Audi Q7 60 TFSIe, Moins nouveau qu’il n’y paraît
Avec sa grosse calandre à nid d’abeille et ses phares redessinés, le Q7 s’offre un nouveau visage. Un restylage accompagné d’une remise à niveau de sa chaîne de traction hybride-rechargeable, plus performante… et efficiente.
Par Thomas Riaud, photos Joseph Bonabaud
En bref
Q7 de seconde génération, second restylage
Nouvelle version 60 TFSIe, batterie de 25,9 kWh
Performances : 0 à 100 km/h en 5 sec, 240 km/h
Prix (à partir de) : 103 415 €
L’actuel Q7 de seconde génération n’est plus vraiment jeune, puisqu’il est apparu en 2015. Malgré d’indéniables qualités, à commencer par son habitacle richement doté pouvant embarquer jusqu’à 7 passagers, mais aussi ses moteurs puissants, il faut avouer que ce Q7 Mk2, très massif d’aspect, n’a jamais été un modèle d’élégance. Preuve en est, Audi n’a eu de cesse de tenter d’adoucir ce design martial, chose faite déjà en 2019 à travers un premier restylage. Mais pour tenir jusqu’en 2026, date de son renouvellement probable, Audi lui offre désormais un sérieux rafraîchissement cosmétique, transfigurant littéralement la face avant. Les phares Matrix LED (option laser possible) placés un peu plus hauts, inédits dans leur forme, présentent un nouveau contour, lui apportant un regard plus expressif. La calandre singleframe, à nid d’abeille et non plus à lamelles verticales, évolue également sensiblement (et peut recevoir un contour noir ou chromé), tout comme le bouclier, nanti de grosses prises d’air à l’aspect plus dynamique. De profil, ou de l’arrière, les différences sont en revanche bien plus légères. Elles se bornent surtout à l’apparition de nouvelles jantes et de teintes plus chatoyantes, comme le beau « rouge Chili » optionnel de notre modèle d’essai (1250 €), qui change des classiques gris, blancs ou noirs. Quant aux feux arrière à technologie OLED, si leur forme est inchangée, ils disposent d’une signature lumineuse revue et corrigée paramétrable via le MMI (Multi Media Interface), offrant un choix entre 4 combinaisons.

› C’est surtout la face avant qui a bénéficié de sérieuses retouches, au niveau des phares, de la calandre et des boucliers. L’ensemble paraît plus harmonieux.
Voilà pour la forme. Sur le fond, Audi a simplifié son offre et supprimé de sa gamme européenne les blocs les plus gourmands, de plus en plus pénalisés par des malus dont nous avons le « privilège ». A la place, le constructeur préfère miser sur l’hybride-rechargeable (PHEV), bien plus politiquement correct et économique à l’usage. C’est vrai, c’est une solution pertinente… mais à condition de recharger les batteries dès que possible ! Car dans le cas contraire, on se retrouve condamné à solliciter plus que de raison le bloc thermique, qui va avoir fort à faire pour déplacer un surpoids de plus de 300 kg à cause de l’emport des batteries. Mieux vaut donc y penser, car notre version de pointe 60 TFSIe est toujours dotée en bloc principal d’un noble V6 3.0 de 340 ch, naturellement vorace en sans plomb pour déplacer un tel équipage. Mais pour rester plus facilement dans les clous, ce Q7 « écolo » se voit adjoindre les services d’une batterie à plus grande capacité de 25,9 kWh, alimentant un moteur électrique plus puissant de 130 kW. Un subterfuge qui change tout, puisque selon les normes WLTP en vigueur (assez ridicules, il faut l’avouer), ce SUV XXL est homologué pour une consommation moyenne donnée à seulement 1,9 l/100 km et 29 g/CO2 au kilomètre. Autant dire, bien moins qu’une modeste Renault Twingo, ce qui lui permet d’esquiver tout malus !

› A cause de l’emport de grosses batteries placées sous le plancher du coffre, ce Q7 PHEV ne peut offrir plus de 5 places.
Plus techno
A bord, les changements se font discrets, mais réels, en évoluant vers davantage de technologie encore. Outre la présence de nouveaux inserts décoratifs, on note surtout l’introduction du système Audi Connect permettant de déverrouiller le Q7 avec son Smartphone, tandis que les passagers peuvent désormais profiter de nouvelles applications comme Amazon Music ou Spotify. Le système d’info-divertissement peut, par ailleurs, être remis à jour à distance, tandis que le virtual cockpit à affichage variable livre désormais quelques informations inédites, liées aux aides à la conduite, de plus en plus présentes. Si on se passerait bien de celles-ci tant elles se montrent invasives et viennent « polluer » la conduite (elles sont heureusement déconnectables mais s’activent automatiquement à chaque démarrage), le vrai gain de cette nouvelle version de Q7 est l’adoption, en série, de l’excellente suspension pneumatique à régulation électronique. Celle-ci offre un confort exemplaire malgré la monte d’énormes roues de 21’’, mais permet aussi de s’adapter à tous les terrains, en jouant sur la garde au sol, qui est de 21 cm en conditions normales. Elle abaisse ainsi automatiquement la ceinture de caisse de 3 cm sur voie rapide (ce qui permet d’améliorer l’aérodynamisme, et donc de moins consommer), mais aussi, au contraire, d’élever l’assiette jusqu’à 6 cm lorsque l’on sélectionne, via l’Audi Drive Select, le bien-nommé mode « off road » permettant de s’aventurer dans les chemins.

› L’intérieur, vaste et très bien fini, dispose d’une technologie « 2.0 » remise à jour.
Sous le capot, on vous l’a dit, l’offre est sérieusement simplifiée. Le très convaincant diesel 50 TDI est heureusement maintenu (à partir de 89 500 €), mais inutile de dire que ce V6 3.0 de 286 ch sobre et fort en couple est méchamment impacté par le malus. Si le fabuleux SQ7 risque de devenir encore plus anecdotique avec son V8 4.0 TDI de 507 ch (à partir de 130 500 €), chez nous, l’essentiel des ventes va se focaliser sur deux versions hybrides rechargeables, pour l’instant exemptées de malus, bien que disposant chacune d’un bon vieux V6 3.0 essence de 340 ch en moteur principal. Outre une version 55 TFSIe en entrée de gamme déjà très convaincante (394 ch en puissance cumulée, prix à partir de 95 415 €), Audi propose aussi cette variante 60 TFSIe qui veut réunir le meilleur des deux mondes, en restant également économique à l’usage, mais aussi plus sportive. C’est vrai qu’avec 490 ch en puissance cumulée, il y a du monde dans la salle des machines. Tant mieux, car ce mastodonte de 5m06 de long accuse tout de même 2460 kg à vide sur la balance. Mais grâce à un couple conséquent de 700 Nm, et la présence enfin possible sur une hybride rechargeable des roues arrière directrices, ce Q7 a de quoi satisfaire les plus exigeants…

› Cette version 60 TFSIe cumulant jusqu’à 490 ch donne des ailes au Q7, tout en soignant la consommation moyenne, guère plus élevée qu’avec un gros diesel… mais sans malus !
Bon élève mais « peut mieux faire »
Sans surprise, ce Q7 électrifié démarre en silence, en privilégiant la batterie. Celle-ci, bien plus puissante, délivre donc désormais 25,9 kWh et prend toujours place sous le plancher du coffre. Une disposition rationnelle, mais qui interdit malheureusement de prendre l’option 7 places. Sur le papier, cette grosse « pile » peut offrir jusqu’à 90 km d’autonomie en électrique. Ce serait assez bien si ce Q7 tenait ses promesses, mais dans « la vraie vie », n’espérez pas faire plus de 60 km, ce qui reste bien en-deçà des références en la matière, qui visent désormais sans sourciller les 100 km en autonomie réelle. Il faudra attendre la prochaine génération de Q7 pour avoir mieux sur ce point. Du coup, afin d’approcher les valeurs annoncées par Audi, il faudra songer à recharger après chaque utilisation… à condition bien sûr de ne pas dépasser 60 km, sans quoi, le bloc thermique reprendra le relais, faisant immanquablement exploser la consommation au-delà de 10 l/100 km. Dommage, car ce Q7 est vraiment très agréable à mener, et ce, sur tous les terrains. Plus maniable en ville grâce à ses roues arrière directrices (rayon de braquage de 12,5 m), ce Q7 est aussi plus agile sur route dans les virages, et sait même procurer un vrai plaisir de conduite grâce à son couple de remorqueur, combiné à ses 4 roues motrices permanentes (quattro) et sa suspension adaptative.

› Le Q7 reste un vrai SUV capable, grâce à sa transmission intégrale quattro et son mode « off-road », de s’aventurer dans les chemins creux.
La moindre flexion sur la pédale de droite a vite fait d’effacer les obstacles et le paysage, avec des accélérations étonnantes pour un engin de ce gabarit (0 à 100 km/h en 5 secondes), lorsque les deux moteurs travaillent de concert. Le tout dans un confort royal, procuré certes par la suspension, mais aussi par le moelleux des grands sièges électriques, sans oublier la douceur et rapidité de la boîte auto à 8 rapports ou encore la parfaite isolation phonique, assurée par un double vitrage. De quoi envisager de voyager loin et sereinement, avec un rayon d’action de plus de 700 km avec les pleins. Et batterie vide, sachez qu’il en reste toujours encore un peu, suffisamment pour que ce Q7 se comporte comme une « full hybride », en sollicitant dès que possible le moteur électrique tant que l’on roule sagement, dans des bouchons par exemple, ou pour manœuvrer. Car à chaque freinage ou levé de pied, on récupère de l’énergie pour recharger les batteries. Alors, oui, bien sûr, ce grand SUV premium facturé à partir de 103 415 € sans option dans cette configuration reste cher. Mais sa consommation mixte homologuée à seulement 1,3 l/100 km et ses rejets limités à 29 g permettent d’éviter tout malus. Une consolation fiscale qui a son importance par les temps qui courent, surtout sur un SUV frappé d’une puissance fiscale de 22 CV !

L’avis d’Avus
Ce restylage permet au vieillissant Q7 de revenir dans la course aux grands SUV premium, mais il est regrettable que son architecture ne permette toujours pas de bénéficier de l’option 7 places qui lui donne tout son sel. L’autre déception reste son autonomie limitée en mode 100% électrique, bien loin des références du marché qui approchent, ou dépassent même, désormais les 100 km d’autonomie sans consommer une goutte de pétrole. Et la taille de la batterie n’est pas sans conséquence sur la capacité du coffre, qui perd au passage quelques précieux dm3 (563 dm3). En revanche, il faut saluer le plaisir de conduite offert par ce SUV à vocation « écolo », qui prouve que l’électrification partielle n’est pas forcément une punition. Et ce Q7 séduit toujours par sa belle polyvalence, en disposant d’un mode « off road » lui apportant de vraies capacités d’évasion qui échappent à ses rivaux. Dommage que, comme trop souvent chez Audi, il faille casser sa tirelire pour en bénéficier… sans parler des nombreuses options disponibles facturées, elles aussi, au prix fort.

« Il faut saluer le plaisir de conduite offert par ce SUV à vocation « écolo », qui prouve que l’électrification partielle n’est pas forcément une punition »
On aime:
• Ligne plus élégante
• Intérieur vaste et high-tech
• Comportement sûr et efficace
• Agrément de conduite
• Autonomie électrique en progrès
On aime moins:
• Poids et encombrement importants
• Consommation moyenne élevée si batteries vides
• Option 7 places indisponible
• Capacité du coffre réduite
• Autonomie électrique perfectible
• Prix élevé
Fiche technique Audi Q7 60 TFSIe:
Moteur : 6 cylindres en V de 340 ch,
turbo + moteur électrique de 130 kW
Puissance : 490 ch en cumulé à 4500 tr/mn
Couple : 700 Nm en cumulé
Transmission : quattro, bva à 8 rapports
Dimensions (L x l x h) en m : 5m06 x 1m97 x 1m74
Poids : 2460 kg
0 à 100 km/h (sec) : 5
Vitesse maxi (km/h) : 240
Conso moyenne (WLTP) : 1,3 l/100 km
Rejets de CO2 : 29 g/km