFSI (150 ch) S line S tronic 7
Prix modèle essayé : 42 915 €

Autant être franc dès le départ : à part quelques rares exceptions, je n’aime pas vraiment les SUV. Et encore moins le Q2. Pourquoi ? Parce que des SUV, on en voit désormais partout, sur tous les segments, à toutes les sauces, jusqu’à l’overdose. Et ces engins, à force de vouloir tout faire correctement, font tout à peu près bien… mais sans jamais se montrer totalement convaincants. Difficile équation en effet d’essayer de se montrer aussi dynamique qu’une bonne berline, tout en étant naturellement un peu plus lourd et haut perché. Quant au style, il semble bien vain de vouloir affiner – ou rendre sportif – ces autos pour le moins massives inspirés des 4×4, en leur greffant parfois un toit de coupé. Enfin, comment prétendre offrir de vraies capacités d’évasion en se contentant, la plupart du temps, d’une simple garde au sol surélevée et de 2 roues motrices ? Et oui, bonne question : pourquoi retenir cette solution technique pour le moins étrange et simpliste sur une voiture qui a presque tous les attributs stylistiques d’un tout-terrain ? Parce qu’en France, plutôt que le choix de la sécurité active, on privilégie, depuis longtemps, celui de la fiscalité punitive.

Car, qui dit « transmission intégrale », dit « arbre de transmission » et donc un excédent de poids, ce qui se solde par des rejets de CO2 supplémentaires avec, corolaire direct, du malus en plus. Et tant pis si vous habitez dans une zone montagneuse où cela est indispensable l’hiver : vous n’aviez qu’à vivre, comme tous ceux qui ont pondu ces lois liberticides et absurdes, sous les dorures de beaux hôtels particuliers, bien au chaud, dans les grandes villes. Quant au « cas Q2 » en particulier, je ne l’aime pas parce que… je ne le trouve pas vraiment beau. Il n’a pas le côté espiègle du Countryman de chez Mini -seul rival direct dans la catégorie des SUV urbains premium – ni l’aspect plus classe et classique d’une Audi « normale ». Certes, j’avoue que cela est parfaitement subjectif, car ceux qui l’ont acheté doivent, au contraire, forcément le trouver séduisant. Sinon, comment expliquer que, sur cet engin sans grande fantaisie, le panier moyen dépasse les 40 000 € ? Oui, je vous l’accorde : cela fait cher du kilo !

Restylage à minima

Quatre ans après son lancement, me voilà donc en présence du Q2 restylé. J’avais déjà trouvé le récent restylage opéré sur le Q5 pour le moins léger (voir contact dans Avus n°59), mais là, on donne vraiment dans le minimum syndical. Clairement, on voit que le budget « nouveautés 2021 » n’est pas passé dedans ! J’imagine la scène, au bureau de style Audi. « Au fait, Gunter, pour le restylage du Q2, c’est toi qui t’y colles ! Ah bon Ulrich, et j’ai quoi comme délais ? Euh, c’était pour hier ! Ach, vu qu’on est vendredi matin et que ce soir j’ai piscine, tu auras ça en début d’après-midi Ulrich. Ca ira ? Ya, ya… ». Le pire, c’est que j’exagère à peine… Bon, pour faire court, on note à l’avant l’apparition de phares Full LED livrés de série (Matrix LED en option), surplombant un parechoc revu et corrigé, comprenant des entrées d’air plus grandes et menaçantes. Et par souci de cohérence avec d’autres modèles de la gamme eux aussi restylés ou remplacés, notons l’apparition de discrètes ouïes horizontales intégrées entre la jonction du capot et le haut de la calandre, un effet de style qui n’est pas sans rappeler la mythique Sport quattro ! Les changements à l’arrière sont plus discrets, en se limitant à la greffe, sur demande, de feux dotés de clignotants à défilement, et à un bouclier lui aussi redessiné, plus agressif sur la forme. Quant au profil, à peine plus long (4m21), il reste séduisant sur la forme avec son original traitement « à facettes », un effet stylistique qui donne du relief en fonction des reflets de la lumière, adopté largement par le récent Peugeot 2008. De ce côté-là donc, rien de neuf sous le soleil. Pour être exhaustif, notons l’introduction de jantes au dessin inédit (de 16 à 19 pouces), mais aussi de 5 nouvelles teintes, dont ce profond « bleu Navarre » qui habille notre exemplaire d’essai.

Les évolutions à l’intérieur restent bien timides et certains détails de finition ne sont pas à la hauteur du prix demandé.

Forcément, je m’attends à un légitime « effet whaouhh » en m’installant à bord, en imaginant une planche de bord revue de fond en comble, débarrassée de ses classiques boutons manuels au profit de commandes tactiles comme dans les nouvelles Audi. Et bien… pas du tout ! Ce Q2 reste fidèle au tableau de bord de l’ancienne A3, et se contente d’évoluer là encore a minima. Son écran couleur central, qui vient en complément du cockpit virtuel, passe tout de même de 7 à 8,3 pouces, et on remarque que les buses d’aération ainsi que le levier de vitesses ont été redessinés. Plus subtil, Audi a introduit un nouveau revêtement en microfibres à la place de l’Alcantara et on note arrivée des dernières aides à la conduite. Après, il faut reconnaître que le Q2 reste toujours aussi bien fini et valorisant d’aspect, du moins dans les « parties hautes » du mobilier, et son cousin technique le Volkswagen T-Roc, bardé de plastiques rigides qui font « toc », ferait bien de s’en inspirer. Pourtant, le Q2 n’est pas exempt de reproches : les contre-portes ou le bas du tableau de bord sont en plastique dur, et certaines lacunes d’équipement fâchent à ce niveau de gamme, comme l’absence en série d’accoudoir central arrière, ou de sièges électriques chauffants.

Heureusement, le Q2 se rattrape au chapitre de l’ergonomie. Il demeure là encore un exemple à suivre pour beaucoup, et même s’il n’y a pas d’écran tactile ou de commandes à retour haptique, la grande molette rotative permettant d’accéder aux menus est très simple à utiliser. Et question habitabilité, voyez-le plutôt comme un 4 places pour ne pas être déçu et il faudra rester raisonnable question bagages, le coffre offrant une capacité correcte (405 dm3) mais pas illimitée. Côté moteur, l’offre se recentre autour des blocs essence, en laissant le choix entre un modeste 30 TFSI (3 cylindres 1.0 de 110 ch) et ce plus fréquentable 35 TFSI de 150 ch (et 250 Nm) qui équipe notre modèle d’essai. Pour satisfaire les gros rouleurs, un diesel reste aussi disponible, un 35 TDI de puissance identique. Le petit « mazout » de 116 ch passe à la trappe, mais aussi les variantes essence et diesel de 190 ch, le malus ne leur étant guère favorable. Quant au tonitruant SQ2 de 300 ch, rien n’est encore acté mais son retour n’est pas assuré…

Noyau de pêche !

Vous trouvez notre Q2 d’essai cher ? Nous aussi ! Mais voilà de quoi économiser au moins 615 € : supprimez l’option « pack dynamique », qui comprend des étriers de frein rouges, une sonorité plus sympa à l’échappement (en mode Dynamic), et surtout des suspensions « sport » qui sont… difficiles à vivre au quotidien ! C’est du moins notre ressenti lorsque cette option est combinée, comme ici, à de superbes jantes larges de 18 pouces. Si vous ne comptez rouler que sur un billard absolu, c’est très bien, mais ce genre de configuration est malheureusement bien rare vu l’état de notre réseau secondaire. Car dans la vraie vie, ce Q2 étonne surtout par son inconfort avec ses suspensions « noyau de pêche » qui se rappellent à votre bon souvenir dès que l’on passe sur un raccord de chaussée ou une bouche d’égout.

Le souci est que si cela est flagrant en mode « Dynamic », c’est aussi le cas lorsque l’on bascule les modes offerts par l’Audi drive select en « Auto » ou même en « Confort ». Dommage, car sans être une flèche, cette version 35 TFSI donne pleinement satisfaction au quotidien. Le comportement est sûr et plaisant, et le moteur se montre assez volontaire pour dépasser sereinement… quitte à saturer involontairement le train avant lors d’une franche accélération en démarrant (0 à 100 km/h en 8,5 sec), du moins lorsque l’on fait, comme ici, l’impasse sur la redoutable transmission intégrale quattro. Voilà d’ailleurs une lacune pour le moins fâcheuse sur un engin à vocation baroudeur, qui n’ira guère plus loin qu’une simple berline en terrain difficile ! A propos de transmission, on reste séduit par la douceur et la réactivité offerte par la boîte S-tronic optionnelle (bvm 6 de série) qui dégaine à bon escient ses 7 rapports. Ce qui est surtout appréciable est le niveau sonore dans l’habitacle, assez bas, ce qui reste reposant sur les longues distances. En revanche, on s’attendait à une consommation moyenne plus avantageuse que les 8,4 l/100 km affichés par l’ordinateur de bord, il est vrai obtenus sans faire le moindre effort en conduite « citoyenne »…

Avec le châssis sport et une monte large, ce Q2 manque de confort. Et faute de transmission intégrale, il faudra rester prudent en hors-piste !

L’avis d’Avus

Ce restylage trop léger ne va en aucun cas changer la donne, le Q2 restant fidèle à lui-même, avec de réelles qualités, toujours facturées au prix fort. Trop fort, si l’on regarde avec objectivité ses défauts, qui sont eux-aussi toujours bien présents ! A commencer par une dotation qui fait l’impasse sur des équipements souvent « obligatoires », obligeant à mettre la main au portefeuille, quitte à gonfler encore la facture finale. Et celle-ci devient vite indigente lorsque l’on remarque la légèreté de la finition dans « les parties basses », pas en rapport avec l’image premium d’Audi. Dernier point, et pas des moindres ! Excepté ses « blades » latéraux de couleur dissociée sur les montants arrière, le Q2 n’offre pas le niveau de personnalisation de la Mini Countryman. Une lacune qui a son importance sur un segment où l’apparence prime trop souvent sur tout argument objectif…

Caractéristiques techniques Audi Q2 35 TFSI S-tronic

  • Moteur 4 cylindres TFSI, 1498 cm3
  • Puissance maxi (ch à tr/mn) 150 à 5000
  • Couple maxi (Nm à tr/mn) 250 à 1500
  • Transmission aux roues avant, boîte S-tronic à 7 rapports
  • Freins Disques ventilés, étriers à 4 pistons (AV et AR)
  • Dimensions L x l x h (m) 4,19/1,79/1,51
  • Poids (kg) 1500
  • Volume du coffre (litres) 405
  • Pneus AV/AR 235/45 R 18
  • Vitesse maxi (km/h) 212
  • 0 à 100 km/h (sec) 8,5
  • Émissions CO2 (g/km) 142

On aime

  • Présentation – ergonomie
  • Qualités dynamiques
  • Technologies high-tech disponibles
  • Moteur – boîte

On aime moins

  • Restylage trop léger
  • Prix élevé
  • Trop d’options trop chères
  • Détails finition
  • Personnalisation limitée
  • Intérêt limité sans le quattro

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