Audi Q4 e-tron Sportback 40 : Le look d’abord

Franchement, lorsque l’on croise le nouveau Audi Q4, on se retourne dessus, et peut-être même davantage lorsqu’il s’agit, comme ici, de la toute nouvelle déclinaison Sportback. Mais ce SUV n’est pas que « branché » par son look : c’est aussi un engin 100% électrique !

Par Joseph Bonabaud, photos Jack Seller

En bref
Nouvel Audi Q4 e-tron
Version coupé « Sportback » facturée 2000 € de plus
Version essayée : 40 e-tron (204 ch, 310 Nm)
Prix (à partir de) : 46 825 € (hors bonus)

Avec un prix de départ fixé à, seulement, 42 800 € en version d’entrée de gamme « 35 e-tron » , le nouvel Audi Q4 a, sur le papier du moins, tout ce qu’il faut pour séduire une large clientèle, même si ses clones techniques, incarnés par les Volkswagen ID.4 et Skoda Enyak sont encore affichés (un peu) moins cher. Seulement voilà, sur le segment des SUV plus que sur tout autre marché, le look est le critère d’achat numéro 1, loin de toute considération plus rationnelle. Et de ce point de vue, le Q4 qui, comme son nom le laisse supposer, vient s’intercaler entre le joli Q3 et le plus classique Q5, a tout ce qu’il faut pour en mettre plein la vue. A dire vrai, le Q4 prend presque des airs de concept-car échappé d’un salon, avec ses phares très fins et sa calandre singleframe pleine à « effet 3D », un signe distinctif réservé aux modèles électriques.

Au-delà de ces aspects cosmétiques, le Q4 s’approche davantage d’une voiture « normale » que d’un modèle électrique. Et les gimmicks propres aux dernières Audi sont bien présents, comme une signature visuelle à LED spécifique et bien distincte, ou cet épaulement marqué au-dessus des passages de roues, les fameux « quattro Blisters » qui donnent du muscle à ce dessin… tout en rendant hommage à celle par qui tout a vraiment commencé voilà plus de 40 ans, la mythique Audi quattro. Alors bien sûr, le Q4 répond aux attentes d’aujourd’hui, et pour coller aux mœurs parfois étranges de notre époque, voilà donc qu’il prend les traits d’un SUV… coupé. Un genre curieux mais plébiscité par une large partie de la clientèle, même si la greffe d’un toit en pente douce grapille quelques précieux centimètres au niveau de la garde au toit aux places arrière et dans le coffre. En contrepartie, l’arrière gagne en personnalité, en se dotant d’une barre de feu surmontée d’un becquet scindant la lunette en deux. Ajoutez de belles jantes (optionnelles) de 21 pouces, et c’est vrai que ce SUV a de la gueule !

Eclectique… et électrique

Ce Q4 se veut donc éclectique, en se déclinant en une version break « normale », déjà dynamique d’aspect et agréable à regarder ou, comme ici, en une variante Sportback. On aurait bien aimé retrouver ce même éclectisme sous le capot en découvrant aussi un bon vieux bloc thermique, mais avec le Q4, il faudra nécessairement composer avec un moteur électrique. Enfin, quand je dis « un seul moteur » , placé en l’occurrence sur le train arrière, c’est uniquement valable pour le Q4 35 e-tron d’entrée de gamme, qui développe l’équivalent de 170 ch, mais aussi pour notre version de milieu de gamme, la 40 e-tron, qui revendique 204 ch. Car pour bénéficier de 4 roues motrices, ce qui passe par le gain d’un autre moteur intégré au train avant, il faudra alors vous tourner vers le haut de gamme 50 e-tron, fort de 299 ch. Au-delà de ces 3 niveaux de puissance, il faut bien prendre en compte un autre aspect encore plus essentiel sur une voiture électrique : la capacité de la batterie.

Sans surprise, le petit 35 e-tron fait pâle figure en héritant d’une modeste batterie de 55 kWh, ce qui lui permet d’annoncer 310 km d’autonomie, sans doute encore bien moins dans la vraie vie. Voilà qui ôte tout intérêt à cette version, qui n’est au catalogue que pour proposer un prix d’attaque alléchant et finalement très théorique. Car c’est là que les « grosses » 40 et 50 e-tron (vendues naturellement bien plus cher !) tirent leur épingle du jeu, en se dotant d’une batterie nettement plus costaud de 82 kWh, leur permettant d’espérer couvrir respectivement 472 et 412 km. Ce sont encore des valeurs théoriques annoncées par le constructeur, mais cela veut dire que « dans la vraie vie », on peut parcourir sur voies rapides près de 350 km avec « un plein », et plus en parcours routier.

Un plein qui peut d’ailleurs être effectué en 30 minutes sur une borne rapide de type Ionity, puisqu’il accepte la charge rapide jusqu’à 125 kW. En tout cas, grâce à son seul moteur intégré à l’essieu arrière et sa puissance moindre malgré la présence de la grosse batterie, vous aurez compris que le Q4 40 e-tron essayé ici présente le meilleur compromis en se montrant véloce juste comme il faut, et moins gourmand à l’usage. Car le conduire n’a rien d’une punition, puisque grâce à un couple conséquent de 310 Nm disponible tout de suite (merci le couple instantané du moteur électrique), il parvient à faire oublier sa masse dépassant les 2 tonnes. Certes, les accélérations n’ont pourtant rien de foudroyant (0 à 100 km/h en 8,5 sec), mais l’agrément est réel. Un plaisir qui se poursuit à l’intérieur.

Quand le courant passe

S’installer à bord de ce Q4 n’a rien de pénible, au contraire même. Et à l’avant comme à l’arrière, cette version Sportback sait recevoir, signe que l’esthétisme n’a fort heureusement pas tué tout aspect pratique ! Pourtant, la garde au toit a perdu dans l’opération 24 mm à l’arrière, ce qui n’est véritablement problématique que pour les grands gabarits dépassant le mètre quatre-vingt. Même le coffre fait bonne figure, en affichant 535 litres de volume de chargement. Dommage qu’Audi n’ait pas pu intégrer un coffre d’appoint sous le capot avant, comme cela se fait sur de nombreux modèles électriques. Et là où Volkswagen a fait des économies mal placées en ayant trop souvent recours à des plastiques rigides dans ses derniers habitacles, Audi a su préserver cet aspect premium qu’on aime, mais aussi une ergonomie intuitive et bien pensée, avec la présence de vrais boutons physiques. Seul bémol, ces boutons tactiles intégrés au volant à double méplat (plutôt agréable à prendre en main), sont trop sensibles au toucher : tout le monde n’a pas des doigts de fée ! Il est vrai qu’Audi a mis le paquet côté technologies embarquées, avec toujours la présence du cockpit virtuel qui vient en complément de grands écrans (jusqu’à 11,6 pouces), mais aussi de nombreuses aides à la conduite. A ce sujet, Audi a introduit une réalité augmentée pour le moins pertinente. En roulant, les informations du GPS sont désormais projetées à travers le pare-brise « sur la route » en temps réel, en complément de l’affichage tête haute, pour vous indiquer la direction à suivre. Difficile de se perdre avec ça !

Rouler en Q4 40 e-tron n’est pas l’expérience de conduite la plus excitante dont on puisse rêver, mais les accélérations restent dignes (0 à 100 km/h en 8,5 sec). Et vous ne vous ferez jamais flasher en délit de grand excès de vitesse sur autoroute, puisque la vitesse maximale est bridée à 160 km/h. A l’usage, comme avec toute voiture électrique, on se prend à apprécier une conduite différente, faite d’une incroyable réactivité à l’accélération et de silence. Avec une consommation de 16,7 kWh, ce qui est dans la bonne moyenne grâce à une récupération d’énergie efficace générée par l’utilisation de palets, le Q4 40 e-tron n’est pas trop gourmand au quotidien. Il permet d’envisager de couvrir 450 km en parcours mixte avec de la ville et de la route, beaucoup moins en vitesse stabilisée à 130 km/h sur autoroute, le grand ennemi des voitures électriques. Donc, à l’usage, ce Q4 Sportback 40 e-tron tient ses promesses et il permet d’effectuer sans peine ses trajets du quotidien. Le tableau vient en revanche s’assombrir lorsqu’on envisage de faire à son bord de grandes distances, chose problématique lorsque l’on a dépensé près de 60 000 € (avec les options qui vont bien !) dans un SUV familial. On retombe alors dans les travers idiots de la voiture électrique, avec l’obligation de planifier son trajet, avec de nombreux arrêts obligatoires sur des aires d’autoroute sans charme, et de devoir patienter à chaque recharge. Clairement, dans ce contexte précis, le moteur thermique conserve une sacrée longueur d’avance : à vous les arrêts de qualité où voulez, quand vous voulez !

L’avis d’Avus

Séduisant sur la forme, ce Q4 Sportback 40 e-tron l’est aussi sur le fond à condition de savoir ce que l’on achète. Spacieux, bien équipé et agréable à conduire, il fait en effet très bien le job au quotidien, et ce, en offrant une autonomie digne… à condition d’éviter au maximum les voies rapides. C’est là où le bât blesse, ce SUV familial étant d’abord à considérer comme une seconde voiture, sauf si on accepte de subir les nombreuses contraintes liées aux voitures électriques à l’occasion des trajets longue-distance effectués durant les vacances par exemple. Un sacrifice difficile à consentir à ce niveau de prix : le Q4 n’a rien d’une citadine !

On aime

Look réussi
Habitacle vaste et bien présenté
Agrément de conduite
Autonomie en parcours mixte

On aime moins

Autonomie trop juste sur voie rapide
Recharge longue hors réseau Ionity
Options chères et nombreuses
Prix élevé pour un usage encore limité

Caractéristiques techniques : Audi Q4 40 e-tron Sportback

Moteur : électrique synchrones à aimants permanents (sur essieu AR)
Batterie : lithium-ion (77 kWh).
Puissance maxi (ch) :  204 ch (5 CV)
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 310
Transmission : aux roues arrière
Freins : Disques ventilés (AV), tambours (AR)
Dimensions L x l x h (m) : 4,59/1,86/1,61
Poids (kg) : 2125
Volume du coffre (litres) : 535
Pneus AV/AR : 225/50 R 19
Vitesse maxi (km/h) : 160
0 à 100 km/h (sec) : 8,5
Autonomie (WLTP) : 472 km
Émissions CO2 (g/km) : 0

Avus:
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