Essais

Audi S4 de 2020

La revanche d’une bombe !

Avant, une sportive Audi S4 ne pouvait se concevoir qu’avec un bon gros moteur essence. Mais ça, c’était avant que nos technocrates, devenus complètement fous, ne fusillent à coups d’amendes et de malus les grosses cylindrées essence. D’où la sortie de cette improbable S4 convertie au… gasoil, naturellement moins émettrice de CO2. Mais pas moins performante…

Texte et photos Thomas Riaud

En bref
Nouvelle Audi S4 « Type B9 »
Moteur V6 3.0 TDI 347 ch
Compresseur électrique et micro-hybridation 48V
Prix : 74 500 € (à partir de, en berline)

Audi S4 Face arrière
De toutes les nouvelles Audi « S » gavées au mazout, cette légère et compacte S4 est assurément la plus dynamique à conduire du lot !

Notre époque est faite de paradoxes… et d’âneries ! Ainsi, les citadins veulent consommer du bio, mais cela ne les dérange pas d’acheter des produits importés parfois de loin. D’autres veulent bien vivre à la campagne, mais sans subir les bruits des animaux de la ferme voisine. Et dans le domaine automobile, nombreux sont ceux qui veulent limiter les rejets de CO2 par le biais des taxes dissuasives, mais cela favorise, in fine, les moteurs diesels qui sont, en même temps, pointés du doigt. Et mieux vaut s’arrêter là, car cette liste pourrait être longue comme un défilé militaire nord-coréen ! Audi, autant fin tacticien que réaliste, a ainsi posé toutes les options sur la table au moment de renouveler sa S4, une version à très haute performance dérivée de l’A4, qui participe à notre bonheur depuis 1997. Jusqu’à présent, on avait le choix, selon les générations, entre des V8 atmosphériques ou des V6 suralimentés. Tous des blocs essence, cela va de soi. Mais désormais, ce type de moteurs ira ronronner de l’autre côté de l’Atlantique aux USA ou en Asie et au Moyen-Orient, car Bruxelles, qui veut nous faire rouler « plus blanc que blanc », fait tout pour dégouter la filière automobile, du producteur au consommateur. Et ça marche !

« De nombreux chiffres parlent en faveur de ce V6 TDI : 347 ch, 700 Nm, 250 km/h et 6,2 l/100 km de consommation moyenne ! »

D’ailleurs, sans doute encore mieux en France que chez nos voisins, puisque pour décourager les plus passionnés nous cumulons tous les handicaps possibles. Ainsi, nous « bénéficions » en plus d’un système unique de bonus-malus, une véritable usine à gaz qui est, désormais, devenue que du malus, excepté pour des voitures électriques dont personne ne veut et qui n’ont finalement pas grand-chose d’écologique ! En attendant qu’il y ait, un jour peut-être, un peu de bon sens et de compétence pour s’occuper de l’environnement et de l’automobile en Europe (et en France), il faut donc composer avec toutes ces contraintes, toujours plus pesantes. Cette année, on passe de 117 à 110 g de CO2 au km, le seuil intenable de 95 g de CO2 au kilomètre étant la norme à venir pour 2021, c’est-à-dire demain ! Face à cette situation autant ubuesque qu’intenable, Audi, très pragmatique, remplace progressivement les classiques moteurs essence de ses versions « S » par des diesels.

Audi S4 profil
Si la S4 est plus discrète qu’une variante RS, elle se distingue tout de même par son traitement sportif, la voiture recevant un discret aileron de coffre et deux double échappement.

Attention, il ne s’agit pas d’un vulgaire mazout, mais bien d’un noble V6 3.0 TDI, fraîchement implanté sous le capot des dernières S6, S7 et SQ5. Alors oui, d’accord, un diesel, fût-il doté de 6 cylindres, ce n’est pas aussi attrayant qu’un bon vieux bloc gavé au sans-plomb. Mais ce moteur boosté par un compresseur électrique et une hybridation légère 48V est un concentré de haute technologie et d’efficacité. Donc avant de jeter le bébé et l’eau du bain avec, jetez d’abord un coup d’œil à sa fiche technique, et avouez que de nombreux chiffres parlent en sa faveur : 347 ch, 700 Nm de couple, 250 km/h maxi, consommation mixte de 6,2 l/100 km et seulement 161 g de CO2 au km. Des valeurs incroyables, qui permettent du coup de réduire le malus à 3290 €… contre probablement 12 500 € si la S4 était restée fidèle à l’essence. La messe est dite.

Apparences préservées

Côté look, Audi a parfaitement su préserver ce qui fait l’attrait et l’exclusivité d’une variante « S ». L’ensemble n’est pas aussi démonstratif que sur une « RS », mais c’est précisément cette retenue bienvenue qui plaît à de nombreux clients. A condition bien sûr de ne pas sélectionner le sublime « bleu turbo » qui habille notre modèle d’essai ! Outre les nombreuses modifications apparues depuis le restylage, visibles notamment au niveau des feux, du capot ou des ailes, la S4 se distingue en recevant une calandre en nid d’abeille, des coques de rétroviseur en aluminium satiné, des étriers de frein rouges et une quadruple sortie d’échappement.

« En mode « dynamic », la sonorité à l’échappement singe presque
celle d’un gros V8 américain »

C’est suffisamment visible pour faire « sport » et séduire les connaisseurs, mais assez subtil pour que l’ensemble demeure discret et de bon goût. Cette relative sobriété se retrouve bien sûr dans l’habitacle. Là encore, les effets du restylage de cet été se font sentir, puisque notre S4 renonce à la traditionnelle molette de console centrale, remplacée par un petit espace de rangement. A la place, c’est désormais un écran tactile agrandi qui fait office de « tour de contrôle », d’après nous moins évident à utiliser. Quant au cockpit virtuel, toujours aussi saisissant avec ses graphismes très détaillés, il bénéficie d’un affichage spécifique teinté de rouge, pour faire plus « sport ».

Audi S4 face avant

Terminons ce tour du propriétaire par quelques détails appréciables qui concourent, eux-aussi, à donner du sel à la S4. C’est le cas des seuils de porte spécifiques, des sièges en cuir très enveloppants ou encore des appliques en carbone véritable. Bien entendu, au-delà de ce look évocateur de performances, la S4 reste tout aussi logeable qu’une simple A4 de base, et ce, en berline comme en break Avant. Le coffre offre ainsi jusqu’à 420 litres sur la berline, et l’arrière peut ainsi accueillir confortablement 2 adultes, la place centrale étant raide et étroite, pénalisée de surcroît par le passage du tunnel de transmission au niveau des pieds. Car oui, la S4 est bien évidemment dotée en série de la transmission intégrale quattro. Et vu l’afflux de puissance qui déboule sur ses grosses roues de 18 pouces, c’est heureux…

Diesel… et des ailes !

Si cette S4 sait faire oublier ses origines « agricoles » en évoluant en mode « confort », elle devient étonnamment plus volubile lorsque l’on bascule l’Audi drive select en mode « dynamic ». La sonorité change du tout au tout, au point de singer presque un bon gros V8 américain. Bon, pour être honnête, tout cela est un peu artificiel, puisque ce son est en partie retransmis par les enceintes, mais il faut avouer que ce n’est pas désagréable, et que cela fait son petit effet. Mais ce qui fait surtout son effet, c’est lorsque l’on écrase sans retenue la pédale de droite. La voiture file alors comme une balle (0 à 100 km/h en 4,8 secondes), vous plaquant sans ménagement au fond des sièges. Evidemment, la plage d’utilisation est franchement réduite par rapport à un bloc essence, qui aura tendance à chanter jusqu’à 7000 tr/mn, mais la boîte Tiptronic livrée d’office dégaine promptement ses 8 rapports à bon escient.

Audi S4 face arrière
A l’instar de la dernière A1, la nouvelle A4 reçoit des prises d’air horizontales factices entre la calandre et le capot. Cette variante S4 reçoit en plus de nombreux éléments distinctifs…

Pour plus de réactivité, on peut toujours reprendre la main en passant manuellement les vitesses grâce à des palets fixés derrière le volant. On est tenté de le faire régulièrement, car cette Audi bénéficie d’un excellent châssis, aussi sain qu’équilibré, lui permettant de se jeter avec gourmandise d’un virage à un autre, tout en virant à plat. A vrai dire, le surplus de poids engendré par le choix de ce bloc diesel, plus lourd de 80 kg que son homologue essence, est totalement transparent. Le compromis entre le confort et la tenue de route est plus que convaincant, et ce, même sans la suspension pilotée. Mais la meilleure surprise vient de la consommation.

Evidemment, en bombardant, cette S4 biberonne facilement ses 10 litres au cent. Dans les mêmes conditions, il est évident qu’une variante essence muée par un V6 turbo développant près de 350 ch engloutirait au moins 4 litres de plus. Et en roulant « comme un papy », c’est-à-dire en se contentant de respecter les limitations en vigueur, cette S4 devient sobre comme un moineau, la consommation dégringolant sous les 8 litres. C’est peut-être d’ailleurs là sa plus belle performance…

Audi S4 volant

L’avis d’Avus

Clairement, cette S4 n’est pas aussi sportive et plaisante à cravacher que ses homologues essence. Rien ne remplace le plaisir de tutoyer une zone rouge à plus de 7000 tr/mn, une prouesse impossible pour un moteur diesel, même s’il excelle dans bien des domaines. Ce qui est fort heureusement le cas de ce V6 3.0 TDI, un surdoué dans son genre, qui parvient à offrir un parfait compromis entre confort d’utilisation au quotidien, sobriété et sportivité. Une polyvalence rare, encore accrue en version break Avant…

Audi S4 interieur siège
La planche de bord gagne un écran tactile plus vaste à la place de la pratique molette centrale. Pas sûr que l’ergonomie en profite…

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