Essais

Audi Q3 35 TDI

Une bonne synthèse !

Le premier Q3 avait posé les jalons de ce que devait être un bon SUV compact, mais au bout de 8 ans de carrière, il s’est fait logiquement distancé par des rivaux plus jeunes. Le Q3 nous revient donc entièrement repensé, du sol au plafond. Pour jauger ses capacités rien de tel qu’un super-test sur les routes exigeantes du Maroc…

Texte et photos Thomas Riaud

En bref
Seconde génération de Q3
Modèle inédit à 100%
Version essayée : 35 TDI 150 ch
Prix (à partir de) : 38 300 €

Audi a fait table rase du passé pour réinventer son Q3 en s’inspirant
du Q8, et cela se voit !

Le premier Q3, vendu à plus de 1,1 millions d’exemplaires dans le monde a eu devant lui de belles années, la concurrence directe se limitant à l’époque au seul BMW X1. Mais depuis son lancement voilà 8 ans, une déferlante de SUV premium est arrivée ! Citons pêle-mêle l’introduction des Mercedes GLA, Range Rover Evoque, Jaguar E-Pace, Lexus UX, Volvo XC 40 ou Infiniti QX30 pour ne citer que ceux-là. Bref, l’effet nouveauté étant essentiel dans le premium, il devenait urgent pour Audi de réagir. Cela a été chose faite en ce début d’année, avec la présentation de ce Q3 de seconde génération. Excepté le nom qui demeure, tout le reste change, et cela se voit. Audi change enfin de stratégie, car lorsqu’il renouvelle un modèle, cela passe désormais par un remodelage profond de la carrosserie.

Confortable et efficace, ce Q3 offre un comportement sans faille, mais pas aussi dynamique que les Peugeot 3008 ou BMW X2, références du segment.

Autant la première mouture était un peu « ronde » et presque féminine d’aspect, autant celle-ci gagne ce qu’il faut en muscles et en virilité avec sa calandre octogonale plus volontaire et ses ailes joliment galbées. La signature visuelle des nouvelles optiques est également réussie, et tout concourt à susciter l’envie, y compris le nuancier qui s’est enrichi de nouveaux coloris « qui claquent », comme cette inédite livrée orange. Au-delà de ces considérations finalement subjectives, restons purement factuels en vous donnant quelques chiffres et informations clés.

Enfin mature

Si le premier Q3 pouvait légitimement décevoir en matière d’habitabilité aux places arrière ou au niveau de la capacité du coffre, choses gênantes pour un SUV qui se veut familial (et que nous avons toujours dénoncées !), force est de reconnaître que sur ces points Audi a corrigé avec brio sa copie. Comment ? En poussant les murs pardi ! La voiture gagne ainsi quelques 9,7 cm en longueur, pour afficher désormais 4m49, soit autant que son cousin le Volkswagen Tiguan. L’essentiel étant porté sur l’empattement (77 mm), cela profite directement à l’habitabilité, notamment aux places arrière.

D’ailleurs, un bonheur n’arrivant jamais seul, l’habitacle en question gagne 4 cm en largeur aux épaules. Et les ingénieurs d’Audi se sont largement inspirés de ce qui se faisait chez les monospaces, en matière de modularité. Ainsi, le Q3 reçoit désormais une banquette fractionnable 2/3 – 1/3 dotée d’un dossier inclinable. Mieux, celle-ci peut même coulisser sur une bonne dizaine de centimètres, un équipement ingénieux permettant de dégager un volume record de 675 litres au niveau du coffre, qui est de surcroît livré de série !

Le Q3 a fait sa révolution intérieure, en gagnant une planche de bord high-tech, et des centimètres partout, là où il faut, pour optimiser l’espace à l’arrière.

Tant mieux, car comme à l’accoutumée, de nombreux équipements qui font vraiment envie restent disponibles, mais que sur les finitions hautes, ou en option. C’est dur à avaler pour un SUV compact dont le prix débute, en 4×2 avec ce moteur 35 TDI (en fait un 2.0 TDI de 150 ch), à partir de 38 300 €. Notre modèle d’essai, bardé d’options et équipé du quattro et de l’excellente boîte S-tronic à 7 rapports (ce qui nous semble bien la moindre des choses sur un SUV qui se veut premium), fait ainsi un bond considérable avec ce même moteur pour s’afficher à partir de 46 200 € en finition Design Luxe ! Ce qui est choquant dans cette histoire, signe tangible que l’Etat français se fout vraiment de votre sécurité, c’est qu’au nom de « l’écologie », le malus monte à plus de 1000 € sur cette version équipée de 4 roues motrices, ce dernier chutant à seulement 50 € (120 g de CO2/km) en simple traction avant !

Avec la transmission intégrale quattro, le Q3 gagne surtout en efficacité et sécurité sur la route. Pour crapahuter, il faudra voir du côté du… Range Rover Evoque !

En 4×2 ou en 4×4, voilà un budget pour le moins salé qui vous permettra avec cette finition haut de gamme de jouir de l’excellente instrumentation 100% numérique (à prendre obligatoirement !), mais aussi la caméra de recul (très utile), sans oublier le plus discutable pilotage semi-automatique qui gère la direction, les freins et l’accélérateur. Pourquoi « discutable » ? Parce que quand on aime conduire, il est désagréable (et déstabilisant) de se laisser « driver » par une bête machine. Et, plus gênant, lorsque l’on conduit justement, il y a de quoi pester contre le système de maintien dans la voie qui génère un retour de force dans le volant, à chaque fois que l’on mord la ligne blanche, chose fréquente lorsque l’on « trajecte » entre deux virages !

Faire le job, sans passion

Si Audi propose son nouveau Q3 en une pétillante et élitiste version 45 TFSI de 230 ch, il nous apparaissait, pour coller une fois de plus avec les tristes réalités fiscales auxquelles l’automobiliste français est soumis, d’essayer plutôt cette variante 35 TDI. Car en dépit du récent et ridicule bashing diesel qui nous a été servi, ce type de moteur a encore toute sa raison d’être sur les grosses familiales et les SUV, surtout pour les gros rouleurs !

Ca tombe bien, car nous voilà en train d’arpenter depuis quelques heures déjà, les routes du sud marocain, du côté d’Agadir. Une région magnifique, mais où l’imprévu fait parti du voyage, y compris sur la route, au détour d’un virage, où des saignées et nids de poule succèdent brutalement à un beau revêtement. La « vallée du paradis » porte bien mal son nom, tant elle a tout d’un enfer pour les mécaniques

Q3
Avec la transmission intégrale quattro, le Q3 gagne surtout en efficacité et sécurité sur la route. Pour crapahuter, il faudra voir du côté du… Range Rover Evoque !

Des conditions délicates qui permettent au moins d’éprouver pleinement les freins, puis l’amortissement, et de se rendre compte que ce dernier filtre parfaitement bien les irrégularités, que ce soit en compression ou en détente. Ce qui fait également très bien le job est le tandem moteur-boîte, ce 2.0 TDI étant bien épaulé par les 250 Nm de couple disponibles dès 1500 tr/mn.

Les reprises n’ont rien de foudroyant, et à aucun moment la mécanique ne vous subjuguera par son brio, mais l’ensemble reste plaisant et efficace. Quant à la consommation moyenne, on est loin des 5,5 l/100 km annoncés par Audi, puisqu’il vous faudra tabler sur un bon 7 l/100 km. Cela n’a rien d’exceptionnel, mais une telle consommation demeure raisonnable pour un véhicule approchant les 1600 kg, et permet d’envisager une autonomie de 700 km, chose impossible avec un bloc essence de puissance comparable.

Talentueux et confortable sur la route, même lorsque celle-ci est difficile, le Q3 reste aussi digne lorsque le bitume s’efface sous le sable. En quittant le village de pêcheurs (et de surfeurs !) de Tagahzout, nous filons à bon train vers la réserve naturelle de Souss Massa. La route serpente sous les eucalyptus, et au détour d’un virage, l’horizon s’ouvre sur l’océan et des dunes de sable à perte de vue.

C’est gaz à fond que je m’élance sur cette étendue pas si désertique que cela, car un peu plus loin, j’aperçois le Q3 de confrères « plantés » jusqu’à l’essieu. Pour ne pas subir le même sort, je dois ruser, en conservant en permanence de la vitesse, mais aussi en essayant de rouler hors des traces, sur une fine pellicule dure en surface. Un stratagème qui me permet de passer, mais n’allez pas croire que le Q3, même doté du quattro, soit pour autant un 4×4. Il reste d’abord un SUV, doué certes d’une certaine capacité d’évasion, mais il trouvera vite ses limites.

L’avis d’Avus

Audi a corrigé tout ce qu’il fallait, là où il le fallait, au point de faire de ce nouveau Q3 le SUV compact premium le plus pertinent et polyvalent du marché. En plus d’être joli, son habitacle est spacieux, convivial et bien étudié. Et à la page avec ça, du moins si vous êtes prêt à cocher les bonnes options, ou à opter pour la bonne finition. Outre cet écueil, le seul bémol est que cette version 35 TDI, bien qu’efficace à la tâche, ne procure aucune sensation particulière. Conduire ce Q3, c’est d’abord choisir la raison, plus que la passion.

Avec ce 2.0 TDI de 150 ch, n’espérez pas vivre le grand frisson, mais il fait le job honorablement, au prix d’une consommation acceptable (7 l/100 km), à défaut d’être vraiment remarquable.

Fiche technique

On aimeOn aime moins
Comportement sûr et agréable Conduite fade
Ligne plaisantePrix élevé
Présentation intérieureMalus avec le quattro
Habitacle spacieux et bien penséOptions chères et nombreuse
  • Moteur : 4 cyl. turbodiesel et common rail, 1498 cm3
  • Puissance (ch à tr/mn) : 150 de 5000 à 6000
  • Couple (Nm à tr/mn) : 250 de 1500 à 3000
  • Transmission : aux roues avant ou sur les 4 roues (quattro)
  • Boîte : bvm6 ou S tronic à 7 vitesses (option)
  • Freins : 4 disques ventilés
  • Pneumatiques : 215/65 R 17 (AV et AR)
  • L x l x h (en m) : 4,48 x 1,85 x 1,61
  • Poids à vide (kg) : 1535
  • 0 à 100 km/h (sec) : 9,6
  • Vitesse maxi (km/h) : 211

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