Il va falloir s’y faire : l’A4 va devenir un modèle 100% électrique, et sa remplaçante en thermique devient l’A5, pour le coup entièrement repensée. Déclinée en berline ou en break, celle-ci se découvre des mœurs sportives à travers cette très convaincante déclinaison « S »…
Texte et photos Thomas Riaud
En bref
Nouvelle génération d’A5, dédiée aux blocs thermiques
Version essayée : S5 avec V6 3.0 354 ch
Performances : 0 à 100 km/h en 4,6 sec – 250 km/h maxi
Prix : 79 750 € en berline – 81 250 € en break, hors malus CO2 et au poids
Si vous êtes un fidèle lecteur d’Avus, vous savez sans doute qu’Audi a fraîchement bouleversé sa nomenclature pour rationaliser sa gamme entre les propositions électriques – de plus en plus nombreuses – et thermiques. Pour faire simple, les modèles électriques – berlines comme SUV – se voient attribuer un numéro pair avec le sigle « e-tron » qui, par la force des choses, sera tôt ou tard amené à disparaître. Car, par opposition, tous les modèles thermiques héritent d’un numéro impair… du moins tant qu’ils existent, nos cadors européens gardant toujours en tête 2035 pour interdire les moteurs à combustion interne. On verra bien… et à Avus, on croise les doigts pour que cette folie n’arrive pas ! En attendant, après un quart de siècle de règne la classique A4 s’en est allée à la retraite. Pour la remplacer, Audi double la mise avec le lancement d’ici 2026 d’une nouvelle A4 e-tron (électrique, donc), et la commercialisation depuis la fin 2024 de cette nouvelle A5, qui est thermique (vous suivez toujours !?).
› Charge à cette nouvelle A5 d’enterrer la vénérable A4. En tout cas, dans cette déclinaison S5, Audi signe un retour au break plaisir !
Oubliez les élégants coupés en cabriolets portant le matricule A5. Et même le dérivé Sportback. Quoique… Car pour remplacer l’A4 la nouvelle A5, basée sur la plateforme inédite PPC, hérite de deux silhouettes objectivement très élégantes, une berline 5 portes (à hayon donc) rappelant justement un peu la défunte Sportback, mais aussi, comme ici, un break Avant. Dans la plus pure tradition des breaks Audi, plus que le volume de chargement, ce break de 4m84 de longueur joue d’abord la carte du dynamisme comme le suggère son hayon fortement incliné. Ce qui se ressent sur le volume du coffre, annoncé à 476 litres sous la tablette en configuration 5 places, voire même seulement 448 litres sur cette version sportive S5 à cause de la présence d’une batterie 48V (de 17 kWh brut) logée sous le plancher, alimentant un moteur électrique accolé à la boîte délivrant 24 ch (et 230 Nm) à lui seul.
› La S5 Avant est un break très polyvalent à l’usage, mais aussi très performant. Dommage en revanche que le V6 ne soit pas plus démonstratif.
Car aux sobres et coupleux V6 TDI présents sur les anciennes S5, Audi a préféré opter pour un plus politiquement correct bloc essence, secondé par une micro-hybridation afin de contenir les rejets de CO2 (à partir de 172 g/km). Malgré ces louables efforts, cela vaut chez nous à notre S5 mild-hybrid au moins 10 700 € de malus, sans compter un malus au poids de 4320 € minimum, selon la configuration de l’auto. Attention, dans notre pays atteint de délire fiscal, cela peut grimper très vite en fonction de la dotation, notre modèle d’essai avantageusement équipé écopant d’une sanction portée à plus de 26 000 €… sans compter bien sûr une puissance fiscale fixée à 25 CV. Car en France, il est mal vu de travailler et de mériter son argent, et plus encore de le dépenser dans une auto nantie d’un « méchant » V6 3.0 de 367 ch. Méchant, vraiment ?
› Ceux qui trouveront cette S5 un peu trop sages devront patienter pour découvrir la prochaine RS5, qui devrait approcher les 500 ch.
Ambiance techno… et feutrée
En prenant place à bord, on retrouve les éléments spécifiques aux modèles S5, avec notamment un volant « sport » à 3 branches à la prise en main parfaite. Saluons également les beaux sièges baquets électriques, bénéficiant enfin (comme chez BMW depuis quelques années), d’un logo « S5 » rétro-éclairé. Pour le reste, cette Audi de nouvelle génération reçoit une immense dalle numérique incurvée, avec une partie dédiée aux compteurs (de 11,9’’), et une autre à l’infodivertissement (14,9’’). Monneyant 3600 €, un « pack tech Plus » donne accès à un troisième écran de 10,9’’ situé cette fois face au passager, au-dessus de la boîte à gants. Cet ensemble calqué sur le dernier Q6 e-tron, résolument moderne, réjouira les technophiles, mais outre un aspect esthétique discutable, le mieux est parfois l’ennemi du bien. En effet, la plupart des boutons physiques ont déserté la console centrale, et il faut désormais activer les commandes de clim en bas d’écran, ou piloter sur le volant pour modifier les affichages, ce qui n’est pas intuitif à l’usage. D’après nous, le top entre classicisme et technologies était ce qui existait sur les modèles sortants. Quelques innovations sont toutefois pertinentes, comme l’affichage tête haute à réalité augmentée, ou les petits haut-parleurs intégrés dans les appuie-têtes (option à 500 €), proposés en sus de l’excellent système audio Premium Bang & Olufsen.
› L’intérieur, bardé d’écrans numériques, est dans la veine de ce que propose la concurrence actuellement, mais cette débauche d’électronique n’est ni vraiment jolie, ni pertinente à l’usage.
Dès le contact, cette S5 lâche un prometteur « broap ! » au niveau de ses 4 sorties d’échappements, désormais bien visibles. Et puis en partant sur un filet de gaz la voiture se met en sourdine, l’hybridation prenant la relève. Soyons clairs : celle-ci, bien légère, ne permet à la S5 d’évoluer en 100% électrique que pour manœuvrer ou à très basse vitesse, et n’offre aucune autonomie, cet ensemble étant surtout là pour contenir les rejets de CO2. Au fur et à mesure que le trafic se fluidifie, ma pression sur la pédale de droite se fait plus pesante. Remonter les files de camions d’une simple flexion sur l’accélérateur n’est qu’une formalité, mais tout cela se fait dans la plus grande discrétion, mettant en avant la formidable insonorisation de cette routière, conçue pour abattre des kilomètres sans fatiguer. Presque trop d’ailleurs, car si le S5 ne lambine pas face au chronomètre (0 à 100 km/h en 4,6 sec), elle demeure trop feutrée pour procurer des sensations.
› Malgré une masse à vide de 2040 kg, la lourde S5 Avant sait se montrer agile dans le sinueux, en apportant un vrai plaisir de conduite.
L’art du compromis
Pour retrouver le sourire (et un peu d’émotion), il faudra naviguer dans l’Audi drive select et basculer en mode « dynamic ». Cela libère (un peu) l’échappement, affermit la direction et la suspension et aide la boîte S-tronic à 7 rapports à se montrer encore plus véloce et réactive. Pour les plus exigeants, le nouveau mode « Balanced » (autrefois Individual), permet d’isoler chaque réglage indépendamment de l’autre. Dommage en revanche que le mode « auto » ne soit plus disponible. Et pour avoir une S5 « aux petits oignons », nous ne saurions vous recommander de sélectionner l’onéreux pack Tech Pro (7100 €), donnant accès à une suspension pilotée très convaincante, efficace sans jamais se montrer cassante, et ce, malgré la monte de belles jantes de 20 pouces. Dommage en revanche que ce pack associe également la conduite semi-autonome, obligeant à y recourir si l’on veut l’un ou l’autre de ces équipements.
Fort heureusement, à ce niveau de gamme (et de puissance !), la transmission intégrale quattro ultra est bien livrée de série, offrant une motricité infaillible sur tous les revêtements. Mieux, le différentiel arrière piloté quattro Sport est lui aussi du voyage, et offre une mobilité amusante au niveau du train arrière, semblable à une propulsion, mais tout en conservant l’ensemble sous surveillance. La performance est d’autant plus belle que cette S5 « électrifiée » est lourde, en accusant 2040 kg à vide sur la balance, soit 290 kg de plus que la S4 essence précédente, l’électrification étant passée par là. Le plus décevant, outre ce V6 que l’on souhaiterait un peu plus « caractériel », est le peu d’effet sur la consommation moyenne du système hybride, car en roulant raisonnablement bon rythme mais sans véritablement « arsouiller », cette S5 réclame un bon 11 l/100 km, et largement plus de 16 l/100 km dès qu’on commence à cravacher l’équipage. Honnêtement, on s’attendait à mieux.
› Malgré un niveau de puissance porté à 367 ch, cette S5 parvient à contenir le malus sous les 15 000 €. Une prouesse dans notre pays atteint de délire fiscal sur les autos sportives.
L’avis d’Avus
Mais pourquoi diable tous les breaks familiaux ne sont-ils pas du niveau de cette S5, qui offre un parfait compromis entre sportivité et raison ? Pour y accéder il faudra pourtant casser sa tirelire, car à un prix de départ fixé à 81 250 € en break, il faudra ajouter à minima 15 000 € de malus en tout genre (CO2 et poids), si l’on ne prend pas garde de se laisser séduire par quelques options tentantes. Avec ce malus presque contenu (une S3 écope de… 60 000 € de surtaxes !), cette S5 apparaît presque comme une bonne affaire. En tout cas, ce break noblement motorisé offre une magnifique alternative aux SUV « à pile ». Une offre devenue trop rare en 2025 que nous validons des deux mains !
« Mais pourquoi diable tous les breaks familiaux ne sont-ils pas du niveau de cette S5, qui offre un parfait compromis entre sportivité et raison ? »
On aime :
• Style élégant
• Polyvalence au quotidien
• Agrément de conduite
• Performances élevées
On aime moins :
• V6 peu expressif
• Malus encore décourageant
• Prix de certains packs « obligatoires »
• Ergonomie en recul
Fiche technique Audi S5 Avant 2025 :
Moteur : V6 essence turbo, 2995 cm3 + hybridation 48V
Puissance (ch à tr/mn) : 367 de 5500 à 6300
Couple (Nm à tr/mn) : 550 Nm de 1700 à 4000
Transmission : boîte S-tronic à 7 rapports, aux 4 roues (quattro)
Dimensions (L x l x h en m) : 4,84 x 1,86, x 1,42
Volume du coffre (en litres) : 448 à 1396
Capacité du réservoir (en litres) : 56
Pneus : 245/35 R 20
Poids à vide (kg) : 2024
0 à 100 km/h (sec) : 4,5
Vitesse maxi (km/h) : 250
Rejets de CO2 (g/km) : de 172 à 182