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Audi A3, Attaque sur les compactes

Au milieu des années 90, la petite berline traditionnelle est en perte de vitesse, surtout en Europe, au profit de la berline compacte à hayon. Une raison qui pousse Audi à dégainer l’A3, une petite auto BCBG qui va littéralement booster ses ventes et même inquiéter une certaine Golf !

Par Joseph Bonabaud, photos Thomas Riaud

En bref

Première A3
Version S3 de 220 ch
Vitesse maxi : 243 km/h
Cote 2023 : 15 000 € (pour S3)

Lancée en 1974, la Volkswagen Golf a montré la voie à suivre en mettant le curseur là où il fallait en termes de gabarit. Proposée tant en 3 portes qu’en 5 portes, avec des petits et gros moteurs (GTI), elle rencontre partout le succès en Europe, et même jusqu’aux Etats-Unis. Audi s’est bien aventuré sur cette catégorie avec la petite 50, mais celle-ci, plus petite, a tout de suite été cataloguée comme une citadine ou comme « seconde voiture »… et a vite été vendue par Volkswagen sous le nom de Polo, un cran en-dessous la Golf. Chez Audi, pour avoir un modèle plus spacieux, il fallait nécessairement voir du côté de l’Audi 80, une classique berline 3 volumes rebaptisée A4 au milieu des années 90. C’est précisément à ce moment que le constructeur aux Anneaux opère un véritable chambardement en profondeur dans sa gamme, en lançant en 1996 l’inattendue A3.
D’emblée, elle séduit par son esthétique avantageuse, prenant des airs de nouvelle A4 au niveau de la face avant, tandis que le profil évoque presque un petit break de chasse avec sa longue et fine vitre de custode latérale, l’auto n’étant initialement disponible qu’en 3 portes. Car bien évidemment, l’arrière bénéficie de la greffe d’un hayon, élément indispensable pour répondre aux critères de la parfaite berline compacte. Malgré un positionnement plutôt haut de gamme, et des tarifs en conséquence, plus élevés que ceux de la Golf, l’A3 (8L pour les intimes), l’Audi A3 connaît d’emblée un formidable succès commercial, signe qu’Audi avait vu juste et placé le curseur là où il fallait. Et même plus haut que chez la concurrence, en dégainant en 1999 la sulfureuse S3, nantie d’un 4 cylindres 1.8 turbo 20v développant initialement 210 ch, la transmission quattro (à Haldex) étant bien sûr livrée d’office sur cette version de pointe. Toujours cette même année, à l’occasion d’un léger restylage, l’A3 est déclinée en une plus pratique version 5 portes, promise elle-aussi à un beau succès. Quant à la S3 qui nous intéresse, elle voit sa puissance pourtant confortable faire un bond à 225 ch à partir de 2001, histoire de tenir à distance la concurrence. Mais quelle concurrence au fait ?
A ce niveau de luxe et de puissance, seule la Golf se pose en challenger, bien que la version la plus désirable, l’atypique VR6 à 6 cylindres, plafonne à 174 ch. Quant aux grosses GTI françaises, les efficaces Peugeot 306 S16 et Citroën Xsara VTS, elles font cause commune (groupe PSA) et alignent au mieux avec leur 4 cylindres 2/0 16v litres 167 ch. Seul BMW se distingue vraiment avec son atypique 325ti Compact, son beau 6 cylindres en ligne délivrant 192 ch. Bien sûr, au-delà de ces versions sportives, toujours bonnes pour l’image, le gros des ventes se fait avec les fameux TDI, qui offrent, là encore, des niveaux de puissance très confortables pour la catégorie, le 1.9 TDI proposant 110 ch, voire même jusqu’à 130 ch pour ses meilleures versions. Evidemment, rentabilité de groupe oblige, il y a une vraie synergie organisée entre Volkswagen et Audi, ces TDI étant aussi proposés sur la Golf (et même la Passat). Il en va de même de la plateforme, chipée également… à la Golf ! En clair, l’A3 est une Golf à la sauce Audi, c’est-à-dire en mieux (finition encore plus valorisante, dotation plus riche, plastique spécifique plus avantageuse…), mais vendue au prix fort. Un modèle bankable !

Bankable !

Bankable, l’A3 l’est encore davantage lorsqu’elle monte en gamme, pour se transformer comme ici en S3. Notre sublime modèle de 2002, présenté dans une rare livrée « jaune Imola », reste pour le moins sobre en présentation… si l’on fait exception de cette couleur ! Chic, mais pas choc, on remarque à peine la présence d’un châssis surbaissé garni de bas de caisse profilés, et des ailes subtilement élargies, indispensables pour accueillir une monte généreuse de 17 pouces. Dernier détail : l’adoption de boucliers spécifiques redessinés, utiles pour mieux refroidir le moteur à l’avant, ou intégrer la double sortie d’échappement à l’arrière, sans oublier les incontournables coques de rétroviseurs en alu. Les performances, explosives pour le segment, posent carrément de nouveaux jalons pour la catégorie.
Y compris en matière de qualité perçue et de présentation. La version présentée ici est « full option » et dispose même d’une rare sellerie mixte cuir-alcantara assortie à la teinte de la carrosserie. C’est « flashy » et moderne, et tout cela insuffle à notre S3 un salutaire coup de jeune, chose moins évidente sur un exemplaire gris métal doté d’un intérieur en cuir noir plus conventionnel. Voilà pour la forme, car pour le fond, la S3 possède bien les attributs de l’authentique sportive. Petit volant « sport » à la jante épaisse garnie de cuir tombant parfaitement sous la main, mais aussi sièges Recaro au maintien latéral exemplaire concourent à procurer une excellente position de conduite et ce, d’autant plus que tout s’ajuste au millimètre, dans tous les sens. Autre bon point : la finition, saluée à l’époque pour sa présentation et sa qualité, qui continue aujourd’hui de forcer l’admiration ! Enfin, en tant que haut de gamme de l’époque, la S3 bénéficie d’une dotation archi-complète qui, mis à part l’absence d’un GPS intégré, n’a pas trop souffert du poids des ans. Clim automatique, vitres et rétroviseurs électriques, hi-fi haut de gamme apportent un réel bien-être. Chez Audi, « sportive » ne veut pas dire pauvre et rustique ! Et sur la route, cette S3 qui accuse désormais plus de 20 d’âge, possède encore tout ce qu’il faut pour donner le sourire à son conducteur… s’il ne passe pas trop fort devant une « boite à images » !

Citron pressé

Une fois le 1.8 turbo à température, mamie fait plus que de la résistance en prodiguant encore de très vives accélérations ! Déjà, sans « tirer » abusivement sur son pétillant 4 cylindres, le couple appréciable de 280 Nm déboule sans prévenir dès 2200 tr/mn. Et en insistant un peu plus sur la pédale de droite et en jouant des 6 rapports de la boîte, par ailleurs très bien guidée, on se prend vite au jeu, en se laissant griser par de belles relances. Pour information, notre « citron pressé » abat ainsi le 0 à 100 km/h en tout juste 6,6 secondes, valeur remarquable que l’on peut attribuer en partie à son poids encore contenu, donné à 1185 kg ! Pour ne rien gâcher, tout est du même tonneau, avec une direction parfaitement calibrée et un freinage, assuré par 4 gros disques ventilés, qui répondent toujours présent, même après de fortes sollicitations.
Deux regrets toutefois… Primo, le comportement, typé sous-vireur à la limite d’adhérence, n’est pas très ludique pour une sportive. Secundo, la S3 fait montre d’une belle rigueur sur le plan du comportement, mais cela se fait au détriment du confort, chose évidente sur une petite route bosselée abordée à vive allure (autant dire, presque tout le temps !). Des écueils qui n’enlèvent cependant rien au charme de cette compacte musclée, qui s’apprécie pour sa belle polyvalence et sa remarquable faculté à évoluer vite, et sereinement, sur tout type de terrain, avec une prédilection marquée pour le billard de la file de gauche d’une Autobahn. On ne se refait pas !

L’avis d’Avus

Avec la première A3, Audi a réalisé un véritable hold-up sur la catégorie des berlines compactes, au point de faire vaciller de son trône l’indéboulonnable VW Golf. Mieux, avec l’élitiste S3, Audi s’est même retrouvé pendant un bon moment seul au monde, le temps que la concurrence réagisse. Vrai succès commercial, la première A3 aura été au total écoulée à 903 365 exemplaires ! Et avec désormais plus de 5 millions d’unités vendue à travers le monde elle continue de rouler vers le succès, à travers une quatrième génération encore plus talentueuse. Mais elle doit désormais apprendre à partager avec les BMW Série 1 et Mercedes Classe A. La concurrence a ceci de sain qu’elle stimule Audi à faire toujours mieux, et l’existence même de ces rivales directes prouve que la marque aux Anneaux avait bien mis dans le mille…

 

On aime

Look séduisant
Présentation intérieure
Moteur enthousiasmant
Efficacité générale
Performances élevées

On aime moins

Comportement peu ludique
Confort dégradé
Devient rare en bel état d’origine
Souvent fortement kilométrée

Caractéristiques techniques : Audi S3 (modèle 2002)

Moteur : 4 cylindres turbo 20V de 1781 cm3
Puissance (ch à tr/mn) : 225 à 5900
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 280 à 2200
Transmission : aux 4 roues (quattro)
Boîte mécanique à 6 rapports
Freins : 4 disques ventilés, ABS
Pneus : 225/45 WR 17
Dimensions (L x l x h) en m : 4,16 x 1,76 x 1,42
Poids à vide (kg) : 1185
Coffre (litres) : 270
Réservoir (litres) : 62
Performances
Vitesse maxi (km/h) : 243
0 à 100 km/h (sec) : 6,6

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