Zone rouge Audi RS6 IMSA GTO

On peut utiliser un break pour faire ses courses, ce qui reste très pratique. A moins qu’on ne l’utilise pour faire… la course ! Telle est la vocation de cette incroyable RS6 IMSA GTO. Un concept unique qui n’a pas – pour l’heure – vocation à passer le stade de la série. Quoique…

Par Jack Seller, photos Tibo

En bref

Concept unique pour célébrer 40 ans d’Audi Sport
Moteur V8 4.0 de 705 ch, 900 Nm
Préfigure une RS6 GT de série

 

Cette année, Audi Sport célèbre ses 40 ans d’existence. Un bel anniversaire pour cette structure à qui l’on doit la plupart des fabuleuses Audi de compétition, qui ont su faire briller les 4 Anneaux dans de nombreuses disciplines, partout dans le monde. Y compris aux Etats-Unis, où Audi a écrit l’une des plus belles pages de son histoire en 1989, avec la bestiale berline 90 quattro IMSA GTO (5 cylindres 2.2 turbo de 720 ch). En remportant la série Trans-Am (avec Hans-Joachim Stuck et Walter Röhrl), Audi a su une nouvelle fois prouver la pertinence et efficacité de sa transmission intégrale magique, sur circuit cette fois, un terrain bien différent des spéciales de rallye. Il est réconfortant de constater que les jeunes issus de l’Audi Academy n’ont pas oublié cet épisode glorieux, comme en atteste l’impressionnante RS6 IMSA GTO que nous avons pu découvrir au dernier salon « Top Marques », à Monaco.

Elle rend un vibrant hommage à son ancêtre en héritant des mêmes « peintures de guerre », en l’occurrence une livrée aux couleurs caractéristiques d’Audi Sport. Mais vous noterez la présence du chiffre « 40 » flanqué sur les portières, clin d’œil aux 40 ans d’Audi Sport. Au-delà de la « déco », on note la présence d’une grosse sorties d’échappement latérale et de jantes spécifiques à ailettes à déport (et verrouillage central), blanches comme il se doit, qui viennent lécher les ailes enflées de ce break survolté. Le terme « enflé » n’est pas usurpé, les voies ayant été élargies de 14 cm, l’engin atteignant carrément 2m09 de large. Sûr, cette RS6 posée au ras du sol risque d’avoir quelques difficultés pour entrer dans nos parkings souterrains, mais avouez que ça en jette ! On apprécie par ailleurs la face avant, prometteuse avec sa prise d’air béante se fondant dans la calandre, mais aussi le « masque noir » qui orne l’arrière, opposant un fort contraste avec l’aileron surplombant le coffre. Et en laissant le regard divaguer sur cette carrosserie bodybuildée, on remarque une foule de détails qui font la différence, à l’image des passages de roue évasés, du capot ventilé et de la signature à LED modifiée. Détail amusant : il y a même un feu stop central, inspiré des Formule 1 !

La gueule de l’emploi

Un gros méchant look c’est bien, mais encore faut-il en avoir sous le capot pour ne pas être ridicule. C’est bien sûr le cas de cette déclinaison GTO qui reprend le fantastique V8 4.0 biturbo de la RS6 « Performance ». Sauf que de 630 ch, la puissance fait un bond sensible à 705 ch, le couple culminant à 900 Nm (au lieu de 850 Nm). Pour mémoire, une RS6 « normale » n’amuse déjà pas vraiment le terrain, en couvrant le 0 à 100 km/h en 3,6 secondes, les 200 km/h étant atteint au bout de 12 secondes. Imaginez ce que ça donne ici ! Clairement, les cardans doivent dérouiller à chaque grosse accélération, même si la puissance est répartie sur les 4 roues, la transmission intégrale quattro étant bien sûr du voyage. Un voyage que l’on ne pourra faire qu’à deux, ce grand break étant traité comme une voiture de course, allégé au maximum.

Comprenez par-là que l’intérieur est du genre dépouillé, un gros arceau-cage à 6 points s’étant invité dans l’habitacle. En lieu et place des confortables sièges électriques en cuir prend place deux baquets en carbone dotés de harnais, tandis que l’arrière se trouve totalement évidé, la banquette ayant purement et simplement disparue ! Quant aux vitres latérales, elles sont remplacées par un filet de sécurité, un gimmick rappelant l’univers des voitures de course. Rassurez-vous, tout n’a pas été sacrifié sur l’autel de la performance, la planche de bord restant inchangée, de même que le volant en alcantara à la prise en main parfaite. Ce volant, on rêverait de le prendre en mains durant quelques heures sur un circuit, mais ce vœu restera lettre morte, la RS6 IMSA-GTO n’ayant pas vocation a être produite, même en série ultra-limitée comme BMW vient de le faire à seulement 50 exemplaires avec sa sublime M4 CSL. Dommage…

L’avis d’Avus

Oui, mille fois dommage qu’Audi Sport n’ait plus aucune ambition, la marque faisant une « fixette » sur le passage au tout électrique d’un côté, et l’engagement en F1 de l’autre. On se rappelle pourtant qu’il n’y a pas si longtemps, Audi avait osé surprendre tout le monde avec l’incroyable A1 quattro, une rareté produite à 333 exemplaires pour le monde qui a su marquer les esprits. Mais si cette RS6 IMSA-GTO s’en ira rejoindre d’autres beaux concepts dans les réserves, tout n’est pas perdu car, de sources sûres, on sait qu’Audi va proposer bientôt une RS6 GT bien plus méchante encore que l’actuelle. Une manière de dire au revoir à la lignée des RS6, avant d’accueillir la prochaine génération, qui ne sera proposée qu’en électrique…

Avus:
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