Dossier 60 ans d’Audi, (1965-1975) La mise sur orbite d’Audi

Dossier spécial 60 ans d'Audi

A l’échelle de l’automobile, Audi est un petit jeunot tout juste soixantenaire. Du moins si l’on se base sur la renaissance de la marque aux Anneaux, orchestrée par Volkswagen en 1965. Après des débuts hésitants – et même difficiles – Audi trouvera la voie du succès grâce à l’inédite berline 100, mais surtout grâce à la petite 80, élue « voiture de l’année » en 1974. Mais le meilleur sera à venir avec une montée en gamme vers les sommets que l’on connaît, sous la houlette de Ferdinand Piëch, avec le système quattro au cœur de sa stratégie. Il est évident que sans les compétences de ce brillant ingénieur automobile, doublé de qualités d’un vrai capitaine d’industrie, Audi n’aurait sans doute pas connu une trajectoire ascendante aussi rapide que brillante. Et durable. A Avus, nous voulions revenir, décennie par décennie, sur les grandes dates à retenir et les voitures les plus mémorables. Puisse Audi connaître pour les 60 années à venir autant de réussites éclatantes dans l’industrie, comme en compétition…

La rédaction

1965-1975 La mise sur orbite d’Audi

Comme les belles histoires, celle-ci pourrait commencer par « il était un fois, un géant du nom de Volkswagen au Royaume de Wolfsburg, qui recherchait un autre site industriel afin de se développer et assembler encore plus de Coccinelle ». Bon, ce n’est pas très glamour comme introduction, mais cela résume à peu près la situation en ce début des années 60. En cette heureuse période des 30 glorieuses, les allemands voient leur pouvoir d’achat augmenter considérablement, et cela se traduit par une appétence pour des voitures plus haut de gamme, des berlines « 4 temps » à moteur avant, proposées notamment par Opel, Ford ou Mercedes.

Un style d’auto bien dans l’air du temps qui manque cruellement à Volkswagen, qui parvient à racheter à Daimler-Mercedes un site DKW en totale perte de vitesse (qui ne fabrique que des engins « 2 temps »), basé à Ingolstadt. Dans la corbeille se trouve justement les brevets d’un nouveau moteur 4 cylindres à 4 temps conçu par le brillant ingénieur Ludwig Kraus (artisan du retour de Mercedes en Grand Prix dans les années 50), un bloc prometteur qui devait motoriser les futures DKW. Volkswagen préfèrera abandonner DKW, trop populaire et ‘has been’ à son goût, et relancer une vieille marque plus prestigieuse et novatrice disparue avant-guerre : Audi.

1965 (Audi 60) : des débuts sous influence…

Cette renaissance orchestrée en septembre au salon de Francfort 1965 se fait avec les moyens du bord, Volkswagen préférant limiter les frais en replâtrant une DKW F102 en « Audi ». Outre une face avant remaniée, comportant les fameux 4 anneaux, et des voies élargies, cette Audi bénéficie surtout du moderne 4 cylindres – 4 temps – mis au point par Ludwig Kraus. Ce dernier, soucieux du devenir de son « bébé », prend par ailleurs la tête du bureau d’études de la jeune marque. En outre, cette voiture d’apparence banale dispose d’une coque autoporteuse est adopte l’architecture traction avant, signe de modernité à l’époque. Malgré une gamme réduite à un coach 2 portes, une berline 4 portes et un break « Variant », cette Audi du renouveau, pourtant très classique de ligne, séduit un large public, la puissance de son 4 cylindres étant poussée jusqu’à 90 ch dès 1966 (Audi 90), une version économique « 60 » étant disponible à partir de 1968 pour séduire un large public. Vrai succès commercial, cette première Audi fera changer d’avis Volkswagen. Plutôt que de faire d’Ingolstadt un 6ème site de production dédié à la Coccinelle, le géant de Wolfsburg va sagement préférer développer sa filiale Audi afin de proposer une berline familiale capable de concurrencer les Ford et Opel allemandes. Une stratégie d’expansion avec une technologie complémentaire qui va connaître un tournant décisif avec la commercialisation de l’ambitieuse 100.

1968 (Audi 100) : vers plus d’indépendance

Conçue en catimini par une équipe resserrée autour de Ludwig Kraus, l’ambitieuse berline 100 est la première Audi totalement inédite. Elle ne doit plus rien aux DKW, excepté une esthétique qui rappelle celle des pionnières Audi 60-90. Lorsqu’elle est présentée au directoire de Volkswagen, passé l’effet de surprise, l’accord est donné pour la produire en série. Bonne pioche, car cette berline tricorps de 4m63 assez élégante, bien que très classique de ligne, coche alors toutes les cases pour devenir un poids-lourd du segment. Outre le choix de la traction avant, la 100 (type C1 pour les intimes), conçue pour la première fois avec l’assistance d’un ordinateur, reçoit bien sûr le fameux 4 cylindres étrenné sur la petite 60-90. Revu et corrigé pour l’occasion, avec une cylindrée portée à 1,7 litres, il développe selon les finitions de 80, 90 ou 100 ch. A partir de 1969, une élégante version coach est introduite (très rare aujourd’hui), tandis qu’en 1970 est proposé un sublime dérivé coupé, la 100 S Coupé. Son style latin (inspiré de la Fiat Dino) fait mouche, surtout qu’elle offre une rigueur à l’allemande rassurante, issue de la berline. Côté motorisation, on reste dans de l’éprouvé, le moteur voyant pour l’occasion sa cylindrée portée à 1871 cm3, pour 112 ch. Une évolution dont profitera naturellement la berline à partir de 1971. Fin 1973, la grande berline Audi bénéficie des raffinements techniques introduits entre-temps sur la plus moderne petite 80, dont un train arrière à ressorts hélicoïdaux, tandis que le brillant 1588 cm3 à arbre à cames en tête de 85 ch de la petite 80 GT fait office de ticket d’entrée. Ainsi ira la carrière de cette grande Audi porteuse d’avenir, qui sera produite à près de 800 000 exemplaires jusqu’en 1976.

1972 (Audi 80 « B1 ») : tube des années 80

Si la grande Audi 100 incarne à merveille les valeurs chères à la marque, il manque cruellement d’un « produit d’appel » comme on dit au marketing. L’étude est lancée en 1968, et ce n’est qu’en 1972 qu’est dévoilée l’Audi 80, première petite berline à succès d’une longue série. Avec sa ligne fluide et d’une belle sobriété, la 80, proposée d’abord en coach, multiplie les innovations en disposant de 4 roues indépendantes – gage d’une bonne tenue de route sans nuire au confort – et surtout elle inaugure un nouveau 4 cylindres à distribution à arbre à cames en tête, décliné en 1,3 et 1,5 litres, puis en 1,6 litres de 85 ch. Avec son poids contenu malgré une construction sérieuse, cette dernière, une fois dotée du 1,6 litres poussé à 100 ch, prend le patronyme de « GT » et secoue l’image un tantinet bourgeoise d’Audi. Accessoirement, ce moteur servira à motoriser un peu plus tard une certaine… VW Golf GTI, signe de sa bonne santé ! Elue « voiture de l’année 1973 », cette traction avant sûre et économique à l’usage, va profiter bien malgré elle des méfaits du premier choc pétrolier. Jusqu’en 1978, Audi vendra plus d’un million d’exemplaires de cette berline, petite par la taille (4m20), mais immense par le talent !

1974 (Audi 50) : une A1 avant l’heure

Au début des années 70, la femme s’émancipe, les banlieues en périphérie des villes se développent, le pouvoir d’achat et augmente, et tout concourt à la multiplication de petites voitures, qui deviennent pour beaucoup la seconde auto du foyer. Un changement mœurs parfaitement ressenti par Audi qui va lancer dès 1971 l’étude d’une petite voiture compacte. Ludwig Kraus prend la direction de ce projet, commun par ailleurs à NSU et Volkswagen. Dévoilée en septembre 1974, l’Audi 50 séduit immédiatement par son style moderne et épuré (signé Bertone) et la sobriété de son 4 cylindres (1,1 litres de 60 ch ou 1,3 litres de 60 ch) issu de la Golf, lancée quelques mois seulement auparavant. En outre, comme la Renault 5, l’Audi 50 bénéficie d’un moderne hayon avec un arrière transformable. Là encore, le choc pétrolier va donner à cette petite Audi, bien dans l’air du temps, un salutaire coup de pouce commercial. Mais c’est surtout à Volkswagen que profitera l’Audi 50, rebadgée en l’état « Polo » sans autre modification que le blason. Audi écoulera plus de 180 000 exemplaires de sa petite 50 jusqu’en 1978.

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