Essais

Audi RS5 Coupé, Sang Bleu

Bobos, écolos, végans, « progressistes » et autres minorités de pisse-froid qui emm… le monde à longueur d’année, passez votre chemin : cet article ne vous est clairement pas destiné ! Nous allons parler ici de mécanique noble, de performance, de vitesse, de belles valeurs qui vous sont étrangères et qui sont incarnées par une Audi en particulier : le coupé RS5 !

Par Jack Seller, photos Thomas Riaud

En bref
Seconde génération de coupé RS5
Modèle lancé en 2017 et restylé en 2019
Moteur V6 2.9 biturbo de 450 ch
Prix : à partir de 97 570 €, hors malus de… 30 000 € !

A l’instar de certaines personnes, qui sont bien nées, l’Audi A5 semble avoir eu la même chance. Dessinée de main de maître par Walter De Silva, juste avant qu’il ne prenne sa retraite, l’A5 coupé, rapidement déclinée avec le même bonheur en cabriolet puis en coupé-berline Sportback, connaîtra un formidable succès dans le monde, dès sa sortie en 2007, dans la foulée du salon de Genève. Mais Audi saura la magnifier et lui ouvrir les portes du Panthéon Automobile en lui offrant, à partir de 2010, son très exclusif habit de lumière « RS ». Epaules larges, ailes musclées et gros V8 4.2 au timbre rauque et caverneux donnent à la RS5 une aura particulière, et accessoirement une place de choix dans le royaume merveilleux des GT de prestige. Cet art du Grand Tourisme est, depuis, resté un incontournable dans la gamme Audi, le constructeur ayant eu la bonne idée de renouveler son modèle fétiche à partir de 2016.

Capot bombé, flancs ondulants et optiques plus menaçantes permettent à cette A5 de seconde génération de faire toujours bonne figure sur le segment, même s’il faut avouer que la ferveur née avec le premier opus est, depuis, retombée. Sans doute s’habitue-t-on à tout, même à la beauté… Et depuis, il faut reconnaître que la concurrence directe s’est réveillée, l’A5 coupé n’étant plus vraiment seule au monde sur ce marché. Elle doit désormais faire de la place à la Mercedes C coupé – enfin dotée d’une carrosserie qui lui est propre – et à la BMW Série 4, celle-ci étant fraîchement renouvelée. Mais outre cette rivalité très germanique, forcément pénalisante pour notre A5, sans doute n’est-il pas inutile de rappeler que l’on a aussi, hélas, changé de monde en l’espace de quelques années.

Déjà, nombre de ventes se sont reportées sur les SUV, une catégorie devenue reine, qui empiète en plus sur les platebandes des GT à travers des déclinaisons « coupés ». Et désormais, l’achat d’une belle auto haut de gamme est devenu un crime de Lèse-Majesté, sévèrement puni en France à coups de taxes « écologiques » devenues grotesques. C’est déjà le cas pour une A5 coupé « de base », alors imaginez avec le surpuissant dérivé RS (34 CV fiscaux) ! Malgré ce contexte peu favorable, Audi a tenu à satisfaire la demande d’une poignée d’irréductibles, des amateurs voulant ce qui se fait de mieux en automobile. Pour ce second opus de RS5, la seule différence – de taille – c’est que pour satisfaire à des normes toujours plus contraignantes, on est passé d’un gros V8 atmosphérique (paix à son âme), à un plus compact V6 biturbo. L’honneur est toutefois sauf : il développe toujours 450 ch. Ouf !

L’intérieur séduit plus par sa présentation et finition que par son habitabilité, notamment aux places arrière.

A fond la forme !

Dès le premier coup d’œil, la RS5 se reconnaît entre mille, avec sa musculature généreuse. Bien posée au plus près du sol sur de grosses roues de 19 pouces (avec des jantes au dessin inédit), la voiture se démarque des autres A5 en adoptant un kit carrosserie pour le moins suggestif, habillant tant les bas de caisse aérodynamiques, que les boucliers. L’avant donne dans le méchant, en recevant une calandre à nid d’abeille large et basse, tandis que les entrées d’air, au style très travaillé, viennent partout où c’est possible, en complément. Visiblement, Audi a pensé autant à aérer la salle des machines qu’à refroidir les freins ! L’arrière ne fait pas non plus dans la discrétion, la malle se coiffant d’un petit aileron, tandis que le bas du bouclier adopte depuis le restylage une sorte de « vague », un peu comme sur les dernières RS6 et RS7. Et dans le creux de chaque « vague » se nichent d’énormes canules d’échappement ovales, regroupant en fait 2 sorties de chaque côté.

Pour le reste, Audi n’a pas franchement révolutionné le style de sa RS5. Voies larges (+15 mm) et ailes bombées façon Ur quattro suffisent à donner à ce coupé un vrai côté exclusif et sportif. Notons tout de même l’apparition de signatures visuelles modifiées, et la venue de teintes pour le moins audacieuses qui « claquent », comme le rouge Misano, le vert Sonoma ou ce bleu Turbo électrique qui habille notre sublime exemplaire d’essai. Un exemplaire bardé d’options en tout genre (freins céramiques à 7300 €, Pack Dynamique RS à 7200 €, Pack esthétique carbone et noir brillant à 4850 €, jantes de 20’’ à 2850 €, échappement sport à 1500 €…) affiché au prix pour le moins rebutant de… 131 690 €, auxquels il convient bien sûr d’ajouter un malus qui n’a d’écologique que le nom, qui est passé de 20 000 à 30 000 € depuis le 1er janvier dernier. Clairement, savourez le plaisir d’admirer cette RS5, car à ce prix, il est prévisible que ce modèle (comme tous les autres de ce calibre), va déserter les routes de notre beau pays !

Dommage que l’automobiliste français, étouffé par notre fiscalité devenue folle, soit contraint de rester dans la médiocrité automobile, car cette RS5 vaut assurément le détour. L’ouverture des longues portes – dépourvues comme il se doit d’encadrement de vitre – laisse apparaître un habitacle autant chic que sportif, rehaussé par la présence de sublimes sièges enveloppant en cuir nappa, avec un gaufrage mis en valeur par de subtiles surpiqûres « Gris Roche ». Quant aux inserts en carbone, ils contribuent à apporter une vraie touche sportive, mais on regrette à ce niveau de prix qu’ils soient facturés en sus, tout comme l’échappement « sport », des équipements justes « obligatoires » sur une sportive de ce niveau. Et mieux vaut prendre cet échappement plus volubile, car pour répondre aux dernières normes, Audi a été contraint d’installer des filtres à particules. Déjà que ce V6 biturbo n’était pas très loquace avant, alors maintenant, en configuration standard, il est devenu carrément aphone…

Ruban Bleu

Au siècle passé, le ruban bleu était décerné aux paquebots transatlantiques ralliant le plus rapidement possible New-York au Vieux Continent. Une distinction qui sied parfaitement à notre GT, qui mêle rapidité et luxe sur de longues distances. Clairement, les passagers sont choyés, et ce, dès la mise sous tension de la voiture, à l’image de ce « bras articulé » qui vous apporte votre ceinture de sécurité à portée de main ! Une louable attention, mais si on est en effet bien installé aux places avant, ce n’est pas du tout le cas à l’arrière, l’espace aux jambes et la garde au toit étant juste convenables pour des enfants. Clairement, si vous envisagez de voyager à 3 ou 4 adultes, seule la variante Sportback, bien plus pratique au quotidien avec ses 2 portes supplémentaires, son empattement allongé et son hayon, pourra vous convenir. Et pour ce qui est du confort, cette RS5 donne pleinement satisfaction, du moins tant que l’on reste sur les modes « Confort » ou « Auto », l’amortissement devenant exagérément ferme en basculant en mode « Dynamic ». Ce dernier, à retenir seulement sur un billard, a en revanche le don de transfigurer le comportement de la voiture, en agissant simultanément sur l’amortissement piloté, mais aussi sur la direction électro-hydraulique ou encore la réponse de l’accélérateur. Sans oublier la nouvelle boîte de vitesses, une Tiptronic à 8 rapports qui a tout d’une « boite à rythme », prête à donner le bon tempo.

Outre une douceur incomparable entre chaque changement de vitesse, elle saura en mode « Dynamic » rester plus longtemps « dans les tours », pour favoriser, par exemple, une sortie éclair d’un virage. Et si vous aimez bien garder la main, sachez que des palets solidaires du volant vous permettent, du bout des doigts, de passer vous-même les rapports, au régime souhaité. Une interface qui favorise forcément une allure sportive, une conduite où la RS5 ne se fait pas prier. Chassez le naturel, et il revient au galop ! Car si ce coupé sait naturellement se fondre dans la masse en sachant évoluer le plus discrètement du monde, il suffit d’un moment d’égarement – et d’une franche pression sur la pédale de droite ! – pour le transformer en furie mécanique. Avec pas moins de 600 Nm délivrés dès 1900 tr/mn, les accélérations prodiguées sont du genre expéditives (0 à 100 km/h en 3,9 sec). On a alors l’impression d’avoir dégoupillé, pour passer en une seconde en « mode arsouille », ce qui n’est pas pour déplaire à notre Audi. Car même en envoyant sévèrement du bois kilomètre après kilomètre, virage après virage, cette RS5 ne se départi jamais de sa belle rigueur, la transmission intégrale quattro verrouillant la voiture au sol. La seule chose qui vous arrêtera sera l’impérieuse nécessité de ravitailler, car la belle a le gosier en pente, en étant capable d’ingurgiter plus de 17 l/100 km dans ces conditions. Une valeur qui dépasse allègrement les 20 l/100 km sur circuit… Normal : quand il y a des chevaux, il faut leur donner de l’avoine !

L’avis d’Avus

Cette RS5 de seconde génération est objectivement plus efficace et rapide que la première, moins aussi plus légère (-60 kg), notamment au niveau du train avant, ce qui profite au comportement. Mais malgré sa fougue, ce V6 suralimenté n’affiche pas un caractère aussi attachant que l’ancien V8 (ou que l’actuel 5 cylindres du TT RS !). Et ce restylage n’apporte rien de plus côté puissance, ce qui est dommage, l’écurie stagnant bêtement à 450 équidés. Le plus regrettable – à ce niveau de prix – est de devoir recourir encore aux options, pour bénéficier d’un échappement plus volubile, de l’amortissement piloté, du différentiel arrière ou d’inserts en carbone dans l’habitacle, des éléments indissociables d’une vraie sportive, qui devraient normalement être livrés de série sur toute Audi RS qui se respecte. Au-delà de ces reproches, force est de reconnaître que cette RS5 est diablement attachante, et sa plus belle performance est d’afficher une polyvalence incroyable. Un vrai coupé de Grand Tourisme !

Caractéristiques techniques Audi RS5 Phase 2

  • Moteur 6 cyl. en V, 2894 cm3, inj.directe et biturbo
  • Puissance (ch à tr/mn) 450 à 5700
  • Couple maxi (Nm à tr/mn) 600 de 1900 à 5000
  • Transmission intégrale quattro, boîte Tiptronic à 8 rapports
  • Freinage 4 disques ventilés (carbone-céramique en option)
  • Dimensions L x l x h (m) 4,72 x 1,86 x 1,36
  • Poids à vide (kg) 1655
  • Pneus 265/35 R 19
  • Vitesse maxi (km/h) 250 (280 en option)
  • 0 à 100 km/h (sec.) 3,9

On aime

  • Ligne toujours séduisante
  • V6 brillant et performant
  • Dynamisme de conduite, efficacité
  • Polyvalence générale

On aime moins

  • Sonorité trop feutrée
  • Places arrière symboliques
  • Trop d’options « obligatoires »
  • Prix et malus décourageants…

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