Essais

Nouvelle Audi RS7 : Deuxième effet Kiss Cool

Côté pile, on a un superbe coupé-berline, avec de la prestance, de la stature, du charisme et du muscle à revendre. Et luxueux avec ça, son habitacle tiré à épingles mêlant confort et hautes technologies. Mais côté face, on a aussi un monstre de puissance de 600 ch, capable de crever le seuil des 300 km/h sur un claquement de doigts ! Un double effet Kiss Cool revendiqué par la RS7 !

Par Jack Seller, photos DR

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Si la RS7 partage le même V8 de feu que la RS6, et propose donc une ivresse semblable, il faut avouer que le flacon est ici fort différent. Entre break familial musclé et coupé-berline surbaissé il vous faudra choisir…

Attention, une RS peut en cacher une autre ! C’est ce que le public présent au dernier salon de Francfort a dû se dire en découvrant sur le stand Audi, non pas une, mais carrément deux nouvelles Audi RS, en la présence des RS6 et RS7 ! Et accessoirement ce même public a dû penser que, contrairement à un environnement autophobe de plus en plus marqué en Europe, le règne de la grosse cylindrée n’est pas encore terminé.
Sauf que cela se fait, chez Audi du moins, de façon parfois plus subtile qu’ailleurs. Car si voir filer à près de 300 km/h sur Autobahn une ponceuse à bitume du style d’une R8 est prévisible, cela est nettement moins le cas pour un gros break familial, ou comme ici, pour une imposante berline à la ligne de coupé. Un côté schizophrène parfaitement assumé qui, dans le cas présent, n’est pas pour nous déplaire !

Le diable s’habille en Prada

Ainsi, à l’instar de la RS6, qui est ni plus ni moins le break de série le plus performant au monde, la sculpturale RS7 joue elle aussi sur deux tableaux, comme sa devancière disparue en 2018. En apparence, elle demeure donc un très beau et effilé coupé-berline à 5 portes, où l’élégance prime, même si elle a sensiblement musclé son jeu. Difficile de la confondre avec une A7 Sportback 50 TDI, même dotée d’une finition S line, tant la proue est menaçante.

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Clairement, quand on la voit, on comprend que le diable s’habille en Prada. Calandre extra-large sans bord apparent (surmontée d’une fente à la lisière du capot) prête à engloutir la route, bouclier avant hypertrophié avec d’énormes prises d’air latérales et phares pour le moins expressifs donnent le ton. On friserait presque le sans-faute si tout cela n’avait pas un air de déjà-vu… sur la nouvelle RS6. Qu’Audi veuille faire des économies d’échelle, cela est louable et on veut bien le comprendre, mais cette démarche n’a plus beaucoup de sens sur des autos haut de gamme s’affichant facilement à plus de 130 000 € où, de notre point de vue, l’exclusivité doit primer.

Après, ce sont aussi des contraintes techniques qui dictent le style, comme les ailes élargies de 4 cm (comme… la RS6 !), une nécessité pour accueillir des roues extra-larges de 21 pouces, dignes de tonneaux (22’’ en option avec des pneus de 285/30). Et il en va de même du bouclier arrière, agrémenté d’un diffuseur d’air enveloppant deux sorties d’échappement ovales, mais celui-ci aurait peut-être pu ne pas reprendre cette forme de « vague » si caractéristique, une nouveauté stylistique étrennée par, devinez-quoi… la nouvelle RS6 ! Après, la RS7 conserve cet arrière fast-back parcouru par un bandeau de feu horizontal qui fait que c’est une RS7, et ce dernier se voit surmonté d’un aileron rétractable électriquement sous la barre des 120 km/h. Une allure ridicule pour un tel engin qui doit peu ou prou correspondre au second rapport engagé par la boîte Tiptronic à 8 vitesses…

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Grand écart

Car, sans surprise, la RS7 adopte exactement le même ensemble moteur-boite que la RS6, lui permettant de faire en grand écart, en roulant au pas en ville, ou au contraire, en jouant à la sprinteuse sur voies rapides. On retrouve donc, sous son long capot bombé, un fantastique V8 4.0 TFSI à coupure partielle des cylindres (technologie CoD), celui-là même qui fait le bonheur de quelques Bentley, sans oublier le SUV Lamborghini Urus. Pour respecter une certaine hiérarchie avec ces autres prestigieuses marques du groupe VW, ce bloc doté d’une hybridation légère 48 volts est ici « dégonflé » à 600 ch. Rassurez-vous, cela laisse encore « un peu » de marge pour se faire plaisir, le couple maximal étant de 800 Nm à partir de 2 050 tr/mn. De quoi catapulter la RS7 sur le 0 à 100 km/h en 3,6 secondes, et en moins de temps encore pour la stopper, la voiture recevant des disques à 10 pistons de 440 mm (370 mm à l’arrière), des modèles en carbone-céramique étant bien sûr disponibles !

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Comme sur la RS6, la vitesse maximale est limitée à 250 km/h, ce qui nous paraît, dans le cas présent, autant regrettable qu’hypocrite… A-t-on déjà vu pareil procédé chez Porsche, surtout sur le fleuron d’une gamme ? C’est une fausse manière de se donner bonne conscience, et surtout une bonne façon pour le constructeur d’engranger un peu plus d’argent, car sur demande,cette bride castratrice et ridicule peut être relevée à 280 ou même 305 km/h en cochant sur le bon de commande la case « pack dynamique ». En clair, quand on joue à ce niveau d’excellence là, voilà une option obligatoire !

Associé comme nous l’avons dit à une boîte Tiptronic 8 rapports, ce V8 dispose d’une nouvelle fonction « Launch Control », permettant des démarrages canon. On retrouve bien sûr la transmission intégrale permanente quattro, qui en temps normal envoie 60 % du couple vers l’arrière. Mais dans le cas présent, en cas de perte d’adhérence, jusqu’à 70 % du couple peut être envoyé vers l’avant, et 85 % vers l’arrière, afin de typer la conduite comme une propulsion. Pour gagner en efficacité, et surtout en agilité, un différentiel pour répartir le couple entre les roues arrière est disponible en supplément. Vu le poids de l’auto, annoncé à 2065 kg (soit 130 kg de plus qu’auparavant !), ce n’est pas un luxe. D’ailleurs, comme le relevage de la bride, d’autres options sont, d’après nous, obligatoires. C’est notamment le cas des quatre roues directrices. Heureusement, la suspension pneumatique est ici livrée en série.

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L’intérieur, impressionne toujours autant par son très haut niveau technologique, l’essentiel des boutons ayant disparus, remplacés par des écrans numériques, placés en sus du cockpit virtuel. L’ensemble reste diablement séduisant, mais assez proche d’une A7 de série. Car si on ne pioche pas, là encore, dans l’épais catalogue des options, la personnalisation reste bien plus discrète que celle de l’extérieur. On trouve tout de même en série des sièges sport habillés de cuir Nappa avec motifs en losange et embossage RS. Le volant à méplat accueille un bouton « RS Mode », qui permet d’accéder aux deux types de réglages individuels (RS1 et RS2) proposés dans le sélecteur de mode de conduite Audi drive select. En option, le volant à méplat et les reposes genoux sont habillés d’Alcantara, tandis que des inserts en carbone sont disponibles. Cette future rivale des BMW M8 Gran Coupé et autres Mercedes-AMG GT 4 portes arrivera dans les concessions début 2020. Avec un peu de chance, on pourra l’essayer dès décembre, ce qui nous fera un beau cadeau de Noël !

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