Fauteuil d’orchestre
Allemand de naissance mais français de cœur, Robert Breschkow, actuel PDG d’Audi France, a fait ses armes dès 2003 dans le groupe Volkswagen. Fin connaisseur de la marque Audi pour laquelle il a déjà œuvré à Ingolstadt mais aussi à l’étranger, Robert Breschkow a repris la direction d’Audi France l’été dernier. Il nous a accordé cette interview exclusive…
Propos recueillis par Thomas Riaud
Marc Ouayoun n’aura pas vraiment eu le temps de laisser son empreinte à la tête d’Audi France car, après seulement 2 ans d’activité, il a eu l’opportunité de prendre la direction de Peter Auto. Une chance unique qu’il ne pouvait pas laisser passer, lui qui a toujours été profondément amoureux des anciennes voitures ! Avec désormais Robert Breschkow aux commandes, Audi France semble être entre de bonnes mains. En tout cas, c’est sur le terrain que notre homme prend le pouls de l’entreprise. « Le réseau est le cœur d’Audi, puisque c’est là que se trouvent les connexions entre nos clients et nos voitures, mais aussi nos services. Je viens d’effectuer une tournée du réseau, qui compte près de 150 concessions dans l’hexagone. Cela fait bien sûr de longues journées, avec beaucoup de déplacements, mais c’est une chance de travailler pour une marque comme Audi. Ce que je peux vous dire c’est que les « terminaux » (NDLR : les concessions) seront bientôt « relookés », et je ferai des annonces importantes à la rentrée, en septembre. Aujourd’hui, il est clair que « Audi is back », avec une offensive produit vraiment inédite, sur presque tous les segments. On commence à récolter enfin les fruits de ce que l’on a semé, et je suis assez confiant en l’avenir, avec une dynamique commerciale forte ».
Il est vrai qu’après des années 2021-2022 difficiles, on a rarement vu autant de lancements de nouveautés se succéder à un tel rythme ! Mais la stratégie d’Audi France ne se limite fort heureusement pas qu’aux lancements en rafale de nouvelles voitures. Robert Breschkow se réjouit qu’Audi soit également particulièrement performant sur les véhicules d’occasion. « Ils sont révisés et garantis par notre réseau, ce qui permet à beaucoup de découvrir la marque. Les autos proposées étant naturellement plus abordables, cela a du sens en temps de crise, et ce levier se révèle particulièrement bien adapté au marché français dans le contexte actuel. Et j’insiste pour dire que l’expérience client est identique en occasion à ceux qui se tournent vers le neuf ». Comme nous avons pu le constater par nous-même lors d’opérations spéciales (comme les Audi endurance expérience), être client Audi, ce n’est pas uniquement posséder une voiture flanquée des 4 anneaux : c’est en effet accéder à un « écosystème » en faisant vivre au client des expériences autour de la marque, grâce au concours de leur concessionnaire, ou via l’application « my Audi ».
Robert Breschkow poursuit… « Il s’agit de bien connaître nos clients, afin de leur proposer des activités proches de leurs centres d’intérêt, y compris dans le monde des arts ou de la culture. Je me fixe des objectifs ambitieux, mais réalistes. J’ai la chance d’être bien entouré et je n’hésite pas à déléguer auprès de personnes de confiance. Je veux qu’après des années difficiles, on retrouve notre place sur le premium qui est la nôtre. Et malgré de bons résultats en matière de « satisfaction client », je souhaite progresser encore dans ce domaine ». Pour faire la différence avec ses prédécesseurs, Robert Breschkow a un atout de taille : sa nationalité.
« Lorsque je vais en Allemagne au siège, je m’exprime dans la même langue que mes patrons et collègues, et j’ai naturellement une oreille attentive. Cela permet de mieux faire passer les messages, mais aussi de faire comprendre des situations propres à la France qui paraissent, vues d’Allemagne, parfois difficiles à cerner. Je fais par exemple allusion à la fiscalité automobile française, qui est sans doute aujourd’hui la plus lourde et contraignante au monde. Heureusement que nous avons de nouvelles voitures bien calibrées pour limiter les pénalités financières. Il s’agit de modèles phares situés au cœur de notre gamme, destinés à faire de gros volumes. Et mon rôle est un peu comparable à celui d’un chef d’orchestre :
on doit tous travailler de concert, en harmonie, pour atteindre nos objectifs ».
Au-delà de cette fiscalité devenue folle qui étrille de façon incompréhensible de nombreux modèles – et pas forcément puissants et sportifs – qui interpelle le directoire allemand, je vois pour ma part une « fausse note » avec la disparition, coup sur coup, de modèles « passion » comme les A5 coupés et cabriolets, le TT et la R8… si bien qu’il n’existe plus un seul modèle semblable dans la gamme. Mais Robert Breschkow se veut rassurant. « Vous avez raison, mais cela ne va pas durer. Au-delà de l’e-tron GT qui offre une expérience de conduite sportive et inédite, nous sommes en train de nous réinventer en préservant certains fondamentaux au niveau du style, et je peux vous assurer qu’Audi travaille actuellement sur une prochaine « emotional car ». Pour l’heure, nous poursuivons le renouvellement de notre cœur de gamme jusqu’en 2026, et à partir de 2027, vous verrez l’arrivée sur le marché de modèles plus récréatifs ». Pari tenu : nous attendons avec impatience tout cela de pied ferme !