NSU TT 1967

En arrière toute !

Au milieu des années 60, NSU, qui est à l’époque encore une marque qui compte, lance un pavé dans la mare des petites sportives avec la redoutable TT. Une bombinette qui a laissé des traces indélébiles dans les esprits… et sur le bitume !

Contrairement aux R8 Gordini et Simca 1000 Rallye, ses concurrentes directes, la NSU TT proposait une carrosserie de coach 2 portes.

En bref
Version sportive de la NSU Prinz 4
Production : 1967 – 1973 à 49 327 ex
Moteur : 4 cyl. 1.2 85 ch
Cote 2018 : 20 000 € environ

Après la seconde guerre mondiale, l’heure n’est plus aux voitures de prestige, mais aux restrictions en tout genre, boostant ainsi naturellement les modèles populaires, plus économiques à fabriquer. Presque chaque pays européen y va de son best-seller. En Grande-Bretagne, la petite Morris Minor, ancêtre de la Mini, s’impose en force, en Italie, la Fiat 500 et le Vespa motorisent les foules, tandis que les français redécouvrent les joies de la mobilité individuelle avec les Solex, Citroën 2CV et Renault 4CV. En Allemagne, la problématique est identique, et le pays reprend le chemin des Autobahn en Volkswagen Coccinelle… et en NSU.

Avec des 2 roues essentiellement, une spécialité de ce constructeur, connu et reconnu pour la qualité de ses motos et ce, jusque sur la lointaine île de Man, où NSU s’est maintes et maintes fois illustré durant la redoutable course du TouristTrophy. Au milieu des années 50, nous sommes au début des 30 glorieuses, et chacun sent que la classe moyenne est en mesure d’accéder à des modèles plus cossus. Chez NSU, cela se concrétisera par le passage de 2 à 4 roues, avec l’apparition en 1958 de la lilliputienne Prinz. Inutile de préciser qu’avec son modeste bicylindres 583 cm3 de 20 ch, cet engin aux allures de voiture de manège est loin de revendiquer la moindre velléité sportive.

Mais au fil des génération, la firme de Neckarsulm va appliquer à ses autos les recettes éprouvées, au plus haut niveau en compétition, sur ses motos…

« En lançant cette 1200 TT, NSU rend hommage à son passé sportif sur 2 roues, en évoquant le TouristTrophy »

Emancipation… et inflation

Avec l’augmentation du pouvoir d’achat des classes moyennes, la production automobile change de braquet. Les années 60 voient l’arrivée de modèles plus spacieux, cossus… et performants. Mais pas toujours très innovants, surtout sur les petites autos. Si l’Angleterre montre la voie à suivre dès 1959 avec la révolutionnaire Austin Mini, qui a la géniale idée de placer son moteur transversalement, à l’avant, bien des constructeurs s’obstinent sur l’architecture du « tout à l’arrière », en restant de surcroît fidèles aux roues arrière motrices.

C’est le cas de l’inoxydable VW Coccinelle, mais aussi de la Simca 1000, des Renault Dauphine et R8. Chez NSU, on suit également cette voie éprouvée, mais la Prinz 1 se voit adjoindre, à partir de février 1959, les services d’une Prinz 2. Bien qu’un peu plus glus grande et mieux équipée, la Prinz 2 reste une laborieuse dans l’âme, sa puissance étant limitée à 30 ch. Notre petite Prinz va heureusement gagner en maturité, et peu à peu s’émanciper au fil des générations.

Cette version largement optimisée pour les besoins de la course, dispose d’un coupe-circuit extérieur.

Elle passe un vrai cap à partir de 1963, avec l’introduction de la Prinz 1000 (Type 67a), dotée d’une élégante carrosserie coach à 2 portes, évoquant un peu la Chevrolet Corvair. Avec une longueur totale portée à 3m79, respectable pour l’époque, cela lui permet de prendre pied sur le marché concurrentiel des berlines compactes à 5 places. Si le modèle de base doit composer avec un bicylindre refroidi par air de 1.0 litre de cylindrée (pour 45 ch), l’idée d’une variante plus « couillue » fait peu à peu son chemin, histoire de donner la réplique à une nouvelle génération de petites sportives, incarnée par les Mini Cooper, Simca 1000 Rallye et autres R8 Gordini.

C’est ainsi que NSU lance la 1200 TT, ce nom chargé de symboles forts évoquant bien-sûr la célèbre course de moto du TouristTrophy. Pour y faire honneur, notre bombinette est motorisée cette fois par un « gros » 4 cylindres d’un litre de cylindrée à arbre à cames en tête, développant 65 ch. C’est peu, mais avec 675 kg à vide, les performances ne sont pourtant pas ridicules. Il n’empêche, chez NSU, on sent bien que l’auto a un vrai potentiel, et qu’il serait possible d’aller bien plus loin. Chose qui se confirme rapidement, la cavalerie ne cessant de connaître une inflation galopante.

Ainsi, dès 1967, grâce notamment à l’adoption d’un carburateur double corps, la puissance affichée toise les 73 ch, voire bien plus encore avec de menues modifications, chose aisée à faire soi-même, NSU ayant prévu une excellente accessibilité à la mécanique, puisque seules quelques vis retiennent le tablier arrière. Certains bricoleurs du dimanche s’en donneront à cœur joie, les NSU TT engagées dans les nombreuses courses de voitures de tourisme, très populaires à l’époque, affichant facilement au-delà de 100 ch.

D’ailleurs, certains pilotes du nom de Larousse ou Darniche sauront voir en cette NSU un « outil » idéal pour en découdre en compétition. Et à l’instar de certaines Abarth, le capot arrière, maintenu par deux attaches en caoutchouc, reste en permanence entre-ouvert, histoire d’optimiser le refroidissement, et ce, malgré la présence de généreuses ouïes latérales horizontales intégrées sur les flancs, au niveau du compartiment moteur.

La gueule de l’emploi

En cette heureuse époque, où l’on pouvait « bombarder » en toute quiétude avec les copains sous la voûte ombragée des platanes de la N7, le look comptait presque autant que le moteur. Chez Austin, une Cooper se devait d’être rouge avec le toit blanc, avec de petites jantes Minilites, tandis que la Gord’ devait être bleue avec des bandes blanches. Chez NSU, le look ne tient pas forcément en une couleur (quoique beaucoup furent peintes en orange), mais d’abord en quelques accessoires qui font mouche.

Ainsi, par rapport à la Prinz 4 dont elle dérive étroitement, la 1200 TT se distingue par l’adoption d’une proue retravaillée, comprenant désormais 4 phares. Quant à l’arrière, il se dote de 6 feux circulaires, semblables à de petites tuyères. Pour parfaire cette panoplie de la parfaite petite sportive, des rétroviseurs profilés de type obus peints en noir mat viennent en complément.

La NSU TT est une vraie GTI avant l’heure, en exploitant un gros moteur dans une caisse légère.

L’intérieur est du même acabit, avec une dominante de coloris sombres, pour ne pas dire noir. Mais cette austérité est pleinement justifiée, dans la mesure où tout respire la qualité. Derrière un petit volant à 3 branches siglé « NSU », à la prise en mains idéale, prennent place les tachymètres indiquant la vitesse et le régime maxi. Avec 180 km/h et 8000 tr/mn d’indiqués, on est un peu au-dessus de la réalité, mais cela donne une idée des performances de l’engin. Un engin qui avait une excellente réputation auprès des pilotes de l’époque, la NSU étant une petite propulsion vive, légère et agile.

En ce qui concerne la limite d’adhérence, elle était réputée bien moins sous-vireuse que les R8 Gordini et Simca Rallye, d’autres « tout à l’arrière » qui étaient ses plus sérieuses rivales, sur les routes, mais aussi sur les circuits ! D’ailleurs, le succès ne se fera pas attendre : sur 500 000 Prinz 4 produites, pas moins de 49 327 variantes TT seront vendues (dont 2400 versions TTS, encore plus affûtées en recevant une 1300 de 130 ch à injection mécanique) ! Mais Volkswagen va siffler la fin de la récréation en 1973, une année décidément bien noire pour l’automobile, avec en prime l’avènement du premier choc pétrolier et des premières limitations de vitesse.

Racheté par l’ogre Volkswagen, NSU sera en effet intégré à Auto-Union, et se verra contraint d’abandonner sa Prinz pour ne pas faire d’ombre à la Coccinelle, toujours en service. Et la marque sera ensuite lâchée par VW, suite au flop commercial de l’ambitieuse Ro 80 à moteur rotatif, dont les ventes s’écroulent année après année depuis sa commercialisation, en 1968. Une petite citadine aurait pu sauver NSU, mais priorité sera donné à la jeune marque Audi, qui lancera en 1975 la moderne 50, sorte de Golf en réduction, rebaptisée rapidement Polo. Vous connaissez la suite… Il faudra attendre 1998 pour que le patronyme « TT » refasse surface. De la plus belle des manières, sur une petite sportive devenue elle aussi, avec le temps, une voiture culte !

Mille mercis à Audi Tradition pour la mise à disposition du sublime exemplaire présenté ici.

Caractéristiques techniques NSU TT (1967)

  • Moteur : 4 cylindres 4 temps refroidi par air de 1177 cm3
  • Puissance (ch à tr/mn) : 65 à 5500
  • Couple maxi (Nm à tr/mn) : 90 à 2500
  • Transmission : aux roues arrière
  • Boîte : mécanique 4 rapports synchronisés
  • Freinage AV / AR : disques à l’avant, tambours à l’arrière
  • Dimensions (L x l x h) en m : 3,79 x 1,49 x 1,36
  • Poids à vide (kg) : 675
  • Réservoir (litres) : 37
  • Vitesse maxi (km/h) : 155
  • 0 à 100 km/h (sec) : 13,1
  • Cote 2018 : 20 000 € en parfait état

On aime

  • Look d’enfer
  • Performances élevées
  • Sensations de conduite
  • Encore abordable…

On aime moins

  • Rare en bel état
  • Souvent bidouillée
  • Pièces spécifiques introuvables
Il faudra attendre 1998 pour que le patronyme « TT » refasse surface, sur une certaine sportive Audi, elle-aussi devenue culte !
Avus:
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