Comparatif Audi RS4 : 4 générations à l’essai !

Une fois n’est pas coutume, mais pour célébrer le lancement de la nouvelle RS4, pour la première fois ici à l’essai, nous avons convoqué dans ce « zone rouge » un peu spécial les 3 premières générations. Car plus qu’une simple « RS », la fantastique RS4 concentre depuis près de 2 décennies tout ce qui fait le sel des Audi sportives. Démonstration à travers ce dossier inédit et exclusif…

Audi RS4 « Mk1 » Coup d’essai, coup de maître !

Encouragé par l’engouement suscité par l’éphémère RS2, Audi a l’excellente idée de récidiver à partir de 2000, en développant la première RS4. Un modèle emblématique au tempérament de feu, en passe de devenir lui aussi un grand collector…

En bref
Première RS4 sur base Audi 80 Avant « Type B5 »
Bloc retravaillé par Cosworth
Moteur : V6 2.7 biturbo de 380 ch
Cote 2018 : 30 000 € environ (parfait état d’origine)

Avec seulement 2891 exemplaires de produits sur l’année 1994 -1995, la très exclusive RS2 (dérivée de la dernière Audi 80) a fait bien des malheureux, forcément déçus de ne pas avoir pu s’offrir cette auto d’exception. Révolutionnaire, la RS2 fut le premier break sportif de l’histoire labellisé « RS », doté qui plus est de la transmission intégrale quattro. Mais chez Audi, on sait être à l’écoute de la clientèle… Comme vous le savez sans doute, August Horch, brillant ingénieur à l’origine d’Audi (en 1909), a modifié son patronyme en latin, que l’on peut traduire par « entendre ». A la fin des années 90, c’est exactement ce qu’a fait Ferdinand Piëch, alors aux commandes de la marque aux anneaux : il a entendu l’appel de ses clients ! Avec le lancement en 1994 de la première A4, très moderne plus l’époque, Audi nourrit de grandes ambitions commerciales et se fait toujours le chantre du break élégant.

C’est précisément cette carrosserie (nommée « Avant » chez Audi) qui est une nouvelle fois sélectionnée en 2000 pour porter haut les couleurs de la prochaine déclinaison sportive. En toute logique, celle-ci se nomme RS4, en rapport avec le modèle dont elle dérive étroitement. Même si le « cousin » Porsche n’a pas souhaité, comme avec la RS2, apporter son soutien, cette RS4 assemblée sur une chaîne à part par « quattro GmbH » (on ne parle pas encore d’Audi Sport) se distingue d’abord par un look très évocateur. Présentée fin 1999 au salon de Francfort, la RS4 « B5 » multiplie en effet les « signes extérieurs » de vitesse en héritant d’une coque spécifique, sensiblement élargie au niveau des passages de roue afin d’accueillir les grosses jantes spécifiques de 18 pouces (devenues rares, car elles ont tendance à se voiler). La face avant gagne en agressivité en recevant un bouclier garni de larges entrées d’air, comportant même des « fanons » verticaux, façon squale de la route, sur les côtés ! L’arrière, coiffé d’un discret aileron de toit, est à peine plus discret avec ses doubles sorties d’échappements regroupées à gauche, sous un bouclier garni de motifs à nid d’abeille. Pour apporter un peu de sobriété à ce break surbaissé, doté d’un châssis sport, des barres de toit et des coques de rétroviseurs en aluminium apportent la touche finale. Bien qu’imaginé voilà près de 20 ans, vous avez déjà là tous les fondamentaux d’un break « RS ». Et plus encore…

Effet « on – off »

Avec un prix de vente fixé à 463 000 Francs sans option (l’équivalent de 70 000 €), la RS4 se posait à l’époque comme une voiture d’exception, ce qui explique que seuls 275 exemplaires furent vendus en neuf en France. Une chose qui se confirme en prenant place à bord, l’intérieur étant agrémenté de placages en carbone véritable sur la planche de bord, mais bénéficiant aussi de la présence de sublimes sièges Recaro en cuir, ultra-enveloppants. Notre magnifique exemplaire d’essai, peint « gris Avus » comme il se doit, affiche moins de… 25 000 km d’origine, ce qui tient aujourd’hui du miracle ! Un bref coup de clé suffit à réveiller le V6 coiffé de carbone, un noble 2.7 litres retravaillé en profondeur par le spécialiste anglais Cosworth. Gavé par une paire de turbos, ce bloc délivre pas moins de 380 ch de 6100 à 7000 tr/mn, et 400 Nm de couple dès 2500 tr/mn. Ce moteur incroyable, réputé indestructible (certains n’hésitent pas à la gonfler à plus de 500 ch !), offre, d’origine, bien assez d’agrément pour se faire plaisir. Il en résulte une certaine souplesse à l’usage en mode « cruising », qui contraste avec la fermeté de la suspension, et la dureté des commandes en général.

Cette RS4 est bien une voiture d’homme, qui réclame de la poigne, ne serait-ce que pour embrayer et passer manuellement les 6 vitesses, la boîte se montrant au demeurant très bien guidée et étagée. Et puis il y a, comme pour certains fromages, ce « caractère », qui rend la RS4 « B5 » si unique et attachante. Avec ses turbos à l’ancienne, elle a un goût de Groupe B, en vous prodiguant de vrais coups de pied au c… à chaque accélération ! Et accélérer, elle sait toujours le faire, le 0 à 100 km/h étant claqué en seulement 4,5 secondes, soit un temps de super-sportive de l’époque. Le tout sans aucune perte de motricité, y compris sur sol humide, la transmission quattro (avec Torsen) se montrant déjà d’une efficacité redoutable. On pourra juste lui reprocher un poids un peu excessif pour une sportive (1620 kg à vide), qui malmène le freinage en conduite rapide. Et les plus chafouins trouveront le coffre un peu juste, sa capacité n’étant que de 390 dm3. Un grief qui ne nous empêchera pas de craquer pour cette première Audi RS4 au goût sportif prononcé (produite jusqu’en 2002 à 6030 exemplaires), juste inoubliable !

Audi RS4 « B5 » (2000-2002)
Moteur : 6 cyl. en V, 2671 cm3, 2 turbos
Puissance (ch à tr/mn) : 380 à 6 100
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 400 à partir de 2500
Transmission : intégrale quattro, boîte manuelle à 6 rapports
Freinage : 4 disques ventilés
Dimensions L x l x h (m) : 4,53 x 1,80 x 1,39
Poids à vide (kg) : 1620
Pneus : 255/35 ZR 18
Vitesse maxi (km/h) : 250
0 à 100 km/h (sec.) : 4,5

On aime

Performances hors-normes
Efficacité globale
Ambiance intérieure
Conduite « virile », à l’ancienne

On aime moins

Devenue rare en bel état d’origine
Freinage peu endurant
Capacité de coffre limitée
Toujours convoitée des voleurs !

Audi RS4 « Mk2 » (Type B7) : Exception culturelle

Lancée en 2006, la seconde génération de RS4 triple la mise en étant proposée en break Avant, mais aussi en cabriolet et même en berline ! Un « tiercé gagnant » qui aura convaincu 12 900 amateurs. Voici l’essai de la singulière berline…

En bref
RS4 de seconde génération, la première signée à 100% Audi
Modèle décliné en break, berline et cabriolet
Moteur V8 4.2 FSI de 420 ch
Introduction de la suspension pilotée et des freins carbone-céramique

On le sait, l’éphémère RS2 n’a existé qu’en break, excepté 2 berlines « hors-série », faites en marge de la production pour le compte de Ferdinand Piëch et de Walter Rhörl. Avec cette seconde génération de RS4, Audi a osé s’affranchir de tous les tabous en la déclinant en 3 variantes bien distinctes. Et comme de coutume chez Audi à cette époque, l’A4 B7 est déjà au sommet de sa gloire lorsque « quattro GmbH » se penche dessus, puisqu’elle va sur ses 6 ans de carrière. La décliner en « RS » tardivement permet de relancer les ventes d’un modèle vieillissant même si, depuis, Audi a accéléré la cadence de sortie de ses sportives. En 2006, année de lancement de cette RS4, la surprise est totale l’auto étant proposée, pour la première fois, en break, en berline et même en cabriolet ! Autre nouveauté majeure : le constructeur est parvenu à caser au chausse-pied un gros V8 de 4.2 litres, qui respire à pleins poumons derrière une calandre singleframe, grande trouvaille stylistique de l’ère De Silva. Ce bloc n’a rien à voir avec celui de la défunte RS6 « Mk1 », puisqu’il est atmosphérique et signé par Audi, qui a acquis entre-temps un vrai savoir-faire grâce à ses engagements répétés en DTM (le Championnat Allemand de voitures de Tourisme).

Et cela se sent ! Ce V8 à 32 soupapes ultracompact délivre 420 ch à 7800 tr/mn (soit tout juste 100 ch au litre !), et grimpe avec fougue jusqu’ à 8250 tr/mn ! Si le couple atteint 430 Nm à 5500 tr/mn, 90% est disponible sur une plage large comme le littoral, de 2250 tr/mn à 7600 tr/mn. Quant à l’alimentation, c’est le système d’injection directe FSI de l’Audi R8 victorieuse aux 24 H du Mans qui a été retenu. Autres innovations notables, cette incroyable RS4, dotée naturellement de la transmission intégrale quattro, dispose d’un amortissement piloté DRC (Dynamic Ride Control) et même, en option, d’inédits freins en carbone-céramique. Autant dire qu’Audi oppose, une fois de plus, une alternative plus que crédible face aux Mercedes C63 AMG, BMW M3 V8 et Lexus IS-F qui sont restées de simples propulsions.

L’autre point fort de cette RS4 « B7 » au look sportif mais relativement sobre reste sa finition exceptionnelle, qui surclasse déjà la concurrence, avec ses placages en alu ou carbone véritable qui supportent sans faiblir les affres du temps. Tout est chic, bien pensé, avec des plastiques moussés et des assemblages millimétrés. A noter que cette RS4 a été conçue avec 2 types d’habitacles, aux ambiances différentes. Une version « confort » tout d’abord, et une autre plus sportive siglée « RS », équipée d’un bouton « S » magique. En plus de rendre l’accélérateur plus réactif (et de donner au V8 un son encore plus guttural), il agit sur les sièges baquets avant. Ces derniers, habillés de cuir, renferment un mécanisme de gonflage s’adaptant à toutes les morphologies, en modifiant les rembourrages latéraux. Une innovation à retenir vu le caractère belliqueux de la bête !

Le choix des armes

Confortablement assis derrière le volant multifonction à méplat (une autre première chez Audi !), il ne reste plus qu’à appuyer sur le bouton magique « Start ». Le 4,2 litres s’ébroue dans un staccato rondelet. Une fois les préliminaires achevés, écrasez l’accélérateur. Moins de 10 secondes plus tard, dans un bruit assourdissant, vous passez la 4ème lorsque le compte tours flirte avec les 8000 tr/mn. Sans même vous en apercevoir, vous venez de dépasser les 160 km/h. Les accélérations sont phénoménales : 4,8 s pour les 100 km/h départ arrêté et 16,6 s pour atteindre les 200 km/h. De quoi couper le souffle… et l’herbe sous le pied aux (rares) concurrentes !

Certes, cette RS4 n’offre pas encore l’agilité d’une propulsion, mais elle profite d’une nouvelle génération de différentiel Torsen « typé propulsion » participant grandement au dynamisme. En effet, le couple est réparti dans une configuration 40/60, pouvant varier selon les conditions de 15/85 à 65/35, permettant de concilier efficacité et plaisir de conduite. En plus de cela, elle dispose d’une boîte mécanique à 6 vitesses, seule transmission proposée, dont le guidage et la précision font l’unanimité. Des fondamentaux proposés sur les trois variantes de RS4, mais encore faut-il faire un choix. Le break ? Il est certes le plus polyvalent du lot, et conforme à la tradition maison, mais c’est justement ce qui le rend « banal ». Le cabriolet alors ? C’est une vraie rareté (22 exemplaires seulement vendus en France !), s’adressant aux hédonistes voulant profiter des vocalises du V8 en plein air, mais c’est aussi le moins rigide et le plus lourd du lot : 1850 kg, un poids rédhibitoire face aux « seulement » 1710 kg du break Avant. C’est là que se pose, comme une évidence, la singulière berline de notre essai, championne du « light » en se limitant à 1650 kg. Arrêtée en janvier 2008, la RS4 « B7 » laisse donc le choix des armes, et nous ne saurions nous prononcer à votre place. Il ne vous reste donc plus qu’à trancher et comme le disait Oscar Wilde, « choisir, c’est renoncer ».

Audi RS4 « B7 » (2006-2008)
Moteur : 8 cyl. en V, 4163 cm3, inj.directe FSI
Puissance (ch à tr/mn) : 420 à 7 800
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 430 à 5500
Transmission : intégrale quattro, boîte manuelle à 6 rapports
Freinage : 4 disques ventilés (carbone-céramique en option)
Dimensions L x l x h (m) : 4,58 x 1,77 x 1,42
Poids à vide (kg – berline) : 1650
Pneus : 255/40 R 18
Vitesse maxi (km/h) : 250
0 à 100 km/h (sec.) : 4,8

On aime

V8 explosif !
Efficacité générale
Choix des carrosseries
Rareté en berline et cabriolet

On aime moins

Look un peu trop sage
Poids (cabriolet)
Piège à permis

Audi RS4 « Mk3 » (type B8) : Grand Cru Classé

A l’instar de certains grands vins, la RS4 semble se bonifier avec le temps. Preuve en est avec la très réussie « B8 », qui cumule le meilleur de chacune : un look encore plus démentiel que sur la première mouture, et le V8 4.2 atmosphérique de la seconde mais porté à… 450 ch !

En bref
RS4 de troisième génération, proposée exclusivement qu’en break
Moteur V8 4.2 FSI de 450 ch
Introduction de la S-tronic à 7 rapports et du différentiel sport quattro
Production de 2012 à 2015 à 7000 exemplaires

Avec la commercialisation des RS5 coupés puis cabriolets, Audi a logiquement renoncé à décliner cette troisième et avant-dernière génération de RS4 en décapotable et en berline, ce qui aurait fait double-emploi dans la gamme. Avec cette troisième mouture apparue au catalogue en 2015, au prix rondelet de 85 900 €, le constructeur effectue donc un salutaire retour aux sources en se bornant exclusivement à la carrosserie break. Une carrosserie qui est au passage transfigurée à coup d’anabolisants, puisqu’elle reçoit des ailes fortement bombées, façon Ur quattro. Cet aspect musclé renforce sensiblement son côté bestial, surtout que les boucliers sont ici largement revisités, sans oublier la présence d’une calandre singleframe spécifique aux contours plus marqués, garnie par un maillage de type nid d’abeille.

Mieux, cette RS4 développée par le département quattro GmbH sur la plateforme MLB ayant été lancée sur le tard, elle bénéficie naturellement du restylage effectué début 2012 sur l’A4 « B8 », qui lui confère un aspect plus moderne avec son bandeau de LED intégré dans les phares, aux contours plus expressifs. Sur cette génération, plus longue, plus large et un peu plus basse que la précédente, la ligne est encore relativement sobre et épurée, en se dispensant de tout artifice stylistique gratuit. Vraiment belle, cette familiale endiablée posée sur de belles jantes « rotor » de 19 pouces tient sans problème son rang parmi les sportives de haut niveau, en adoptant à l’arrière un becquet de toit et deux gros échappements ovales logés dans un semblant d’extracteur d’air. En fait, en tournant autour, on se rend compte que la RS4 B8 a tout d’une RS6 en réduction, ce qui est plutôt un compliment !

RS6 en réduction

L’intérieur, tiré « A4 » épingles, est encore parfaitement d’actualité si l’on fait exception de l’absence de cockpit virtuel. On sent pourtant que l’auto s’est mise à la page côté technologies, en recevant notamment un GPS couleur en 3D, mais aussi une boîte S tronic à double-embrayage, seule transmission disponible. Un tandem infernal qui va de paire avec la transmission intégrale quattro livrée de série, qui privilégie le couple transmis à l’arrière. Cette prédominance, ainsi que la présence du différentiel Sport optionnel, permettent une agilité et une motricité en courbe remarquables. Le principe du différentiel Sport ? Un pont arrière piloté basé sur deux embrayages à disques, un pour chaque roue arrière, permettant de légèrement ralentir ou d’accélérer une des roues en virage, créant ainsi un effet « d’enroulage », un peu à la façon d’une auto à quatre roues directrices ! L’effet est carrément saisissant lorsque le rythme s’accélère. Et il y a de quoi accélérer, cette RS4 embarquant dans la salle des machines le regretté V8 4.2 FSI de l’ancienne RS5. Ce bloc atmosphérique à la sonorité incomparable, étroitement dérivé du V8 de la RS4 précédente, sent bon les effluves de sans-plomb 98 et de testostérone : il développe ici 450 ch (108 ch/litre) au régime hallucinant de 8250 tr/mn ! C’est assez pour saluer l’exercice du 0 à 100 km/h en 4,7 sec, et vous téléporter à 200 km/h en à peine plus de 15 secondes, soit un temps plus rapide qu’une légère Chevrolet Corvette C6 ! Et côté vitesse maximale, ce break de déménageur file à 250 km/h, une vitesse relevée à 280 km/h en option !

Mais ce que les chiffres ne disent pas, c’est la manière dont cette auto se laisse conduire à haute vitesse, y compris sur une petite route sinueuse. La RS4 se jette de virage en virage avec gourmandise et frénésie, en dépit de sa masse imposante frôlant les 1800 kg. Le freinage, assuré par de gros disques ventilés (365 mm à l’avant, 324 mm à l’arrière), répond toujours présent, et Audi a même pensé à proposer en option un système en carbone-céramique, plus léger et résistant. En fait, cette voiture ultra-rapide et efficace, à la polyvalence incroyable, sait vraiment tout faire. On peut également choisir via l’Audi drive select le mode adéquat pour un usage plus « soft ». Dans ce cas, l’assistance de direction est plus importante, la loi de passage des rapports privilégie la douceur et l’économie, et le tarage de suspension change dans le sens du confort. Produite jusqu’en 2015 à seulement 7000 exemplaires, cette sculpturale RS4 demeure, à nos yeux, la plus aboutie et attachante de la famille. Une chose est sûre : avec son bon gros V8 « bio », autant musical que brillant, on n’en verra hélas plus jamais des comme ça, les normes antipollution étant toujours plus sévères. Triste époque…

Audi RS4 « B8 » (2012-2015)
Moteur : 8 cyl. en V, 4163 cm3, inj.directe FSI
Puissance (ch à tr/mn) : 450 à 8250
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 430 à 4000
Transmission : intégrale quattro, boîte S-tronic à 7 rapports
Freinage : 4 disques ventilés (carbone-céramique en option)
Dimensions L x l x h (m) : 4,72 x 1,85 x 1,41
Poids à vide (kg) : 1795
Pneus : 265/35 R 19
Vitesse maxi (km/h) : 250 (280 en option)
0 à 100 km/h (sec.) : 4,7

On aime

V8 incroyable
Douceur et réactivité S-tronic
Equipement encore très actuel
Ligne sublime

On aime moins

Poids important
Cote encore élevée

Audi RS4 Mk4 « Type B9 » : Le break « polyviolent » !

Trois ans ! Trois longues années que nous étions en « sevrage » de RS4 ! Audi revient enfin aux affaires en lançant cette 4ème et ultime génération. Comme la première de cette formidable lignée, elle est disponible uniquement qu’en break, et hérite également d’un volcanique V6 biturbo. De quoi en faire un break « polyviolent » !

En bref
Quatrième génération de RS4, la première signée Audi sport
Proposée qu’en break Avant
Moteur V6 biturbo 2.9 de 450 ch
Prix (à partir de) : 92 000 €

Avec près de 28 000 exemplaires vendus dans le monde depuis le lancement en 2000 de la première génération, la RS4 est en passe de devenir la sportive la plus emblématique d’Audi. Et une sportive iconique « tout court », car rares sont les constructeurs à s’être autant acharnés à développer une voiture rapide en prenant la base d’un break familial. Voilà un positionnement bien singulier qui marque les esprits, et cette 4ème et ultime génération va enfoncer un peu plus le clou puisque, elle aussi, ne sera disponible qu’en version Avant. Sans surprise, elle dérive étroitement de l’actuelle A4 « Type B9 », lancée voilà près de 3 ans. Bien que très proche en style de sa devancière, cette A4 inédite à plus de 90% s’en éloigne en osant quelques effets au niveau des feux, les phares avant (à fond noir sur RS4) présentant des encoches sur leurs parties inférieures, soulignées par la signature visuelle des LED. Mais en endossant l’habit de lumière « RS », cette A4 s’en trouve transfigurée et n’a plus grand-chose à voir avec le modèle de base.

Développée pour la première fois par Audi sport (et non plus par quattro GmbH), la RS4 « B9 » adopte un look plus que suggestif, presque un rien « too much », assez éloigné à vrai dire de la relative sobriété des versions précédentes. La faute notamment au bouclier avant, qui en fait des tonnes avec ses entrées d’air béantes et son inscription « quattro » apposée ostensiblement au bas de la large calandre singleframe spécifique. On a déjà vu plus discret… et élégant ! La poupe, bien qu’assez méchante également, est plus convaincante avec ses généreuses sorties d’échappement ovales et son becquet de toit, tout comme le profil, agrémenté comme il se doit d’ailes hypertrophiées, élargies de 30 mm. C’est beaucoup, à tel point qu’Audi est parvenu à y caser de petites écopes verticales dans le prolongement des optiques, un clin d’œil assumé aux bestiales Audi 90 quattro IMSA GTO. Abaissée de 27 mm par rapport à une A4 normale, la RS4 reçoit de série de belles jantes de 19 pouces, qui abritent d’énormes disques ventilés (375 mm à l’avant, 330 mm à l’arrière). Pour gagner en poids, et donc en efficacité, Audi propose des jantes forgées optionnelles de 20 pouces (plus légères de 8 kg), mais aussi des disques en carbone-céramique de 400 mm, plus résistants à l’échauffement. Sage précaution, car même si cette génération bénéficie d’une construction allégée, lui permettant de perdre 80 kg par rapport à la RS4 « B8 », elle demeure encore bien lourde (1790 kg), rançon d’une finition irréprochable et d’un équipement assez complet.

L’intérieur, toujours aussi haut de gamme d’aspect avec ses inserts en carbone et sa belle sellerie cuir, reste conforme à celui d’une A4 Avant, c’est-à-dire très convenable pour 4 adultes, mais pas plus, la place arrière centrale étant symbolique et le coffre assez limité. Cet habitacle revu et corrigé s’est bien sûr mis au diapason, en recevant la dalle numérique de 12,3 pouces à la place des classiques compteurs. Ce cockpit virtuel amélioré offre par ailleurs un affichage spécifique, plus sportif avec un gros compte-tours central et indicateur de « G », propre aux derniers modèles RS. La planche de bord, bien qu’épurée en commande, regorge de fonctionnalité intéressantes, dont l’incontournable Audi drive select, permettant de paramétrer la voiture en fonction de ses envies. Si tout ceci est livré de série (avec le MMI et une carte SIM), il faudra pourtant garder quelques économies pour envisager d’ajouter quelques options indispensables, notamment la suspension pilotée DRC, ou encore le différentiel sport arrière, bien utile pour gagner en agilité. C’est rude à avaler pour une voiture affichée en prix de base 92 000 € (hors malus maxi de 10 500 € – 199 g CO2 !), qui perd de surcroît deux cylindres dans la bataille par rapport à sa devancière…

Moulin rouge

Exit l’inoubliable V8, et place donc à un V6, dopé comme sur la première RS4 « B5 » par une paire de turbos. Ce bloc inédit, qui motorise déjà la nouvelle RS5 (voir notre premier essai dans Avus n°42), dispose ainsi de 2 turbos placés au cœur du « V » formé par les cylindres. Sur le papier, ce bloc assez compact, en alliage léger, a tout bon, puisque malgré une puissance inchangée de 450 ch, il pèse 30 kg de moins que le V8 de l’ancienne RS4. Et sa seconde prouesse est sa grande forme, qui lui permet de claquer des temps qui force le respect. Sur le 0 à 100 km/h, la nouvelle RS4 colle un boulevard à l’ancienne, en lui mettant 0,6 dixièmes dans la vue (4,1 secondes). Il faut dire que ce 2.9 TFSI gagne 170 Nm de plus, pour aligner crânement 600 Nm sur une plage longue comme Omaha Beach (de 1900 à 5000 tr/mn). De quoi permettre à ce break survolté de débarquer sans prévenir sur la file de gauche d’une autoroute à 250 km/h, et même 280 km/h en optant pour le pack « RS dynamic ». Alors forcément, lorsque l’on démarre ce bouilleur un rien belliqueux dans l’âme, c’est tout de suite la guerre… jusqu’à ce que le starter automatique cesse de gaver en essence le moteur. Le régime se stabilise alors « bas dans les tours », et la RS4 redevient une familiale paisible, discrète et fréquentable, presque une « auto citoyenne » bien sous tous rapports. C’est vrai lorsque l’on roule normalement, qui plus est en mode « confort » ou « auto », ce dernier étant parfait au quotidien, puisqu’il s’adapte de lui-même à votre conduite.

Mais pour verrouiller la RS4 en mode résolument sportif, il suffit de basculer le drive select sur « dynamic ». Là, en plus d’affermir la suspension et d’aiguiser la boîte, vous réveillez tout de suite le V6. Soyons clairs : bien que brillant, et même assez sonore quand on le « chatouille », ce bloc ne chante par aussi juste et fort que l’ancien V8. Mais il compense partiellement en dispensant de bien meilleures reprises, et son poids plus contenu est un réel atout en martyrisant un peu moins le train avant. Et s’il demeure un rien « effacé » sur le coupé RS5, il retrouve ici une bonne poignée de décibels. La raison ? L’architecture même de la RS4, qui est un break, avec un vaste arrière qui fait office de « caisse de résonance » avec les échappements logés juste en-dessous. Et ça, ça change tout ! Parfaitement calé dans des sièges semi-baquets au maintien parfait, on attaque la route le couteau entre les dents en usant et abusant de la boîte Tiptronic à 8 rapports. Celle-ci, commandée manuellement par des palets solidaires du volant multifonction, est à la fois douce et réactive, mais aussi plus encline à accepter les rétrogradages en conduite sportive que l’ancienne S-tronic à 7 rapports.

Pour nous en assurer, nous sommes retournés direction le Castelet prendre un bon coup de Ricard, de Paul Ricard bien sûr, et plutôt deux fois qu’une ! Sur ce fabuleux circuit, la RS4 ne fait pas tache du tout, et déboule à fond de train dans la ligne droite du Mistral à plus de 235 km/h compteur. J’imagine que peu de breaks familiaux sont arrivés aussi vite à cet endroit ! Parfaitement stable au freinage, la belle enchaîne ensuite les « esses » très techniques de Signes avec une facilité déconcertante, faisant presque oublier son poids. Pour être honnête, notre modèle d’essai regorgeait de toutes les bonnes options (jantes forgées de 20’’, freins en carbone, différentiel sport….), ce qui, forcément, aide. En fait, seuls les pneus ne semblaient pas partager notre enthousiasme, en « chantant » en cœur dans les virages. La RS4, trop lourde pour cela, ne sera jamais une pistarde façon Porsche GT3 ou Lotus Exige, mais elle sait néanmoins plus que se défendre… au moins sur deux tours, le troisième étant enchaîné en roulant calmement, pour faire refroidir les freins. Et faire retomber l’adrénaline de votre serviteur…

L’avis d’Avus

Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas, mais nous trouvons que cette dernière génération de RS4 en fait un peu trop côté look, et perd l’élégance et la simplicité qui caractérisaient sa devancière. Et justement, à propos de couleur, nous ne saurions que trop vous recommander d’opter pour le « bleu Nogaro » de la pionnière RS2, enfin à nouveau disponible ! Ce que cette RS4 perd également, ce sont 2 cylindres, mais comparé à la dernière RS5 avec laquelle elle partage cette mécanique, plus discrète à l’usage, la RS4 fait bonne figure en préservant les sensations auditives, tout en offrant des qualités dynamiques de haute volée, à défaut de se montrer ludique. Reste que sa plus grande rivale est sans doute la S4, sportive d’aspect mais moins ostentatoire, et presque aussi plaisante à conduire avec son volontaire V6 3.0 TFSI de 354 ch (500 Nm). Le tout pour 20 000 € de moins. A méditer…

Audi RS4 « B9 » (2017…)
Moteur : 6 cyl. en V, 2894 cm3, inj.directe et biturbo
Puissance (ch à tr/mn) : 450 à 5700
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 600 à 1900
Transmission : intégrale quattro, boîte Tiptronic à 8 rapports
Freinage : 4 disques ventilés (carbone-céramique en option)
Dimensions L x l x h (m) : 4,78 x 1,86 x 1,40
Poids à vide (kg) : 1790
Pneus : 265/35 R 19
Vitesse maxi (km/h) : 250 (280 en option)
0 à 100 km/h (sec.) : 4,1

On aime

V6 brillant et performant
Dynamisme de conduite
Qualité de construction
Efficacité diabolique
Polyvalence générale

On aime moins

Look un peu trop voyant
Poids encore important
Sonorité moins prenante que V8
Place centrale arrière étriquée
Plus efficace que ludique
Tarif décourageant…

L’alternative

Ne cherchez pas : la seule alternative du marché se limite à la Mercedes C63 S AMG. Disponible en berline et en break, elle reçoit un fabuleux et guttural V8 4.0 biturbo de 510 ch, bien plus communicatif que le V6 biturbo Audi. Revers de la médaille : cette propulsion est plus lourde du « nez », mais aussi plus délicate à mener sur sol humide, l’arrière étant très survireur. Sans surprise, ses performances sont élevées (0 à 100 km/h en 4,8 sec -290 km/h), tout comme le prix (à partir de 97 150 €)…

Remerciements au staff du circuit du Paul Ricard pour son super accueil, mais aussi aux propriétaires de ces anciennes RS4 ainsi qu’à l’équipe de la communication d’Audi France pour son aide précieuse.

Avus:
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