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Audi 100 « C1 », Toute première fois

Dans la vie, « les premières fois », ça compte ! Dans le cas d’Audi, la fameuse 100 tient une place à part, puisque la berline « type C1 » fut la toute première conçue en interne par les ingénieurs d’Ingolstadt. Une voiture-clé qui allait mettre Audi sur orbite !

Par Thomas Riaud, photos Thomas Riaud

En bref

Audi 100 « C1 », premier modèle conçu en interne
Période de commercialisation : 1968 – 1976
Production totale : 827 474 exemplaires
Cote actuelle : 12 000 € en parfait état

Lorsque Volkswagen réactive Audi, marque disparue durant la guerre au profit d’Auto Union, l’idée initiale est de proposer une gamme de voitures de gamme moyenne supérieure, plus modernes que la Coccinelle et ses dérivés, pour concurrencer les traditionnelles Ford et Opel en Europe. Les débuts d’Audi sont bien modestes, avec le « travestissement » à bon compte de l’antique DKW F102, une berline sans charisme motorisée par un antédiluvien moteur à 2 temps. En devenant l’Audi 60, Volkswagen scelle ainsi la fin de DKW, marque qui produisait des modèles populaires, et donc qui faisait doublon avec la star de VW, la Coccinelle. En se transformant en Audi 60, la voiture a bénéficié d’une refonte de la face avant, avec la greffe d’une calandre inédite flanquée de 4 anneaux, symbole historique d’Auto Union, mais surtout de l’adoption d’un plus moderne et convaincant moteur 4 cylindres 1.8 à 4 temps refroidi par eau… dont le brevet a été racheté à Mercedes. Déclinée également en break Variant, l’Audi 60 parvient à se faire une place honorable sur le marché, grâce à une finition rigoureuse et des qualités routières honorables. Mais à Ingolstadt, les responsables rêvent de développer en interne une vraie Audi, inédite du châssis au pavillon.

Pour faire autre chose que de la figuration sur le marché, il leur paraît opportun de concevoir une grande routière, un segment alors très important, plébiscité par les automobilistes. Le souci est qu’aucun projet de ce type n’est à l’ordre du jour, l’usine d’Ingolstadt servant à fabriquer la « nouvelle » Audi 60 et… la Coccinelle. Mais Ludwing Kraus, un ancien ingénieur de chez Mercedes alors en charge de la jeune marque Audi, ne croit pas en la pérennité de la vieillissante Coccinelle, dépassée techniquement avec son moteur refroidi par air placé à l’arrière. Il fait donc étudier, dans la plus grande discrétion et principalement sur son temps libre, la mise au point de la fameuse grande berline du renouveau. Totalement inédite, cette grande traction avant bénéficie même d’un développement de la carrosserie par ordinateur (une grande première !), et ce n’est qu’une fois un prototype terminé  qu’il le présente, en 1968, au directoire de Volkswagen. Les réactions sont mitigées, avec la désagréable sensation de se retrouver devant le fait accompli, mais l’auto est si aboutie et novatrice que le directoire donne son feu vert pour une mise en production ! C’est chose faite dès octobre 1968…

Prise d’indépendance

En validant cette inattendue berline 100 (nom donné en référence à la puissance du plus gros moteur développant 100 ch), Volkswagen accepte par là-même de donner, implicitement, une vraie indépendance à Audi. Et les transferts de technologies ne se feront pas attendre bien longtemps, au seul profit de Volkswagen, le géant de Wolfsburg annexant dans un premier temps la future NSU pour en faire une K70 replâtrée à la va-vite, sorte de Passat avant l’heure. Cette opération sera d’ailleurs renouvelée maintes et maintes fois, VW s’accaparant ensuite quelques Audi, comme la petite 50 qui deviendra la première Polo, ou l’Audi 100 de seconde génération, rebaptisée « Passat ». Mais revenons à notre Audi 100, dont nous vous présentons ici une superbe représentante, une version d’entrée de gamme de 1973 dotée du petit 1.8 dégonflé à 80 ch. Question style, peu importe le moteur : la première Audi 100 fait un sans-faute ! Elle parvient à conserver les grandes lignes de la DKW F102, mais en gagnant des centimètres tant en longueur qu’en largeur, tout en étant quelque peu abaissé, l’ensemble s’en trouve avantageusement transfiguré.

Pour gagner un large public, l’Audi 100 se voit proposée en 3 versions, son 4 cylindres 1.8 longitudinal étant décliné en 3 niveaux de puissance (89, 90 et 100 ch). Et après la classique berline à 4 portes, la carrosserie la plus diffusée, Audi va introduire à partir de 1969 une rare version coach 2 portes, sensiblement plus haut de gamme d’aspect avec son toit en vinyle. Mieux, dès 1970, une sublime variante coupé est introduite, la 100 S Coupé, faisant regretter de ne pas disposer d’une mouture encore plus volontaire du 1.8, bien qu’il se voit « poussé » à 115 ch. Car l’Audi 100 est une auto bien née, bénéficiant d’un excellent comportement routier. Outre le fait que l’on a affaire à une traction, donc plus facile à appréhender qu’une propulsion – surtout sur chaussée glissante ! – l’auto adopte un innovant train arrière équipé d’un essieu rigide avec barres de torsion, assurant un bon confort et en optimisant le contact des roues avec la route. En outre, cette grande berline de 4m62 facilite sa conduite en disposant d’une généreuse surface vitrée, ce qui profite à la sécurité active.

Du « 100 » neuf

C’est vrai que l’on se sent vite bien à bord de cette routière. On y trouve rapidement ses marques, tant à l’avant qu’à l’arrière, l’habitabilité étant très généreuse. Malgré une tentative de « faire riche » en ayant recours à des appliques en bois courant sur la planche de bord, un sigle « Audi » venant même habiller celle-ci, la dotation de série reste relativement pauvre. Il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’œil sur l’instrumentation pour s’en convaincre. Celle-ci comprend un compteur de vitesse gradué jusqu’à 200 km/h, une montre pour surveiller sa moyenne, un indicateur de température d’eau, et quelques témoins d’alerte. On ne risque pas d’être distrait durant la conduite ! J’oubliais, il y a aussi un rappel du schéma de guidage de la boîte manuelle à 4 rapports. Une boite qui se laisse d’ailleurs manier du bout des doigts, tant elle se montre bien guidée et synchronisée, mais on peut lui reprocher un échelonnement un peu long. Longues sont aussi les accélérations, notre placide Audi 100 illustrant cet article disposant pourtant de la configuration la plus « méchante » du 1.8, à savoir la version de 100 ch. Avec cette version de pointe, l’exercice du 0 à 100 km/h est abattu en 13 sec, alors imaginez avec la modeste variante de 80 ch. Car la qualité de fabrication se paye sur la balance, et si son poids à vide donné à 1080 kg peut aujourd’hui faire rêver – à une époque où nos citadines devenues obèses approchent les 1300 kg – cet embonpoint pénalise les performances.

L’agrément de conduite n’est pourtant pas mauvais, au contraire même, l’ensemble restant très cohérent à l’usage. Et si la direction séduit par sa précision à « haute vitesse », elle pâtit en revanche d’une certaine lourdeur en manœuvre. Des qualités objectives qui ont su séduire une large clientèle à l’époque. D’ailleurs, pour répondre à la demande, la production est délocalisée à Neckarsulm, dans l’ancienne usine NSU (aujourd’hui dédiée aux modèles Audi Sport). Et à partir de 1974, on note l’apparition d’un nouveau moteur économique mais à fort rendement (pour l’époque), un plus léger et compact 1.6 de 85 ch équipé d’un arbre à cames en tête. La première Audi 100, véritable succès populaire, s’écoulera jusqu’en 1976 à 827 474 exemplaires, signe de sa pertinence.

L’avis d’Avus

Acquérir aujourd’hui une Audi 100 de première génération relève de l’acte militant, cette auto pouvant être considérée comme désuète à bien des égards, sans compter un manque criant de pièces spécifiques, rendant l’entretien compliqué ! Ceci vaut surtout pour la plus commune berline, les rares coachs et coupés, nettement plus séduisants, méritant bien un sacrifice. Il n’empêche, il devient urgent de sauver les berlines qui peuvent encore l’être, cette Audi présentant une évidente dimension « historique » pour la marque aux Anneaux. Première d’une longue saga constituée de 4 générations – dont la fameuse C3 à la carrosserie très aérodynamique – l’Audi 100 restera un best-seller de la catégorie durant 26 années d’affilée, jusqu’à l’introduction de la première A6 en 1994. Le début d’une autre belle aventure industrielle…

Merci à Jérôme Duguet de Sportwagen Paris (tel : 06 10 17 2 84), pour la mise à disposition de ce superbe exemplaire destiné à la vente.

On aime

Audi historique !
Qualité de fabrication
Excellente habitabilité
Comportement sain et sans surprise
Cote encore attractive (sauf coupé)

On aime moins

Performances quelconques
Equipement pauvre
Pièces spécifiques introuvables

 

Audi 100 GL, 1973

Moteur : 4 cylindres en ligne, 1871 cm3
Alimentation   : un carburateur Solex double corps
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 80 à 5800
Transmission   : roues avant, boîte mécanique 4 rapports
Suspension AV : double triangulation, ressorts hélicoïdaux
Suspension AR : essieu rigide, barre Panhard, bras longitudinaux, barres de torsion
Freins  : Disques pleins (av), tambours (ar)
Dimensions L x l x h (m) : 4,62 x 1,73 x 1,42
Poids (kg) : 1080
Pneus  : 165 SR 14
Vitesse maxi   (km/h) : 175
0 à 100 km/h   (sec) : 13
Cote en 2023 : 12 000 euros en parfait état

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