Zone Rouge Audi RS Q8 Performance : Charge lourde
Attention, voilà le genre de SUV qui ne fait pas vraiment dans la finesse ! Car le RS Q8 Performance, c’est du brutal, et pas seulement au niveau de son style martial. Avec son V8 biturbo poussé à 640 ch, voici l’Audi thermique la plus puissante jamais produite !
Texte et photos Thomas Riaud
En bref
Version « RS » du Q8 restylé
Variante haut de gamme « Performance »
Modèle thermique le plus puissant jamais produit
V8 4.0 biturbo de 640 ch
0 à 100 km/h en 3,6 sec – 305 km/h maxi
Prix (à partir de, sans le malus) : 191 550 €
En quelques années, Audi a su embrasser le courant porteur des SUV, au point d’occuper tous les segments et devenir un acteur majeur du marché. Si les compacts Q2, Q3 et même Q4 e-tron s’adressent plus volontiers aux citadins, les plus généreux et polyvalents Q5 et Q6 e-tron font le plein des ventes. Et tout en haut de la gamme, on trouve le grand Q7, vrai transport de troupes, idéal pour les familles nombreuses en offrant jusqu’à 7 places, mais aussi le Q8, son dérivé sportif. Je dis « dérivé » car, techniquement, ces deux grands SUV font cause commune. En effet, ils se partagent le châssis, mais aussi l’intérieur et la plupart des moteurs, les blocs les plus puissants restant toutefois réservés au Q8, histoire de respecter une certaine hiérarchie. Au-delà de ces points communs le Q8, apparu voilà déjà 7 ans, s’en distingue complètement par son design de « coupé », vraiment exclusif avec sa ligne fast-back et ses portières dépourvues d’encadrement.
Et cela saute encore davantage aux yeux depuis le dernier restylage opéré fin 2023, surtout si on agrémente l’ensemble de quelques options. Outre une signature lumineuse revue et corrigée grâce à la technologie HD Matrix LED (avec des motifs en damier spécifiques), la calandre singleframe se fait encore plus agressive en gagnant un maillage nid d’abeille du plus bel effet, pouvant être mis en valeur grâce à un “pack carbone” (6200 €). L’arrière profite également de feux OLED modifiés (option à 1300 €) pouvant offrir 5 signatures différentes, bien intégrés dans un bandeau noir brillant, parfaitement lisse. Le diffuseur d’air, inévitable sur cette version haute performance siglée « RS », adopte les grosses sorties d’échappement ovales propres à ces modèles, mais aussi, comme sur la RS6 GT, un catadioptre central vertical, clin d’œil assumé à l’engagement prochain d’Audi en F1. Enfin, pour parfaire le tableau, notons l’apparition de nouvelles jantes optionnelles de 23 pouces en « Y » (5000 €), comme sur notre sublime modèle d’essai, plus légères de 5 kg chacune. Vu la masse globale, annoncée à près de 2,4 tonnes, on saluera la démarche. Il en va de même des freins en carbone-céramique, livrés cette fois de série. Ouf !
› Le Q8 thermique restylé se voit coiffé par cette variante RS Performance de 640 ch, la seule réservée au marché français. Il est vrai que quitte à se faire surtaxer, autant que ce soit pour quelque chose !
Un SUV Superlatif
L’intérieur, semblable à celui du Q7 au niveau de la planche de bord (avec Audi virtual cockpit de 12,3 pouces), bénéficie toutefois de quelques aménagements exclusifs, surtout dans cette variante ultra haut de gamme « Performance », forte de 40 ch de plus qu’un RS Q8 « normal », qui est la seule désormais disponible sur le marché français. Logique, car quitte à devoir se faire racketter à hauteur de 60 000 € en malus « écologique » (sans compter le malus au poids), autant en avoir pour son argent ! A propos de gros sous, vous noterez que notre exemplaire d’essai a été prêté par l’Allemagne, Audi France n’ayant plus les moyens d’acquitter, à répétition, pour sa flotte « presse », autant de malus devenus indigents. Espérons que si nos élites de Bercy nous lisent, qu’elles réfléchissent à revenir vite à la raison, car le système actuel est un repoussoir qui fait fuir tant de nombreux particuliers que des entreprises… avec les recettes fiscales qui vont avec !
Fermons la parenthèse. Cette version Performance dispose donc en série de sublimes sièges en cuir surpiqués de rouge, mais aussi de nombreux éléments en carbone véritable (pack design RS à 3500 €). Par ailleurs, le volant à méplat multifonction à la prise en main parfaite est également spécifique, avec notamment une touche « RS » permettant de lâcher instantanément la bride, sans passer par l’Audi drive select. L’ambiance, autant dynamique que sérieuse, peut, bien sûr, être personnalisable à l’envie via le département Audi exclusive. Nous sortons toutefois un carton rouge pour sanctionner la pingrerie dont fait preuve Audi à ce niveau de gamme, en proposant l’affichage tête haute en sus à 1750 € !
› L’intérieur, très proche de celui du Q7, n’est pas aussi « techno » que sur le nouveau Q6 e-tron. On ne s’en plaindra pas, l’ergonomie s’en trouvant simplifiée, et la finition est ici excellente.
Mais c’est sous le capot que ce dérivé « Performance » se distingue, en voyant son V8 4.0 biturbo passer de 600 à 640 ch (et 850 Nm), le tout étant toujours couplé à une boîte automatique à 8 rapports, douce et réactive, pleine de bonne volonté. Mine de rien, voilà un niveau de puissance plus que confortable encore jamais vu du côté d’Ingolstadt sur une voiture thermique. Ni ailleurs, d’ailleurs… Son cousin technique, le confidentiel et méchant Lamborghini Urus ne le surclasse que de 26 ch, tandis qu’un BMW X6 M Compétition, rival direct tout désigné, abdique en se limitant à « seulement » 625 ch. Forcément, avec une telle cavalerie, les performances s’envolent, le 0 à 100 km/h se voyant pulvérisé en seulement 3,6 secondes, soit 2 dixièmes de gagnés par rapport au RS Q8 de « base ». Et avec le pack Dynamic Plus optionnel (3000 €), la vitesse maximale est relevée de 280 à 305 km/h, histoire de ne manquer de rien, ni sur l’Autobahn ni sur nos routes…
Le SUViiiite !
Notre essai, réalisé dans les environs de Nîmes, nous aura permis de juger de l’incroyable polyvalence dont fait preuve cet engin hors-norme. Bon, pour la discrétion, on repassera, le son guttural et sourd du V8 étant particulièrement expressif à la mise à feu. Les voisins ne vont pas forcément vous dire merci ! Dans les rues étroites du centre historique de la ville gallo-romaine, ce mastodonte de 5m02 de long et 2 m de large n’est pas vraiment à son aise. Il faut avoir le « compas dans l’œil » pour avancer, et j’ai personnellement apprécié le renfort des roues arrière directrices, facilitant grandement les manœuvres pour braquer court. En mode « confort », ce SUV sait par ailleurs se montrer conciliant avec les bouches d’égout, les ralentisseurs et les mauvais raccords de chaussée, et même se faire oublier aux feux rouges, le stop & start venant couper la chique au V8, bien épaulé par la microhybridation 48 V.
› Le RS Q8 Performance, c’est bien sûr un physique, mais pas que ! Il sait se montrer diablement agile et efficace sur de petites routes sinueuses.
En filant désormais dans la campagne sur de petites routes bien dégagées, il est enfin temps de lâcher les chevaux. En écrasant l’accélérateur, mode « dynamic » sélectionné, le RS Q8 Performance a le don d’accélérer le paysage environnant et de vous projeter avec une vigueur insoupçonnée vers l’horizon. Le tout, salué par une sonorité caverneuse à vous arracher une larme qui ne s’arrête qu’à l’approche des 7000 tr/mn autorisés par la zone rouge. Tant que l’on n’a pas vécu cette expérience, on ne soupçonne pas un instant qu’un tel mastodonte soit capable d’accélérer aussi fort. Mais le RS Q8 Performance n’est pas qu’un simple dragster doué uniquement en ligne droite.
› Dommage qu’Audi n’ait pas profité de ce restylage, pour plus de cohérence dans sa nouvelle nomenclature de gamme, de rebaptiser ce SUV thermique « Q9 », afin de le différencier du Q8 e-tron…
Outre la transmission intégrale quattro livrée bien évidemment de série, bien utile pour passer toute la puissance au sol, ce Q8 affûté bénéficie d’un différentiel central mécanique pour répartir la puissance entre les essieux avant et arrière (selon un rapport 40 – 60% afin de favoriser le dynamisme), la puissance pouvant varier selon les conditions jusqu’à 70% du couple sur l’avant et 85% sur l’essieu arrière ! Ajoutez à cette armada d’autres raffinements tels qu’une stabilisation active électromécanique du roulis (eAWS), mais également une suspension pneumatique « adaptive sport » (capable de faire varier la hauteur de caisse jusqu’à 90 mm) et les fameuses roues arrière directrices, très utiles pour gagner en agilité et maniabilité dans les virages, et vous comprendrez que ce gros SUV est un sacré outil, capable d’aller vite, très vite même, sur n’importe quel terrain ! Il faudra garder à l’esprit qu’il est lourd et encombrant, chose parfois problématique sur des petites routes étroites à faible visibilité où le meilleur dispositif de sécurité demeure… la sagesse du conducteur.
› Avec le pack Dynamic Plus optionnel, la vitesse maxi est relevée de 280 à 305 km/h !
L’avis d’Avus
Honnêtement, pour avoir eu la chance d’essayer le RS Q8 « normal », on a du mal à percevoir le gain apporté par cette variante élitiste « Performance », finalement assez minime. Mais on ne peut que saluer la démarche d’en offrir un peu plus, ce qui ne peut pas nuire aux performances, vraiment impressionnantes pour un engin de ce gabarit. Enfin, quand je dis « offrir », c’est une façon de parler, car à 191 550 € le morceau, hors éventuelles options et malus de 60 000 €, ça commence à faire cher du kilo, même rapporté à sa masse respectable de 2350 kg… à vide. Et puis, un esprit chagrin pourrait dire « à quoi ça sert » ? Dans l’absolu à rien, comme gravir l’Everest ou surfer une grande vague, si ce n’est à repousser les limites du possible, et ça, c’est beau. On applaudit des deux mains.
« A son volant, vous comprendrez que ce gros SUV est un sacré outil, capable d’aller vite, très vite même, sur n’importe quel terrain ! »
On aime :
• Look fort et exclusif
• Moteur fabuleux
• Agilité et confort étonnants
• Performances diaboliques
On aime moins :
• Encombrement et poids importants
• Prix et malus décourageants
• Piège à permis !
Fiche technique Audi RS Q8 Performance :
Moteur : V8 biturbo, 3996 cm3, réseau de bord 48V
Puissance : 640 ch à 6000 tr/mn
Couple : 850 Nm de 2300 à 4500 tr/mn
Transmission : quattro, boite auto à 8 rapports
Dimensions (L x l x h) en m : 5m02 x 2m x 1m70
Poids : 2350 kg
Pneus : 295/35 R 23
0 à 100 km/h (sec) : 3,6
Vitesse maxi (km/h) : 305
Conso moyenne (WLTP) : 13,6 l/100 km
Rejets de CO2 : 296 à 304 g/km selon dotation
