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D’hier à aujourd’hui : Audi TT Quattro Sport vs Audi TT Mk3

Les jeunes peinent, parfois, à comprendre leurs aînés, mais sans eux, ils ne seraient pas là ! Mieux, ils bénéficient sans le savoir d’ADN commun légué en héritage direct. C’est ce que devrait se dire l’actuelle TT, toujours partante pour rouler les mécaniques, face à la première mouture. Celle-ci a encore son mot à dire, surtout à travers cette rare déclinaison « Quattro Sport » !

Par Joseph Bonabaud, photos Thomas Riaud

En bref

Rencontre entre le TT Mk1 et le TT Mk3
Puissance : 240 ch (TT Mk1) et 245 ch (45 TFSI)
Cote TT Mk1 Quattro Sport : 25 000 € environ

Vingt-cinq ans. Ou un quart de siècle si vous préférez. Lorsqu’Audi a commercialisé en 1998 le TT, premier du nom, le constructeur aux Anneaux a alors enfanté une auto extraordinaire, au style pour le moins rafraîchissant. Pour Audi, rien ne sera plus jamais comme avant, le TT donnant au constructeur une image bien plus jeune et tendance, chose qui lui manquait auparavant. Il est vrai que ce petit coupé est un véritable manifeste de design, à tel point qu’à l’époque, il semblait être un concept échappé d’un salon !  C’est vrai qu’au Salon de Paris 1998 – j’y étais – c’était l’émeute sur le stand Audi. Tout le monde n’avait alors d’yeux que pour le TT, éclipsant alors les autres nouveautés de la concurrence. Tout est génial dans cette auto, à commencer par le nom, bien à part dans la généalogie de la gamme Audi. Il fait pourtant référence au Tourist Trophy, une course de dingues en moto qui se tient depuis près d’un siècle sur l’île de Man. NSU, ancienne marque d’Auto Union, y a glané quelques lauriers, et c’est ouvertement à cette noble marque disparue que le TT rend hommage.

Et puis, dans le patronyme « TT », il y a une parfaite symétrie qui transpire dans ce style fort composé d’une succession d’arches. Outre celles coiffant les solides roues en aluminium, qui rappellent par leur style les Auto Union de course, on note la silhouette épurée qui va de la proue à la poupe sans aucune rupture. Enfin, il y a cette dernière arche qui coiffe le toit bombé, avec toutefois des montants arrière semblant prendre naissance au-dessus des roues arrière, donnant à l’auto la posture d’un animal prêt à bondir, même à l’arrêt. Et puis il convient de saluer la pureté générale de cette ligne que rien ou presque ne vient perturber. La calandre et les optiques sont placées à fleur de la carrosserie, tout comme la trappe à carburant taillée dans de l’aluminium brut, elle-aussi clairement dérivée dans l’esprit de la course auto. Pourtant le premier TT demeure à la base un coupé grand public, affiché à un prix presque raisonnable, prouesse rendue possible par une parfaite synergie avec Volkswagen, qui a fourni à Audi la plate-forme (celle de la Golf 4), mais aussi les moteurs et les boites de vitesses. Malgré ce partage, impossible de déceler la présence de la moindre pièce signée VW tant tout est parfaitement habillé, avec des pièces spécifiques.

Le diable s’habille en Prada

Cela vaut aussi pour le traitement de l’habitacle, qui ne ressemble à aucun autre intérieur. Outre une qualité de fabrication propre aux standards Audi, avec l’emploi de plastiques généreusement moussés, parfaitement assemblés, on est surpris de voir l’abondance de véritables éléments en aluminium, du cache de l’autoradio à l’ouverture de la boite à gants. Et puis comment rester de marbre face à une multitude de détails qui font mouche, à l’instar du traitement des poignées de porte, qui font écho aux aiguilles des compteurs, ou encore au levier de vitesses, une véritable sculpture à lui seul ! Difficile de faire plus « stylé » que ce TT !

D’ailleurs, sans méchanceté aucune de notre part, force est de constater que les designers ne parviendront jamais plus à retrouver cette fraîcheur stylistique sur les opus suivants. C’est ce que je me dis en observant la troisième et dernière génération de TT. Les lignes de force se sont affirmées, le dessin s’est virilisé, et si l’on retrouve tout ce qui fait le sel du « style TT », jusqu’à la trappe en alu de style « compétition », l’ensemble apparaît comme moins évident, moins percutant. Idem pour l’intérieur, la technologie high-tech semblant prendre le pas sur le style pur et dur, notamment via la dalle numérique paramétrable (cockpit virtuel) étrennée pour la première fois sur le TT de 3ème génération en 2014.

En revanche, ce qui ne se voit pas, ce sont les dessous de la bête, bien plus élaborés que sur la première version. Dès la seconde mouture, Audi a fait du TT une voiture bien à part, jusqu’à la structure, qui mixait déjà intelligemment de l’acier à haute résistance à de l’aluminium, en mettant le bon matériau au bon endroit. Il faut dire qu’au fil du temps, la jolie gravure de mode est devenue une authentique voiture de sport en gagnant des versions S et même RS, affichant jusqu’à 400 ch avec le 5 cylindres turbo d’origine Audi. Et oui, clairement, le diable s’habille en Prada !

ATTrape-moi si tu peux !

Pour célébrer les 25 ans du TT, il nous a paru naturel de réunir un représentant de la première génération (type 8N), avec un dernier, les deux en carrosserie coupé. Afin d’équilibrer les forces en présence, nous avons sélectionné une rare version Sport quattro, identifiable entre mille avec sa livrée spécifique comprenant un toit peint en « noir fantôme ». Au-delà de ce coup de barbouille sur le toit, ce TT très spécial se distingue par un kit S-Line, comprenant en plus un aileron fixe, mais aussi de belles jantes de 18 pouces intégrant des rayons forgés dans de l’aluminium, juste assez pour laisser entrevoir les étriers de freins rouges. L’intérieur, sans être dépouillé pour autant, joue à fond la carte de la sportivité en se limitant à deux sièges Recaro habillés de cuir et d’alcantara, les petites places d’appoint situées à l‘arrière ayant purement et simplement disparu. A la place se trouve un filet, pour déposer son casque, fixé à une barre antirapprochement censée apporter un peu plus de rigidité. Et pour alléger à fond la voiture, la climatisation est ici devenue une option gratuite, une astuce permettant d’économiser d’un coup pas moins de 11 kg.

Il faut dire que ce rare TT quattro sport (1165 exemplaires !) a été revu et corrigé par « quattro GmbH » à Neckarsulm, le département sportif d’Audi. Il en résulte d’autres spécificités, toujours dans l’optique d’améliorer le poids ou la répartition des masses, avec la migration par exemple de la batterie du compartiment moteur au coffre. Enfin, la modification la plus notable passe par une augmentation de la puissance. A l’époque, la version la plus « velue » du premier TT (avant la commercialisation de l’éphémère V6 3.2 de 250 ch en toute fin de carrière) est le quattro (avec Haldex), animé par un 4 cylindres 1.8 turbo de 225 ch. C’est précisément la base retenue par Audi. En devenant « quattro Sport », l’écurie compte jusqu’à 240 équidés, ce qui permet à ce TT très spécial, allégé de 75 kg comparé à un TT quattro de série, d’aligner des chronos de premier ordre. Il couvre le 0 à 100 km/h en 5,9 sec, puis salue la borne kilométrique en seulement 26,6 sec, la vitesse maxi restant de l’ordre de 250 km/h.

Forcément, en un quart de siècle, les progrès technologiques sont passés par là, et le dernier et actuel TT toise de haut son ancêtre, puisqu’il reçoit d’office un « gros » 4 cylindres 2.0 TFSI (turbo et injection directe) de 245 ch. C’est certes 5 ch de plus que le quattro Sport, mais entre-temps, il y a eu aussi une inflation sur la taille et donc le poids, le dernier TT faisant ployer la balance sous ses 1440 kg à vide (contre 1390 pour le Mk1). Pas de quoi cependant l’inquiéter outre mesure, ses performances étant juste exceptionnelles, avec seulement 5,2 sec pour couvrir le 0 à 100 km/h (merci à la boîte S tronic ultra-rapide !), les 250 km/h restant, là aussi, la vitesse maximale. Pour les départager, nous sommes allés sur une petite route sinueuse à souhait, empruntée cette année par les pilotes du Tour Auto. Autant dire une route comme on les aime !

C’est le premier TT qui ouvre la route, avec à son bord un « local de l’étape » qui a un bon coup de volant. Derrière, dans ses échappements, votre serviteur, qui n’a pas trop à se cracher dans les mains pour suivre la cadence, du genre élevée. Comparé au dernier TT, qui dispose en option de la suspension magique Magnetic Ride, le pionnier doit composer avec des « suspattes » à l’ancienne, assez fermes mais pas inconfortables pour autant. Et puis il y a ce plaisir de conduite plus authentique, qui impose de jouer à bon escient avec « la boite à poigne », comptant 6 rapports, le but du jeu étant de la passer le plus rapidement possible, à l’approche de la zone rouge.

Un plaisir qui n’a plus cours dans le dernier TT, les vitesses passant bêtement automatiquement, en un battement de cils. Et si on veut reprendre la main au moyen des palettes, il faudra cette fois se battre contre les calculateurs, qui empêchent tout rétrogradage intempestif au-dessus de 4000 tr/mn pour éviter tout surrégime. Mais en conduite sportive, on ne gagne pas du temps qu’en accélérant plus fort. Le freinage donne, là aussi, la possibilité de gratter de précieux dixièmes, et sur ce point, je dois avouer que le dernier TT dispose d’une attaque bien plus franche. Et plus efficace, y compris au niveau des décélérations, permettant de retarder les freinages. C’est sur ce point précis que le vétéran marque le pas, laissant l’avantage au dernier né de chez Audi. Toujours talentueux ce TT…

L’avis d’Avus

Bien sûr, il serait hasardeux de notre part de comparer ces 2 modèles sur le seul strict plan des performances. Il est logique – et même rassurant, de constater que, les progrès techniques aidant, le dernier né s’en tire mieux que son ancêtre. Car à l’échelle de l’automobile, 25 ans représentent une éternité ! Cette rencontre vaut surtout pour contempler l’évolution de l’espèce, et force est de reconnaître que si le premier TT est d’ores et déjà un jalon du design – et pas seulement pour Audi – ses successeurs ne marqueront pas autant l’Histoire. Espérons seulement qu’Audi saura, dans les années à venir, faire évoluer dans le bon sens son coupé iconique. Rien n’est impossible : cette année, une certaine Porsche 911, tout aussi iconique, souffle ses 60 bougies !

On aime (TT Mk1)

Look fabuleux et intemporel
Ambiance intérieure unique
Performances encore flatteuses
Plaisir de conduite « à l’ancienne »

On aime moins

Freinage un peu spongieux
Certaines pièces deviennent introuvables
Cote en hausse constante
Carrosserie très exposée

Caractéristiques techniques Audi TT quattro Sport (2005)

Moteur : 4 cylindres en ligne 20v, turbo, 1781 cm3
Puissance (ch à tr/mn) : 240 à 5700
Couple (Nm à tr/mn) : 320 de 2300 à 5000
Transmission : intégrale, quattro (Haldex)


On aime (TT Mk3)

Ligne sympa et agressive
Intérieur ergonomique et bin fini
Plaisir de conduite
Efficacité

On aime moins

Trop efficace ?
Design moins fort que Mk1
Options chères et nombreuses
Mode manuel limité

Caractéristiques techniques Audi TT 45 TFSI (2023)

Moteur : 4 cylindres en ligne 16v, turbo et injection directe, 1984 cm3
Puissance (ch à tr/mn) : 245 à 4300
Couple (Nm à tr/mn) : 370 de 1600
Transmission : intégrale, quattro (Haldex)
Boîte : S-tronic 7 rapports
Freins : 4 disques ventilés
Pneumatiques : 245/35 R 19
L x l x h (m) : 4,19 x 1,83 x 1,35
Poids à vide (kg) : à partir de 1440
0 à 100 km/h (sec) : 5,2
Vitesse maxi (km/h) : 250

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